je te vois dans les bouquets de fleurs,
dans les roses qui ne vont pas tarder à faner.
je te vois ainsi, dans la mélancolie des autrefois ;
je te veux je te veux je te veux je te veux je te veux.
je pleure, je hurle sur les lits vides,
les jours gris, les jeudis moches,
je pleure sur ce que nous sommes devenus ;
ou peut-être voués à devenir.
je te vois dans les mots,
ton visage impassible qui me dévore,
qui me fait peur.
je pleure à demi penché sur les restes de ta chaleur dans les draps,
elle a disparu, je veux mourir avec elle.
tu n'es plus là, tu n'es plus et
et
et j'ai peur d'oublier ta voix, ton prénom et ton visage.
je te vois comme un souvenir, flou et tortueux ;
torturé, je pense.je te vois dans les fleurs, celles dont les pétales tombent sur la terre,
terre noire, si noire, trop noire, toute noire.
la noirceur de tes yeux — tes yeux parfois verts soleil — me manque,
ta tête lourde, lourde, lourde sur mon épaule,
ta tête lourde de sommeil, tes lèvres dégoulinantes de soleil,
ta peau d'ange, ton rire cristallin et puis parfois de hyène,
tes joues rouges, amour, ton odeur corps, or.
je te vois comme ça,
tu es fugace, éphémère, volage, volatile, rapide, sans âge.
tu es sans visage, dans le fruit de l'absence qui me dévore
— je ne peux me résoudre à le manger —
je te vois comme si tu étais toujours là ;
comme si tu étais encore là.je te vois dans le bouquet d'amour d'un autre couple,
d'un autre nous qui n'est pas nous.
je te vois dans leur bonheur, dans l'éclat de leurs sourires,
dans les soleils de leurs yeux.
je te vois comme un écran de fumée, un écran qui grésille,
un jour grisaille ;
je te vois dans la fin du brouillard, dans les malheurs du blizzard.
je te vois je te vois je te vois je te vois je te vois
— je veux te voir —
s'il te plaît envoie un bouquet de fleurs,
un bouquet de ton odeur, de tes sourires,
un bouquet de toi.
toi, sans moi, bouquet de nous quelques fois.
envoie moi un joli bouquet, donne le au ciel ;
il me parviendra au moins une fois.
s'il te plaît cueille moi des fleurs des champs,
celles qui ne poussent que dans ton âme.
envoie moi des fleurs qui ne fanent pas ;
envoie moi,
envoie toi.je te vois comme si tu n'étais jamais parti
comme si je n'étais jamais parti ;
comme si on ne savait pas oublier
comme si les souvenirs étaient éternels.
je te vois comme une illusion,
mais qui est le plus illusoire :
celui qui reste ou celui qui part ?
je ne suis pas parti, je ne suis pas resté ;
tu n'es pas parti, tu n'es pas resté.
je te vois dans le bouquet de fleurs posé sur le piano noir,
le bouquet que tu m'as offert un soir
il y a des années, quand on a commencé à s'aimer ;
il n'a jamais fané.
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j'ai bu ton absence
Poesiaabsence n.f. : fait de ne pas être présent ; manque ; moment de distraction, brève perte de mémoire - 11.22