Chapitre 3

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Derek ne savait pas combien de temps il était resté assis au bord de ce lit, mais de nombreuses minutes avaient dû s'écouler puisqu'il entendit une voiture se garer, voiture qui était partie un peu plus tôt. Un tintement de clés parvint à ses oreilles lupines et il sembla retrouver une étincelle de vie. Tout lui revint soudainement : le morpion, Stiles, le comportement étrange du morpion, encore Stiles, leur départ, toujours Stiles.

En fait, l'hyperactif ne quittait pas ses pensées depuis qu'il l'avait laissé seul, dans cette pièce qui semblait être... Leur chambre. Leur putain de chambre. Les choses lui parurent à nouveau bien surréalistes, bien trop pour être ne serait-ce que plausibles. Et pourtant, force était de constater qu'il était là, toujours, que Stiles l'avait reconnu, que ce môme l'avait reconnu également... Mais lui, il ne reconnaissait pas cette vie qui avait l'air d'être la sienne. Dans sa tête, cela ne faisait absolument pas sens et le pire, c'est qu'il n'avait pas l'impression de souffrir d'un quelconque trou de mémoire. Il avait sa vie à lui, dans son loft austère mais parfait pour une personnalité dans son genre, il recevait la meute de temps à autres, participait à sauver la ville lorsqu'une quelconque entité surnaturelle menaçait son intégrité... Et puis voilà. Dans sa vie, Stiles était insupportable, un hyperactif qui parlait trop, cherchait sans arrêt à le provoquer et qui se mettait sans arrêt stupidement en danger. Ah oui, le garçon possédait un instinct de survie aussi relatif que l'intelligence de son meilleur ami, Scott McCall.

Ouais, Stiles c'était le type de personne qu'il supportait difficilement et avec qui il n'envisagerait jamais de se poser. Et puis même, Stiles mis à part, Derek avait plus l'habitude de se retrouver dans le lit d'une femme que celui d'un homme. Il n'était pas contre la chose et l'avait d'ailleurs déjà faite à plusieurs reprises, mais avait effectivement une petite préférence pour la compagnie féminine. Pour lui, c'était plus simple d'enchaîner les coups d'un soir avec une femme plutôt qu'un homme. Derek se connaissait : il avait tendance à s'attacher trop vite. Et avec lui, les hommes voulaient être réguliers, pas les femmes. Celles-ci ne voulaient pas de lui, désiraient juste qu'il s'occupe d'elles. Le lendemain, elles se levaient aux aurores et s'en allaient. Pas besoin d'au revoir, de regard interrogatif, de vue sur la partenaire endormie. La plupart n'avaient d'yeux que pour sa plastique. C'était bien plus simple de coucher avec un genre auquel on n'accordait plus aucune confiance plutôt que de s'appesantir et de risquer d'être trahi par l'autre.

Derek appréciait ne compter que sur lui-même. La meute était une exception, une entorse particulière à la règle qu'il s'était fixée après l'incendie qui avait décimé la majorité de sa famille. Il pouvait compter sur tous ces adolescents idiots, dans des mesures bien évidemment différentes. Stiles faisait étrangement partie de ceux sur lesquels il pouvait se reposer le plus facilement. Son côté insupportable n'enlevait rien à sa fiabilité à toute épreuve. De source sûre, Derek n'avait jamais vu un humain se donner autant pour ses amis, pour sa meute. Oui, sa loyauté était une grande qualité. Toutefois, elle était parfois un tantinet démesurée puisqu'il lui arrivait bien trop régulièrement de risquer sa vie pour pas grand-chose. C'était le seul véritable humain de la meute et il semblait jouer avec sa vie comme s'il ne s'agissait que d'un simple jeu dont les conséquences n'étaient pas le moins du monde importantes. A bien y réfléchir, c'était sans doute ce qui agaçait le plus Derek, chez lui. La vie, c'était précieux, on n'en avait qu'une et un humain, c'était fragile. Stiles la prenait bien trop à la légère, si bien qu'il fallait sans cesse le surveiller, faire en sorte qu'il fasse attention à ne pas mourir par accident.

Alors forcément, le voir aussi différent de ce qu'il était censé être avait un tantinet perturbé Derek. C'était la même personne, avec la même voix, le même visage, le même semblant de personnalité... Mais pas le même comportement.

I'm Just an Accident Waiting to HappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant