Trois ans plutôt
- Je ne vais pas vous cacher que la maladie de votre mère a gagné du terrain. Son cœur s'affaiblit de jour en jour et de ce fait, nous envisageons de lui placer un pacemaker. C'est un appareil électronique qui est destiné à stimuler les contractions du myocarde.
Il marque un temps de pause avant de poursuivre :
- Mais elle est quand même dans un état de fragilité assez avancé. Le risque qu'elle ne survive pas à l'opération est élevé, je préfère vous y préparer.
Le médecin prononce ces mots comme une poésie qu'il aurait appris par cœur, il ne fait que réciter son texte, ni plus ni moins. J'ai l'impression qu'il n'a aucune émotion, aucune réelle compassion pour la jeune fille que je suis mais, je ne peux lui en vouloir malgré tout. Le fait d'annoncer ce type de nouvelle doit faire partie de son quotidien alors, je me contente du peu de gentillesse qui émane de lui.
- Dois-je contacter quelqu'un pour vous ? De la famille ou des amis peut être ?
Je ne réponds pas mais lui tend mon téléphone avec le numéro d'Olivia que j'ai composé.
- Votre amie arrive dès que possible, voulez vous voir votre mère ?
- Oui et je ... Peut être qu'Olivia voudra la voir elle aussi et ... lui répondis-je, fébrilement, ne trouvant pas mes mots.
- Nous ne commencerons que dans deux heures environ et nous la renseignerons, ne vous en faites pas.Je fais juste un « oui » de la tête et ce dernier m'accompagne donc jusqu'à la chambre de Meredith.
Une violente tempête s'abat sur moi quand je pose les yeux sur son corps étendu. Tout devient flou, il faut impérativement que je m'assois. Le fauteuil disposé à côté de son lit me tend les bras.
Je regarde le vide pendant de longues minutes et je fais tout pour ne pas la regarder de nouveau tant la première image d'elle reste bloquée dans mon esprit.
Elle est amaigrie, fatiguée et branchée à une machine pour l'aider à respirer tandis qu'une aiguille avec du scotch médical est glissée sous la peau de son poignet.Là c'est grave...
C'en est plus que je ne peux supporter, mes vraies émotions me submergent et je me recroqueville dans le fauteuil si accueillant. Mon estomac se tord alors que ma gorge se noue de plus en plus. Des perles salées finissent par rouler peu à peu sur mes joues. Son dernier regard avant qu'ils ne la place dans cette chambre m'a brisé. Il était vide, comme si elle était déjà loin, prête à partir... J'espère sincèrement que je me trompe et qu'elle se battra car j'ai encore besoin d'elle.
Ma mère et moi sommes très proches depuis que je suis gamine. N'ayant jamais connu mon père, Meredith est la seule figure parentale présente dans ma vie. C'est sans doute pour cela que nous avons toujours dû compté l'une sur l'autre. C'est une relation mère fille mais aussi, une complice pour dire que je la considère presque comme ma meilleure amie. Ça peut être compliqué parfois quand on se dispute mais ça finit toujours par s'arranger. Je suis perdue dans mes pensées et dans ma peine, de ce fait, je ne prête pas tout de suite attention à la paire de baskets qui vient se positionner devant moi. Je relève doucement la tête et une once de soulagement m'envahie.
-Ma chérie... Comment tu te sens ?
La meilleure amie de ma maman que je considère comme ma tante, s'accroupie pour être à mi hauteur et me prendre dans ses bras. Je la connais depuis que je suis née, et c'est devenu au fil des années, ma confidente et un de mes piliers. Olivia est une femme grande, un peu ronde avec de très beaux yeux noisettes. Elle est toujours coiffé d'un chignon en bataille, habillée simplement, souvent d'un jean et d'un t-shirt dont la taille des manches varie selon la saison. Elle n'a jamais été féminine mais je trouve qu'elle est très jolie comme ça. Je suis tellement heureuse de la voir ici, dans cette chambre avec moi. Son soutient est une aide précieuse et me permets de ne pas complètement flancher.
- Olivia ! Maman est... Enfin... Les médecin m'ont dit que...
Les mots me manquent et ce, même avec son étreinte rassurante. Je peine à retranscrire les explications du médecin sans être submergée par la tristesse. Elle me sert d'avantage dans ses bras et me chuchote qu'elle est là, que tout ira bien en me berçant doucement.
Elle décide de mettre fin à son étreinte et de poser sa main sur celle de maman. Elle se penche et se met à lui parler dans le creux de l'oreille. Des larmes perlent sur ses joues et beaucoup de tendresse se dégage de ses gestes envers Meredith.
Les médecins ne tardent pas à emmener la femme qui m'a mise au monde au bloc et nous sommes priés de quitter la chambre pour nous installer dans la salle d'attente.
Au fond, je sais que tout n'ira pas bien. Olivia a voulu me rassurer et c'est normal mais je ne suis pas idiote. Ces longues heures d'attente à l'hôpital, cette peur viscérale de perdre ma maman et toutes les angoisses ressenties vis à vis de l'après si « après » il y a, ne sont en réalité que le début de ma fin.
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Valentina
Romance« Tu es plus forte que tu ne le crois » ⚠️ EN COURS ⚠️ : CONTENU MÂTURE ET VIOLENT. HISTOIRE FICTIVE. Valentina, une jeune femme frappée par des drames au cours de son adolescence, va devoir se construire malgré les épreuves qu'elle va rencontrer...