[CHAPITRE RÉÉCRIT]
Ce type est totalement fou. Il est bon pour un hôpital psychiatrique, à ce rythme. C'est à cela que j'ai songé lorsque nous avons couru tous les deux dans les couloirs du lycée, et qu'il voulait, d'après lui, m'amener quelque part.
J'avais mal aux jambes, une envie pressante de dormir, de pleurer et de lui crier dessus, et je me retrouvais dans ce corridor vide, à dix-sept heures trente. Cela faisait dix minutes que j'envoyais des messages télépathiques à Heaven et Shane pour qu'ils viennent me chercher, mais ils ne savaient même pas que j'étais là. Shane devait être rentré avec son frère, qui avait deux ans de moins que lui, et Heaven devait avoir supposé que mon père était finalement venu me chercher. Elle ne s'inquièterait sûrement que dans quelques heures, quand elle réaliserait que je ne répondais pas à ses messages.
Wheeler et moi avions fouillé tout le lycée à la recherche d'une manière de sortir qui n'existait pas. J'allumais mon portable toutes les trois secondes pour voir si j'avais du réseau. J'avais même prêté mon chargeur à Wheeler pour qu'il recherche son téléphone, mais le résultat avait été le même. J'avais entendu le matin-même qu'une tempête avait eu lieu à quelques miles, mais j'étais sûre que c'était faux car les tempêtes étaient plutôt rares à cette période de l'année. À présent, je remettais en question cette certitude. Et je ne savais pas quand les lignes téléphoniques allaient être rétablies.
Ce qui m'énervait le plus, dans tout ça, c'est qu'il faisait comme s'il ne s'était rien passé. Comme si toutes ces années qu'il avait passé à me harceler, me traiter de tous les noms, n'existaient pas. Comme si les cicatrices sur mes bras n'en étaient pas la preuve.
Il paraissait me détester, quand même. Mais je ne voulais pas qu'il me déteste. Je ne voulais pas être son ennemie. Parce que si j'étais son ennemie, ça voulait dire qu'il avait une place dans mon cœur, et que j'en avais une dans le sien. Le terme « ennemi », c'était puéril, enfantin, affectueux. Il n'était pas mon ennemi. Je le refusais. Il était quelqu'un qui n'avait pas de case, tellement mon estime de lui était basse.
Pourtant, à le regarder, malgré les foudres, les piques, les regards noirs qu'il me balançait quotidiennement en pleine tête, et ce depuis le collège, je savais qu'il ne pensait pas comme moi. Ma repartie avait don de l'énerver, mon masque de fille sûre l'intriguait et il ne me supportait pas. Sauf que voilà, il me détestait, mais il ne me haïssait pas, et c'était un problème.
— Wheeler, tu nous fais quoi, là ? j'ai crié.
Je n'aurais pas dû le suivre. Dès qu'il m'a dit de « profiter », je l'ai compris. Mais je n'ai pas pu m'en empêcher. J'ai un orgueil, et celui-ci a été piqué au vif lorsque mes parents n'ont pas répondu à mes appels. Et quand il m'a traitée, encore une fois, d'intello. Je croyais qu'il avait arrêté ses enfantillages, visiblement, non. Alors je l'ai suivi, parce qu'il le fallait.
— Suis-moi je t'ai dit ! Tu vas voir ! a-t-il grommelé.
J'ai donc continué de courir pour le rattraper.
Nous sommes arrivés au bout du couloir, devant la porte d'une pièce. La salle des profs.
— Wheeler, rassure-moi, tu plaisantes ?
Je ne savais pas ce que j'espérais. J'étais très curieuse et en même temps... C'était impossible ! Je refusais de faire ça. Je pouvais passer pour coincée, je n'en avais rien à faire. De toute façon, nous trouverions un moyen de sortir. Alors pourquoi s'aventurer dans des endroits qui nous étaient interdits ? Alors oui, j'étais curieuse, mais trop prudente pour le faire.
— Non, Raven. Allez, rentre.
— T'as peur de rentrer en premier ? Je te pensais plus courageux !
— Je veux seulement être sûr que tu ne vas pas me planter seul dans la salle des profs pour aller à la cantine sans moi.
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Seulement deux Semaines [EN RÉÉCRITURE]
RomanceEn dix-sept ans d'existence, Lena n'a connu que les études, une situation familiale compliquée et le petit village perdu au milieu du Mississippi dans lequel elle habite. Chaque jour est plus ennuyeux que le précédent et les mois s'écoulent dans une...