J'étais en train de courir, manquant de me faire renverser plus d'une fois. Les passants me dévisageaient tous. Mon avion allait s'envoler dans une quinzaine de minutes. J'avais tout juste le temps d'arriver à l'aéroport et de passer les contrôles de sécurité.
Ma valise se faisait fouiller tandis que je regardais l'heure sur ma montre. J'avais bien géré mon temps et étais à l'heure. Je pouvais souffler un coup.
Mes pieds avaient touché le sol coréen pour la première fois depuis de longues et interminables années. Je me sentais chez moi. Mon téléphone vibra dans ma main m'indiquant un appel de Min-Ho.
- Oui ?
Je m'écarta de l'attroupement qui s'était formé pour mieux entendre la personne qui se trouvait à l'autre bout du fil.
- Il faut que je te dise quelque chose avant que tu rentres. Je sais que l'on devait rien dire mais, Mirae est au courant. Baek-Chin a parlé de toi devant elle. Il avait oublié. J'espère que tu ne nous en veux pas. Encore désolé. . .
Je ne savais pas quoi lui répondre. Il me fallut quelques secondes avant que des mots sortent de ma bouche pâteuse.
- Comment a-t-elle réagit ? Elle m'en veut toujours autant ? Est-ce qu'elle a changé ? Elle va bien ?
Je me demandais à quoi elle pouvait bien ressembler après tant de temps passé sans la voir. J'espérais de tout cœur qu'elle me pardonnerait.
- Tu verras tout ça par toi-même. On t'attend tous chez moi. Je vais t'envoyer l'adresse.
Je me trouvais à l'adresse indiquée. Je toqua à la porte avec hésitation. Des roses blanches, que j'avais acheté sur le chemin, se trouvaient entre mes mains tremblantes. La porte s'ouvrit me dévoilant un visage qui me parut très familier. Nos regards se croisaient et s'abaissaient timidement comme au tout premier jour.
- Je t'ai apporté des fleurs. Min-Ho m'a dit que tu aimais les roses blanches.
Son sourire s'effaça avant qu'elle ne tourne les talons. Baek-Chin et Min-Ho répétaient encore la chanson réécrite par Mirae. J'étais heureux de les revoir et déçu en même temps. Je ne savais pas à quoi je m'attendais avec Mirae mais je pensais qu'elle m'accorderait au moins un bonjour.
J'analysais la pièce et voyais des cadres photo de partout. Tous étaient présents sur celles-ci mise à part moi. J'avais passé tout mon temps à étudier aux États-Unis pour faire plaisir à mon père, que j'en avais oublié le principal. Tous ces moments, ces discussions, ces soirées que j'avais loupé pour une raison qui n'était même pas valable, m'attristaient.
Ils avaient passé la soirée à me raconter tout ce qu'il s'était déroulé durant mon absence. J'avais fait la connaissance de Soo-Ah et Kyeon-Sok.
Il ne restait plus que Min-Ho, Mirae et moi.
- Je vais y aller. A demain Min-Ho.
Je la suivi et l'arrêta dans le couloir. Elle repoussa ma main de son bras avant de me jeter un regard des plus glaciale.
- S'il te plaît, écoute au moins ce que j'ai à te dire. Eun-Ji m'a forcé à partir, je n'avais pas le choix. Je ne serai jamais partie dans l'intention de te faire du mal. J'espérais que l'on puisse tout reprendre à zéro. Pouvoir tout oublier. . .
Ses yeux s'étaient humidifiés. Je ne parvenais plus à décrypter ce qu'elle ressentait. J'avais besoin d'entendre qu'elle m'aimait toujours.
- Syeon. . . On a toujours le choix, tu as juste pris le mauvais. Et sache que je n'oublierai jamais le mal que tu m'as fait subir. C'est trop tard. Tu arrives trop tard. Depuis tout ce temps tu parlais avec Min-Ho et Baek-Chin sans même leur demander mon numéro. Tu n'as pas cherché à me contacter mise à part avec tes lettres. Je t'ai longtemps attendue, avec l'espoir qu'un jour tu reviennes. Mais cette époque est révolu. Je n'attendrai plus jamais rien de toi.
Elle avait raison et je le savais au fond de moi. Mais entendre cela de sa bouche me brisait en mille morceaux. Mirae claqua la porte de son appartement et je fis de même. Je m'étais adossé à la porte et m'étais assis par terre. Je pleurais et ne m'en cachais pas. Qu'est-ce que j'espérais ? Qu'elle me serre dans ses bras et que tout redevienne comme avant ? Non. Tout cela n'était qu'illusion. Durant ces dernières années, je n'avais cessé de fantasmer. Mirae fut la seule et unique personne me faisait tenir. Je me ressassais le son de sa voix dans ma tête, m'imaginais les formes de son visage, essayais de me rappeler du goût de ses lèvres et de l'odeur de son parfum. Les souvenirs du matin de mon départ se reformaient dans ma mémoire.
J'embrassais tendrement son front avant de rejoindre mon père dans le salon. Elle dormait profondément et ronflait délicatement. Le moindre de ses faits et gestes étaient mignon à mes yeux.
Mon père était assis sur le fauteuil en cuir marron, les bras croisés. Je me frottais les yeux et m'asseyais sur l'autre fauteuil en face de lui. Il me regardait longuement pour enfin me dévoiler ce qu'il voulait me dire depuis la veille.
- Tes valises sont déjà prêtes, n'en parle à personne.
Je ne comprenais pas de quoi il parlait et fronçait les sourcils.
- Tu vas étudier aux États-Unis. Tu reviendras dans trois ans pour gérer mon entreprise. Ne me déçoit pas.
J'étais bouche-bée. Je savais que je ne pourrai jamais lui faire face ou le contredire. Il était mon père et m'avait appris à le respecter plus que tout.
- Et Mirae ? Elle va se retrouver seule. . . Je ne peux pas partir sans elle.
Je bégayais. Je ne voulais pas partir. Et quand était-il de mon service militaire ? Je pensais le faire dès que j'aurais atteint la majorité.
- Elle reste ici. Ne discutons pas plus. Retourne te coucher.
Mon père n'avait jamais fait attention aux sentiments des autres. Il ne pensait qu'à lui et à sa richesse. Toute ma vie, il m'avait formaté pour que je devienne une image parfaite de ce qu'il représentait. J'étais sa pâte à modeler. Il pouvait faire ce qu'il voulait de moi. Et je souhaitais que cela cesse.
- J'ai entendu ce que Mirae t'a dit dans le couloir. Tu l'as beaucoup blessé. . . Mais, je suis sûr qu'elle réussira à te pardonner. Je ne te promets pas que tout reviendra comme avant mais ce sera déjà un début.
Min-Ho m'aida à me relever en me tendant une de ses mains.
Je le remerciais et essuyais mon visage humidifié de mes larmes et partis me coucher.
C'était bientôt le moment de me mettre en route pour le travail. Mon père voulait me voir dans son bureau pour me présenter les locaux et les employés. Je regardais à travers la fenêtre de la cuisine, je pouvais apercevoir le lever de soleil. C'était le meilleur moment de la journée, voir tous ces oiseaux danser dans le ciel orangé, c'était tout simplement merveilleux à voir. Je bus une dernière gorgée de mon café et partis.
Tout le monde applaudissait mon père. Il venait de leur faire un discours des plus banales pour leur annoncer qu'il prenait sa retraite. Je les regardais tous, les bras croisés.
- Maintenant, je laisse la place à mon très cher fils, Syeon.
Mon père me fit les gros yeux pour que je vienne rapidement sur l'estrade mit en place pour l'occasion. On pouvait entendre les mouches voler. Les employés avaient un énorme respect pour mon père. Ils l'admiraient tous autant les uns que les autres. Personne ne le connaissait pour ce qu'il était réellement. Je toussa avant de commencer un petit discours improvisé.
- Bonjour, je suis ravie d'être le successeur de ce brillant homme d'affaire. Quelques règles vont changer mais ne vous inquiétez pas pour cela, notre entreprise prendra toujours autant soin de vous. Sur ces quelques mots, je vous laisse reprendre vos postes avec le sourire.
J'essayais de ne pas montrer mes émotions comme me l'avait conseillé mon père. Mes faiblesses devaient rester au seuil de ma porte. Et cela avait l'air de bien marcher. La centaine de personnes qui étaient présentes repartaient toutes à leur poste. Ils avaient écouté mes ordres et j'en étais fier. J'avais enfin le pouvoir sur quelque chose.
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Pour toi et seulement toi
Romantik" Après avoir lu cette lettre, tout mon monde s'était mit en pause. J'étais incapable de faire le moindre fait et geste. Pourquoi ? Je voulais me réveiller de ce cauchemar. Les larmes dégoulinaient le long de mes joues. Il m'avait promis de toujours...