Chapitre 8

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Tous mes membres étaient écrasés contre la masse de personne se trouvant dans le métro. Une odeur nauséabonde avait imprégné mes narines. Je sentais que cette journée n'allais pas être de tout repos.

Les portes s'ouvraient me redonnant ma liberté auparavant privée. Les rayons de soleil reflétaient sur les vitres des boutiques aux alentours, et des dizaines de personnes en tous genre s'entassaient les unes sur les autres devant un van noir. Certains criaient, lançaient des pétales de fleurs ou pleuraient. Je n'arrivais pas à détacher mon regard de cet attroupement. J'étais intriguée par cette euphorie générale.

- Oppa* !!!!

Criait une jeune fille, qui devait à peine avoir seize ans.

Un homme sortit du van, lunette de soleil, manteau en fourrure et bijoux reposaient sur son corps. Il les saluait tous d'un simple signe de la main qui faisait augmenter l'intensité des cris de la foule en un instant. Pourquoi étaient ils si hystérique pour un seul et unique homme ? Je ne pouvais pas comprendre cela étant donné mon manque d'intérêt pour ce genre de chose.

Un klaxon me fit revenir à la réalité. J'étais sur un passage piéton et le feu tricolore était passé au vert. Les voitures déboulaient à toute vitesse. J'étais prise au piège dans ce jeu mortel. Je tournais dans tous les sens déplaçant mon regard de voiture en voiture. Je ne savais plus quoi faire, j'étais apeurée.

L'agréable sensation de son souffle sur la fine peau de mon cou me faisait perdre le contrôle dans cette déplorable situation. Les battements de mon cœur s'accéléraient tout comme le plein de véhicule me frôlant. Pourquoi me faisait il autant d'effets ? Je me sentais mise à nu en sa présence. Syeon lisait en moi comme dans un livre ouvert. Sa main gauche émettait une légère pression sur mon épaule pour tenter d'attirer mon attention.

- C'est dangereux ! Suis moi !

Me criait il en entrelaçant nos deux mains m'entraînant en dehors du danger. Ma vision était redevenue nette et les battements de mon cœur ralentissaient alors que Syeon me serrait fort dans sa chaude et agréable étreinte.

- Pourquoi n'as-tu pas bougé ? Tu aurais pu avoir un accident. . .

Il posait ses deux mains sur mon visage pour s'assurer que tout allait bien. Après avoir reprit mes esprits, je me recula pour maintenir une certaine distance entre nos deux corps aimantés.

- Je n'ai plus besoin de ton aide maintenant. Je vais travailler.

Lui disais je en repartant toute souriante. Ce moment ne devait pas s'éterniser. Je n'avais pas le temps pour ses broutilles. Un loyer devait être payé.

C'était l'heure tant attendue de la pause déjeuner. Les employés étaient pour la plupart chez eux, avec leur famille ou leurs amis, à célébrer la journée du Hangeul* créé par le grand roi Sejong tandis que je travaillais d'arrache-pied dans cette entreprise démunie de toutes émotions.

- Vous vous croyez où ?! Vous n'êtes pas chez vous ici ! Je ne vous paie pas à ne rien faire. Bougez vous !

Je reconnu instantanément cette voix. Syeon semblait de mauvaise humeur. Sa démarche était différente, tout comme ses manières et sa façon de parler. Il me regarda dans le blanc des yeux avant de faire claquer un dossier sur la table. Je ne bougeais pas, l'air interrogateur.

- Ouvre.

M'ordonnait il sèchement. Je déchirais le papier entourant une pile de feuilles. Dès les premières lignes, je reconnue mon œuvre. Comment a t-il obtenu cela ? Je n'en savais rien jusqu'à ce qu'il brise le silence.

- Pourquoi es tu ici ? Pour écrire ? Pour t'amuser ? J'en ai vraiment marre de me répéter sans cesse. . . Je te conseil vivement de te mettre au travail avant que mes nerfs explosent pour de bon. Tu m'as bien compris ? Ou, il faut peut-être que je me répète ?

Je me leva en vitesse et jeta mes déchets au passage. Syeon me suivait au pas. Le poids de son regard me pesait sur les épaules. J'attendais qu'il parte avec impatience mais ce ne fut pas le cas.

- Tu n'as pas autre chose à faire ?

Lui demandais je faisant tomber mon stylo au sol. Je m'abaissais pour le récupérer tandis qu'il répondait à ma question.

- Non. J'ai déjà tout fait. Pourquoi ? Je te dérange ?

Sa voix et son visage étaient froids et fermés. Je serrais les dents pour m'empêcher de l'injurier. Je ne connaissais pas la raison de son changement soudain de comportement mais cela m'énervait.

C'était la fin de ma journée et je me trouvais toujours prisonnière de Syeon. Il était resté toute la journée à mes côtés, faisant des commentaires sur mon travail. Les locaux étaient calmes et vides. Tandis que je rangeais mes affaires dans mon casier, Syeon m'attrapa par la main.

- Excuse moi. J'ai été désagréable aujourd'hui.

Je l'ignorais et continuais mon action. Je ne ressentais aucune envie de lui répondre. Il avait attendu toute la journée pour s'excuser.

- Tu m'ignore ? Répond moi. Je pensais que tu étais différente des autres. . .

Syeon desserra sa cravate avant de se rapprocher de moi, m'obligeant à reculer jusqu'à heurter la porte du casier. Sa main gauche était appuyée à quelques centimètres de mon visage tandis que son autre main se trouvait vers l'emplacement de ma hanche. Je sentais son souffle chaud frôler mon visage.

- Tu veux que je te réponde ? Tu as été un vrai connard aujourd'hui. Et je te pris de t'écarter avant que ce ne soit moi qui m'en charge. Je ne suis pas ton objet. Je suis libre de faire ce qu'il me passe par la tête comme tout être humain.

J'étais en colère contre lui et son comportement. Il se croyait tout permis.

Il s'était écarté pour me laisser passer. Je voulais rentrer chez moi le plus vite possible.

- Mirae, je suis désolé.

Me disait il au moment où je m'apprêtais à sortir du bâtiment.

- De quoi es tu désolé ? Je voudrais juste savoir ce qu'il se passe. Je pense que tu m'as assez caché de chose. . .

J'enfilais mon manteau attendant une réponse de sa part. Il fuyait mon regard et me tournait le dos. J'étais déçu. Quand est-ce qu'il changerait pour de bon ? Pourquoi je ne le comprenait pas ? Était ce moi le problème ? Toutes ces questions restaient en suspend dans un coin de ma tête pendant que je marchais sous la pluie. Mes cheveux commençaient à dégouliner petit à petit sur mes vêtements. Je n'avais pas de parapluie. Une voiture roulant au pas s'arrêta à mon niveau. Le conducteur baissa la vitre et me fit signe de monter. Je réfléchis un long moment avant de me décider à monter dans la voiture de Syeon.

Les gouttes d'eau tombant du ciel tambourinaient sur la carrosserie de la voiture. La rue était déserte, seules de grandes flaques ornaient le sol bétonné. Syeon coupait le moteur et me regardait, les yeux remplie de mélancolie.

- Je vais tout t'expliquer.

Je faisais une grimace et fronçais les sourcils en mettant une de mes mèches derrière mon oreille. 

Pour toi et seulement toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant