J'ouvre une grande porte de béton ornée de multiples motifs argenté et le grand jardin s'offre à moi. Elle se tient là, de dos, assise sur le rebord de la fontaine en caressant l'eau d'une main. Je la rejoins et m'assois à mon tour. Par contre, je n'ose pas toucher l'eau. Cette fraîcheur m'est insupportable, je préfère mes flammes.
Elle me tend un morceau de pain. Plus gros que celui qu'elle garde pour elle, sans détourner le regard des nénuphars flottants sur la surface ondulée. Je regarde ses yeux bleus et insistants." - Prends le, déclare-t-elle. Tu n'as rien mangé ce midi.
- Je n'ai pas faim.
- Tu as quand même besoin de prendre des forces."Je saisis le morceau mais n'y touche pas. J'hésite encore entre le jeter dans l'eau ou faire des billes de mie de pain avec. J'opte pour la deuxième option. Morana m'adresse un petit regard de travers étant donné que ce n'est pas ça que j'étais censée faire de ce morceau. Mais elle ne me réprimande pas parce que pour une fois que je ne l'envoie pas bouler.
" - Tu aimes dessiner non ?
Sa question me laisse perplexe car je n'ai jamais montré mes dessins à personnes.
- Oui, je dessine de temps en temps, quand j'ai du temps.
- Tu penses que je peux les regarder ? "Je me tourne vers elle et elle a un regard plein de compassion. Je sais que si je lui montre, elle n'aura aucun jugement car elle est trop respectueuse envers les autres.
"- Suis moi."
Je l'emmène jusque devant la porte de ma chambre et la fais attendre devant. Je ne veux pas qu'elle rentre pour découvrir des choses à moitié brulées et un carnage pas possible à vivre. Elle qui aime bien quand c'est propre et que ça sente bon, je ne vais pas l'asphyxier. Je ressors, mon carnet noir de suie entre les mains. Ne voulant pas rester plantée au bout du couloir, je décide de bouger d'un étage et d'aller dans la salle colorée. Elle est plus colorée dans son sens littérale que dans son son sens propre : c'est une salle joyeuse où se trouvent les instruments de musiques, les jeux, la peinture (seule vraie touche de couleur ici),...
Morana me suit.
Je la laisse s'installer sur le grand fauteuil et je prends place au piano. Elle feuillette mon carnet, je joue un air. Je ne veux pas entendre ses réactions face à mes gribouillis.
Je joue cet air que j'entends souvent dans mes rêves, il me hante. Comme mes rêves. Cet air triste mais qui me fait sourire à la fois, un peu comme s'il me manquait alors que je ne l'ai jamais entendu.Je finis mon morceau en même temps qu'elle ferme le livre.
"- Si tu as le temps un jour, j'aimerais bien que tu me peignes. Que tu nous peignes tous."
Je me dirige vers elle et elle me tend un crayon de bois bien taillé. Je lui prend délicatement le carnet des mains et m'assois à côté d'elle. Je tourne les pages jusqu'à une double page blanche et j'essaie de faire des premiers croquis de chacun. Elle m'observe dessiner. Je me surprends à souvent gommer mes erreurs. C'est assez difficile de dessiner 11 portraits de personnes, juste comme ça. Je préférerais tous les peindre dans un décor commun, comme une photo de famille. De notre grande famille. Est ce que je peindrais Drystan à côté ? Sûrement. Comme un père à côté de ses enfants.
"-Est ce que tu penses que nous pourrions faire une photo tous ensemble ? Ça serait plus facile pour moi pour vous dessiner ensuite. "
Morana part informer le reste du groupe installé dans la salle à manger tandis que je m'en vais prévenir Drystan. Merci à Morana qui à d'ailleurs omis de dire aux autres que c'était pour les dessiner.
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The last soul
ParanormalJe suis un fragment d'âme... C'est lors de la destruction de Drystan, le dieu du malheur et de la tristesse, que les "Yeux" se rendent compte de leur erreur. Ils n'auraient pas pensé que le dieu ait pu diviser son âme en plusieurs fragments pour dem...