Prologue

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Il y a un sentiment qui vous consume, qui vous plonge dans un état d'extase intense. Ce sentiment, Albus Severus Potter ne le connaît que trop bien. À chaque fois qu'il le voit, son petit cœur s'emballe, tape fort dans sa poitrine. Ensuite vient l'espoir : est-ce qu'il viendra lui parler ? Ou même est-ce qu'il osera l'embrasser en plein milieu du couloir comme dans les romans moldus à l'eau de rose ? Non, bien sûr que non. Comme d'habitude, les espoirs d'Albus sont trop cinématographiques pour être vrais. Comme d'habitude, il lui fera un grand sourire au cas où il daigne lui en adresser un en retour. L'année dernière, Albus savait où et à quelle heure se balader pour le croiser au bon moment. Lundi : 8h30, cours de métamorphose. Mardi : 16h47, salle des portraits. Jeudi : 11h39, Serre. Vendredi : 13h45, tour de Divination. Cependant, avec son entrée en Septième Année, l'emploi du temps d'Albus était bouleversé. Toutes ses prévisions étaient modifiées et il fallait, à nouveau, composer à l'aveuglette en attendant d'être fixé sur les horaires exacts. Grâce à Mable, sa meilleure amie, il savait qu'il serait dans les grands escaliers de l'aile Sud du château dans dix minutes environ. Disposant d'un peu de temps avant son cours de potion, Albus décida d'aller croiser son coup de cœur. Il descendit les marches jusqu'à la Cour de métamorphose. Il fit une pause rapide dans celle-ci, profitant de la chaleur des derniers instants de l'été. L'arbre, planté au centre, créait un magnifique coin d'ombres, qui abritait les étudiants du soleil. Après avoir respiré un grand coup, Albus rouvrit les yeux et c'est là qu'il le vit. Il était là, assis dans l'herbe à rire à gorge déployée. Ses mèches claires, qui lui tombaient souvent sur le visage, bougeaient au rythme de son hilarité. Il était si beau quand il riait. Le problème c'est qu'il ne riait pas seul : une fille avait sa tête posée sur son épaule. Albus passa, en un quart de seconde, par toutes les émotions : la tristesse, la déception, la dépression et puis la colère. Son monde s'effondrait : le garçon pour qui son cœur battait à mille à l'heure aimait une autre. Mais il n'allait pas se laisser abattre : « qu'aurait fait Mable ? ». Sa meilleure amie était son meilleur exemple, dans les pires moments, elle avait toujours le mot pour rire, elle gardait toujours la tête haute et elle relativisait toujours. Mable, elle, se serait reprise en main. C'est vrai, en même temps, qu'est-ce qu'il valait ce gars ? Il ne savait même pas son existence ! Albus ne va pas entrer en dépression pour un garçon ! Il faut se ressaisir, ne pas se laisser abattre. Qu'est-ce que Mable disait déjà ? « Protège ton petit cœur ». Alors là, c'est décidé, le petit cœur d'Albus allait être protégé, par plusieurs remparts et murailles. Le petit cœur d'Albus allait être inaccessible ! Ses pensées furent interrompues par une voix féminine derrière lui :

- Albus ! J'ai couru dans les couloirs pour te le dire avant mais... On dirait que j'arrive trop tard.

Quand on parle du loup. Cette voix, il la reconnaîtrait entre mille : c'était justement celle de Mable. Albus se retourna vers elle, le regard abattu, malgré ses multiples tentatives pour relativiser.

- Sebastian Shallow. Continua Mable. Il sort avec Charlotte Larson. C'est tout récent.

La fille était jolie. Blonde. Serdaigle. Yeux bleus. Très cliché finalement, pensa Albus.

- C'est dur. Je sais. Bon... euh. On se ressaisit, ça fait mal, ça fait très mal mais... on garde la tête haute et surtout on lui montre la bombe que Sebastian a laissée passer. Tu as cours là ?

Du grand Mable, ces paroles.

- J'ai potion. Répondit Albus. Mais je n'ai pas envie d'y aller, viens on passe du temps ensemble.

Elle afficha une expression sévère sur son visage :

- Ce n'est pas vrai Albus ! C'est ta première semaine, ton premier cours de potion et tu as déjà envie de sécher... Non, non et non ! Tu ne vas quand pas même pas sacrifier ton avenir pour un vulgaire garçon !

Albus laissa échapper un gloussement, sa meilleure amie a toujours été dans l'excès :

- C'est juste le premier cours, on ne va pas faire un drame...

- Et alors ? Hors de question, tu vas aller à ce cours ! On se retrouve après...

Elle marqua une pause et sortit une délicate fiole de son sac en cuir usé par le temps :

- J'ai réussi à trouver la recette de la potion pour te boucler les cheveux ! Bon, c'est noté dans le manuel que ça marche pour les boursoufs, mais ça ne coûte rien d'essayer !

Albus eut un mouvement de recul :

- Mmmmm... Je suis sceptique.

- Ça t'ira mieux que cette touffe mal coiffée.

- Eh !

Il lui lança une tape amicale sur l'épaule. Regardant sa montre, Albus comprit qu'il devait aller en cours, même si tout son corps le suppliait de faire machine arrière. Il jeta un regard vers Sebastian et sa copine.

- Oublie-le, Conseilla Mable. En plus, j'ai vu dans les feuilles de thé un bon présage pour toi !

Albus s'éloigna :

- Vu ton superbe don en divination, je ferais mieux de m'inquiéter !

Il laissa Mable dans la cour de métamorphose et se dirigea vers les cachots pour aller dans la salle de potion. Il arriva pile à l'heure dans le sombre couloir et poussa l'austère porte en bois qui grinça à son approche. La salle de potion avait bien changé depuis sa première année à Poudlard : les tables poussiéreuses et gothiques avaient laissé place à des paillasses en pierre noire, les étagères désordonnées avaient été remplies par d'innombrables béchers colorés et gluants.

La professeure de Potion accueillait ses élèves dès l'entrée de la classe. Elle avait un teint lumineux avec ses petites lunettes vert pomme et ses cheveux roux coiffés en chignon. Sa blouse blanche était complètement tachée de liquides aux matières douteuses.

- Bonjour Monsieur Potter, belle rentrée à vous.

- Bonjour Madame Bova, merci !

Contrairement à la plupart des professeurs de sa matière, Madame Bova surprenait par sa bonne humeur et son partage, qui participait grandement à la popularité des potions. Elle consulta rapidement sa fiche et enleva ses lunettes :

- Votre paillasse est juste là, au troisième rang. À côté de la fenêtre, quelle chance ! D'autres seraient prêts à tuer pour cette place !

La professeure rigola doucement face au sourire crispé d'Albus.

- Oh mais votre voisin est déjà en place, vous pourriez faire connaissance ! Beaucoup de travaux de groupe sont au programme ce semestre.

Albus jeta un regard sur sa paillasse, et sur son voisin. Madame Bova voulait qu'ils fassent connaissance, or, ils se connaissaient déjà, beaucoup même.

Peut-être que le présage de Mable dans les feuilles de thé était vrai. Un bon présage. Car, celui qui sortait ses affaires sur la paillasse d'Albus était Scorpius Malfoy.

Albus et Scorpius : la Cour des SongesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant