5. Capitaine

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Mais qu'est-ce que je suis en train de faire...

Albus n'avait pas l'habitude de prendre ce chemin, qui était pourtant familier de la majorité des élèves de Poudlard. Il sortit du château par la grande porte et dirigea vers le terrain de Quidditch. Le jeune homme n'y allait pas souvent, voire pas du tout, tellement ce sport lui paraissait peu intéressent. Malgré ses excellentes notes et ses capacités indéniables à tenir sur un balai, qu'il tenait sans doute de son père, Albus avait donc décliner la proposition du Coach Antonov de devenir batteur dans l'équipe des Serpentard. « C'est dommage, tu aurais été un formidable atout dans l'équipe... Belle continuation, Potter. » lui avait-il dit lors de leur dernier cours ensemble il y a deux ans. Le Quidditch faisait partie des disciplines obligatoires de premier cycle, il disparaissait donc du cursus pour les deux dernières années d'étude, ce qui n'était pas plus mal. Albus arriva à proximité de l'entrée des tribunes du stade. Comparé à plusieurs endroits du château qui ont été modernisés après la grande bataille de Poudlard, le stade de Quidditch n'avait pas changé. Il restait le même, année après année, comme un vestige du passé qui tenait bon face aux innovations du futur. Albus monta sur l'un des gradins et s'assit. Heureusement que Mable n'était pas venu avec lui, les places assises étaient en hauteur, et, même si ce n'était que quelques mètres qui les séparaient du sol, elle aurait eu indéniablement le vertige. Le stade n'était pas aussi bondé que d'habitude, peu d'élèves assistent aux entraînements des équipes, préférant les sensations d'un match. À quelques places d'écarts, dos à lui, Albus reconnu la silhouette d'une connaissance à lui. Bien plus qu'une connaissance à vrai dire. Comme si elle lisait ses pensées, la silhouette se retourna et dévoila le visage ponctué de taches de rousseur de Rose Granger-Weasley :

- Albus !

Elle se leva pour s'asseoir à côté de lui.

- Rose ! Ça va ?

- Je ne t'avais pas vu depuis la cérémonie de la répartition, c'est la course en ce moment !

Malgré leur maison différente, a priori ennemi, et leur tempérament opposé, Albus eut toujours du respect et de l'affection pour sa cousine :

- J'imagine que ça ne doit pas être simple de jongler entre le Quidditch, tes cours et tes multiples options...

- Ne m'en parle pas. D'autant plus qu'en plus, bon, ce n'est pas officiel à 100% mais...

Elle s'arrêta pour mimer avec ses doigts un roulement de tambour :

- Je vais devenir Capitaine de l'équipe des Gryffondor !

Albus l'applaudit, bien qu'il n'accordât que peu d'intérêt à ce sport, il savait à quel point cela comptait pour Rose :

- Waouh ! C'est fantastique, tu dois être super fier, et tes parents aussi d'ailleurs... Comment vont-ils ?

- Bien sûr, ils sont contents pour moi, mais... disons que visiblement l'ambiance n'est pas au beau fixe à la maison. Ils sont un peu stressés et redoute le...

Le regard de Rose s'était assombri, et Albus en savait la raison :

- C'est pareil chez moi. Ils ont peur d'être inutiles, alors que selon moi, ils l'ont plus que mériter cette pause.

Pour son père, et les parents de Rose, le ministère avait accordé une retraite anticipée de quelques années, en souvenir de leurs agissements pour arrêter Voldemort. Bien qu'ils aient accepté cette proposition avec plaisir, le trio redoutait de quitter le travail pour de bon, de prendre une pause.

- Tu m'étonnes. Continua Rose.

Après quelques instants où elle laissa planer le silence, elle reprit la parole.

- Au fait, qu'est-ce que tu fais là ? Tu t'intéresses au Quidditch maintenant ?

Albus fut décontenancé par cette question. De toute évidence, il ne pouvait pas y répondre sincèrement : Oh, rien de spécial, je viens simplement admirer l'élu de mon cœur se trémousser sur un balai... Ah, et aussi pour admirer comment sa tenue de sport moule ses muscles ! Les robes de sorciers avaient beau être confortables, elle ne lui facilitait pas la tâche pour mater. Il réfléchit rapidement à une réponse bancale :

- Oh, je suis venu prendre l'air. Ça fait longtemps que je n'avais pas été ici.

Rose acquiesça sa tête. Albus se précipita pour détourner la conversation :

- Et toi ? Ils combinent l'entraînement des Serpentard et des Gryffondor maintenant ?

Elle sourit malicieusement :

- Non, mais disons que je suis venu m'imprégner des techniques d'attaques de mes adversaires.

- Ce n'est pas interdit ça ?

- Qui a dit qu'être une simple spectatrice était interdit ? Et puis, j'assure mes arrières, c'est de la stratégie. Crois-moi que votre équipe use de moyens moins pacifiques que les miens.

- Et je m'en désolidarise totalement !

Les deux adolescents rirent calmement. Le coach Antonov commença à entrer sur le terrain, l'entraînement allait bientôt commencer.

- Il n'empêche, c'est dommage que tu ais refusé la proposition du coach, ça ait été marrant qu'on s'affronte.

- Hmm, c'est vrai, mais je ne voulais pas leur donner un moyen de me comparer à mon illustre père.

- Je comprends.

- Et puis ce n'est pas comme si ça m'intére...

Albus s'arrêta de parler : les joueurs commencèrent à entrer sur le terrain. Il leva la tête pour mieux les voir et c'est à ce moment-là qu'il l'aperçut. Scorpius Malfoy rejoignit le centre du stade, balai en dessous de son bras. Ses cheveux blond platine ondulaient au rythme de sa course et ses yeux bleus perçants adressaient un regard mi-déterminé, mi-amusé. Sa tenue, près du corps comme l'avait espéré Albus, moulait parfaitement ses pectoraux gonflés. Rose le détourna de son observation, avec un air malicieux :

- Dis donc, t'es hyper assidus !

Il ne répondit rien et se contenta de manifester son embarras en baissant la tête, les joues en feu.

- En même temps, je te comprends, les Serpentard sont canons. Vous avez au moins cette qualité. Lequel tu trouves le plus beau ?

- Euh... je ne sais pas trop... Un peu tous. Balbutia maladroitement Albus.

Elle pointa discrètement du doigt Scorpius :

- Pareil, mais je dois dire que ton ancien pote a très bien changé.

- Oh... oui sans doute.

Ainsi il avait de la concurrence. Dans son esprit, il entendit Mable et ses phrases caractéristiques : « La concurrence, tu n'en fais qu'une bouchée ». Mais il chassa ces pensées : il devait oublier Scorpius. Son regard se posa à nouveau sur lui, qui virevoltait sur son balai. En attendant les ordres du Coach Antonov, il restait immobile dans les airs. Soudain, comme un signe du destin, le regard des deux garçons se croisa. Scorpius souri amicalement et lui adresse un signe de la main. Albus n'entend pas ce qu'il dit, mais il lit sur ses lèvres un simple : Heyy ! Le jeune sorcier lui répond avec les mêmes mimiques. Son regard ne laissait transparaître rien de plus qu'un sourire poli, mais au fond de lui, Albus était en feu. Son cœur battait à cent à l'heure et son ventre papillonnait de manière inédite. Scorpius repris ses occupations et vola vers ses partenaires de jeu.

Quand l'entraînement fut terminé, Albus regagna le château. La nuit commençait à tomber. Son cerveau était en ébullition. Il fallait qu'il se rende compte d'une évidence : il ne pouvait pas ressentir qu'une simple amitié. Jamais ses sentiments n'avaient été aussi forts, jamais son cœur ne battait pas aussi rapidement, jamais les papillons qui vivaient au creux de son ventre n'avaient volé aussi haut. Malgré tout, un problème persistait, et c'était un problème plus épineux que les feuilles de Tentacula Vénéneuse : Scorpius était sans doute hétéro.

Sans doute. Ces deux petits mots apparaissaient comme un espoir. Après tout, il n'y avait aucune certitude. Albus remonta la pente, en s'accrochant désespérément à ces mots. L'espoir est toujours permis.  

Albus et Scorpius : la Cour des SongesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant