Albus et Scorpius : la Cour des Songes

3. La Serre

Albus descendait quatre à quatre les escaliers qui menaient au grand hall du château. Son cerveau était en ébullition sur ce qui venait de se passer : il avait revu Scorpius Malfoy et ils se sont même parlé ! Mable ne va pas en revenir... Albus passa devant l'emblématique fontaine du hall central, le statut de la sirène bougeait lentement dans le petit bassin à son approche. Les élèves et professeurs le comparaient, à juste titre, à une gare en ébullition. Reliant tous les espaces de cours entre eux, le hall se retrouvait la plupart de temps assaillis de monde, entre les étudiants qui vont et viennes, souvent en courant pour éviter un retard éventuel. La fameuse fontaine, étant placé au centre, faisait office de repère : au Nord se trouvait la bibliothèque, au Sud, les cachots de potions et la tour d'Astronomie et à l'Est, on se dirigeait vers les salles de cours de défense contre les forces du mal. Albus se tourna vers sa destination : l'Ouest, alias, les Serres. Au fil de sa scolarité à Poudlard, ce lieu était devenu progressivement son repère, sa cachette secrète. C'était tellement un endroit fascinant, où la nature cohabitait avec l'architecture mélangeant sculpture en fer et fenêtre en verre. Loin de l'austérité des murs et tapisseries du château, Albus se sentait libre quand il était dans l'enceinte de la Serre. Agrandie grâce à la force de conviction du professeur Londubat, l'espace avait retrouvé sa splendeur d'antan : quatre salles de classe, deux étages entiers dédiés aux projets des étudiants, un immense jardin à l'air libre... C'était un espace de travail plus que confortable, bien plus que la bibliothèque, où il fallait se battre pour avoir une place, tellement elle est bondée. Pendant longtemps, il s'était demandé pourquoi la Serre n'attirait pas plus de monde, et il ravisa ses pensées, après tout c'était très bien comme ça, on ne va pas demander à l'univers de nous déranger. Albus pénétra dans le bâtiment, la grande verrière laissait passer le soleil de l'après-midi, ce qui faisait le plus grand bien aux différentes plantes qui poussait sur les pots disposés sur des tables. Un gigantesque cerisier en fleur, planté à même le sol, faisait office de symbole de la Serre, et pour les botanistes, cet arbre représentait un accomplissement sans précédent : il a permis l'expérimentation d'un tout nouvel engrais magique, qui a accéléré sa pousse, passant de 30 ans à 5 ans. En passant devant le pot d'une Tentacula Vénéneuse mal en point, Albus ensorcela un petit arrosoir pour que celui-ci l'alimente en eau. Il regarda sa montre pour voir s'il n'était pas en retard, ce qui n'était évidemment pas le cas, et descendit de rapides escaliers pour se diriger vers son repère secret : les toilettes de la serre. Installées à l'arrache peu après la rénovation, ces toilettes n'étaient pas beaucoup fréquentées, voire pas du tout. Il faut dire que leur emplacement, caché derrière un imposant Figuier d'Abyssinie, n'aidait pas, et c'était tant mieux. Cet endroit méconnu, découvert par hasard par Albus et Mable, était leur repaire secret, le lieu des ragots, un lieu qui leur appartenait et qui était le gardien des secrets qu'ils se partageaient. Albus trouva Mable concentrée devant son chaudron, installé sur le lavabo. Il toqua doucement à la porte pour stipuler sa présence et elle se tournait rapidement vers lui :

- Te voilà ! Alors ce cours ? Ça ne va pas mieux j'imagine...

À la grande surprise de son amie, Albus affichait sur son visage un sourire sincère :

- C'était génial !

- Euh je connais ta passion pour les potions, mais... tant d'enthousiasme c'est surprenant.

Il rit et rougit subtilement en pensant à ce qu'il va lui dire, mais Mable reprit la parole instantanément :

- Bref, tu vas me raconter ce qu'il s'est passé dans ce cours, pendant que...

Elle retenait sa respiration pour laisser planer le suspense :

- ... Je te boucle les cheveux ! J'ai réussi la mixture !