Recueil d'OS

OS n°3 : Coming Out

Respirer. Prendre une grande inspiration. Expirer. Calmer les tremblements qui parcouraient son corps. Tout se passerait bien, il fallait qu'elle s'en persuade sinon elle n'y parviendrait jamais. Son courage de Gryffondor lui faisait défaut, mais elle n'avait jamais été réellement à sa place dans cette maison, elle l'avait choisi comme la plupart de ses cousins par devoir familial plutôt que par réelle envie. Elle le savait au plus profond d'elle même qu'elle aurait parfaitement eu sa place à Serpentard ou à Serdaigle, mais elle n'avait pas pu se résoudre à y aller, et à subir les remarques de sa famille. 

Les maisons de Poudlard était loin derrière elle désormais puisqu'elle avait reçu le matin même la lettre qui contenait ses ASPICs. Elle les avait brillamment réussis, c'était une chose de moins dont elle avait à se préoccuper. Elle avait été prise en alternance auprès des laboratoires de Sainte Mangouste pour une maîtrise de potions. Elle serait payée et elle s'était déjà rendue à Gringotts pour ouvrir un compte et transférer l'argent que ses parents avait mis de côté pour elle dans son propre coffre. Elle s'était parée à toutes les éventualités dans le cas où ils réagiraient mal. Elle le savait depuis plus de deux ans et en deux ans, on avait le temps de faire des plans.  

Elle était assise en haut d'une colline, terrain de leur enfance, ses cheveux roux flottant au vent. Ses mains avaient recommencé à trembler et elle avait mal au ventre. Plus l'heure du rendez-vous approchait, plus son envie de vomir grandissait. Elle entendit les pas de ses frères derrière elle mais ne se retourna pas. Elle n'était pas capable de leur faire face, de les regarder dans les yeux. Cet endroit était chargé de souvenirs, ils avaient passé la majorité de leur enfance ici, tous les quatre. Contrairement aux autres fratries de la famille, ils avaient toujours préféré rester entre eux plutôt que de se mêler à leurs cousins. Cet endroit était leur endroit, celui des Potter et non celui des Weasley. C'est pour cela qu'elle avait choisi cette colline. C'était leur place, et elle savait qu'ils y seraient tranquilles.

Teddy fut le premier à comprendre qu'elle ne bougerait pas et vint s'asseoir à sa droite. Teddy n'était pas son frère de sang, il ne portait pas le nom Potter, mais c'était son frère, au même titre que James et Albus. Il avait dix ans de plus qu'elle, elle ne l'avait jamais connu qu'autrement que lors des vacances scolaires, mais il passait la majorité de son temps chez son parrain alors Lily avait grandi avec lui. Elle ne savait pas combien il y avait eu de crises de larmes lorsqu'il devait repartir chez Andromeda, mais Lily se souvenait que c'était rare qu'elle ne pleure pas lorsqu'il les quittait. 

Elle revint au présent lorsque James s'assit à sa gauche, suivi par Albus, et posa sa main sur son épaule. Tous trois paraissaient plus ou moins inquiets et se demandaient ce qu'ils faisaient là.

Lily s'obligea à regarder devant elle lorsqu'elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle avait toujours été terrifiée par le rejet. Son épouvantard prenait depuis ses treize ans la forme de ses proches la rejetant, et elle n'était plus du tout aussi assurée que lorsqu'elle s'était décidée à la réception de sa lettre. 

— Oh Lily, ne pleure pas ! Qu'est-ce qu'il se passe ?

—Je... Il faut que je vous dise quelque chose. 

Lily évitait leur regard, même si elle sentait la main de James sur son épaule et Teddy prêt à la serrer dans ses bras pour la consoler. Elle inspira puis ferma les yeux, elle ne voulait pas voir leur réaction. 

—J'aime les filles. 

Elle maintenait ses yeux fermés malgré les larmes qui coulaient, décidée à ne pas croiser le regard de ses frères. Mais si Lily avait ouvert les yeux, elle n'aurait pas vu le dégoût qu'elle redoutait tant. Elle aurait vu la surprise dans les yeux d'Albus, de la tendresse dans ceux de James et de l'admiration dans ceux de Teddy. Mais elle aurait surtout vu à quel point les trois frères aimaient leur petite sœur.

—Viens par là.

Teddy la força à se tourner vers lui et la prit dans ses bras, rapidement rejoint par James et Albus pour un câlin collectif. 

—Je t'aime Lily. James t'aime, Albus t'aime. Tu es notre petite sœur et rien ne pourra changer ça. On ne te laissera jamais tomber, et encore moins pour quelque chose que tu ne choisis pas. Tu es libre et légitime d'aimer qui tu veux. Et la personne qui ose te dire quoique ce soit, je lui refais le portrait, peu importe qui c'est. Tout ce que je veux pour toi c'est que tu sois heureuse. 

Les pleurs de Lily redoublèrent, mais cette fois-ci c'était du soulagement. Elle était soutenue par les personnes qui lui comptaient le plus pour elle, c'était le plus important. Elle n'en parlerait pas tout de suite à ses parents, ni au reste de sa famille, mais elle n'était plus seule dans sa bulle, elle l'avait dit à quelqu'un et un poids énorme venait de s'envoler de ses épaules. 

La fratrie resta un long moment sur la colline, serrés les uns contre les autres à se remémorer les bons souvenirs de leur enfance. Plus tard, lorsque Lily aura grandi et totalement accepté qui elle est, celui-ci en fera partie.