Recueil d'OS

OS n°2 : Papa, Maman

Papa, Maman,

Je n'ai jamais vraiment su à quel moment de ma vie je vous écrirai cette lettre, ni comment je la commencerai, mais je crois qu'aujourd'hui, l'heure est venue.

Je ne vous ai jamais connu. Je n'ai aucun souvenir de vous deux. Bien sûr, je sais à quoi vous ressemblez, Grand-mère et Parrain m'ont donné de nombreuses photos et m'ont raconté beaucoup d'anecdotes sur vous, mais malgré tout cela, je ne vous connais pas et je le regrette. Cette guerre vous a arraché à moi, moins d'un mois après ma naissance.

Tante Hermione m'a confié une fois, les larmes aux yeux, que l'histoire se répétait. Comme Harry, j'étais un bébé orphelin et mes parents avaient donné leur vie pour que la Guerre se termine. Mais elle avait tort, contrairement à Parrain, je n'ai jamais grandi en manque d'amour, Grand-mère m'a profondément aimé, tout comme Parrain, chez qui je passais la moitié de la semaine. Depuis, qu'ils sont nés, j'ai toujours considéré James, Albus et Lily comme mes frères et sœurs. Mais malgré tout l'amour que j'ai reçu, et c'est peut-être une pensée égoïste puisque parmi tous les orphelins de ce monde, j'ai eu énormément de chance, ce n'est pas comme si c'était votre amour que j'ai reçu.

Je suis sans doute cruel, je sais très bien que vous m'aimiez, Grand-mère m'a raconté mes premières semaines à vos côtés et Parrain m'a montré le souvenir du jour où il a appris ma naissance. Il ne passe pas un jour sans que je ne pense à vous. Vous me manquez beaucoup. Certains trouvent cela absurde de ressentir un manque alors qu'on n'a jamais connu cette situation, mais c'est la réalité, vous me manquez.

C'était encore plus difficile lorsque j'étais à Poudlard (d'ailleurs, je ne sais pas si vous le savez, je suis à Poufsouffle, comme toi Maman). A chaque fois que je passais dans la Grande Salle, j'imaginais vos cadavres étendus, ce n'est pas vraiment le genre de pensées commodes pour un enfant de onze ans qui prend son petit-déjeuner. Votre mort m'a hanté chaque jour de ma courte vie et me hante encore aujourd'hui, mais avec le temps, j'ai appris à vivre avec.

J'ai parcouru la forêt interdite de nombreuses fois, en quête de la pierre de résurrection pour pouvoir vous parler, mais je ne l'ai malheureusement jamais trouvé. Parrain m'a entendu en parler à James et il est entré dans une colère noire, je ne l'avais jamais vu autant en colère, pas même quand James s'était mis en tête avec ses amis de retrouver l'échiquier qu'il avait utilisé en première année avec Ron et Hermione. Il m'a fait la morale, mais à mon grand étonnement, au lieu de me punir, il m'a offert la carte des maraudeurs. Il m'a dit que j'étais le digne fils de mon père, le digne descendant des maraudeurs, qu'il était fier d'être mon parrain. C'est ce jour-là qu'il m'a raconté tous les souvenirs qu'il avait de vous, il me les a même montré avec une pensine.

Et moi aussi je suis fier d'être votre fils. Parrain m'a beaucoup parlé de toi Papa. De tes craintes d'être trop vieux, trop pauvre, trop dangereux pour Maman, de ta terreur, qu'un jour je puisse avoir honte de toi. Et bien tout cela est faux Papa. Je n'ai jamais eu de honte de toi parce que tu étais un loup-garou, comme Maman qui t'a aimé entièrement, avec votre différence d'âge, avec ta pauvreté et ta dangerosité. Tu n'as pas fait de Maman une réprouvée, elle l'était déjà. Sa mère avait été reniée. Alors oui, Grand-mère et grand-père n'était peut-être pas ravi de voir Maman t'épouser, mais vous vous aimiez et c'était tout ce qui comptait. Tu ne m'as pas transmis ta lycanthropie, j'ai eu la métamorphomagie de Maman. Je suis fier d'être le fils de Remus, autant que d'être le fils de Moony.

Vous vous demandez peut-être pourquoi je vous écris aujourd'hui, en cette froide soirée de novembre, à vingt cinq ans, alors que cela fait vingt ans que j'aurais pu le faire. J'aimerais vous présenter quelqu'un. Deux personnes en réalité. Je suis amoureux de la femme la plus formidable sur terre, Victoire Weasley. Je suis sûr que vous l'auriez adoré. Victoire a deux ans de moins que moi, elle est blonde comme sa mère, a de grands yeux bleus. Au premier abord, elle peut paraître froide et hautaine, mais ce n'est qu'une façade et lorsqu'on a appris à la connaître, on peut voir à quel point elle est drôle, intelligente, courageuse. C'est une très belle personne. Mais je pense que vous vous doutez que ce n'est pas pour parler d'elle que je suis là aujourd'hui. Nous sommes ensemble depuis plus de six ans, mais ce n'est pas pour cette nouvelle que je vous écris.

Aujourd'hui, je suis devenu parent à mon tour et j'ai ressenti le besoin de vous écrire. Vous êtes les grands parents de Elise Hope Lupin. Dès que mon regard s'est posé sur elle, je vous ai compris. J'ai compris pourquoi vous vous êtes battu, pourquoi vous auriez tout fait pour que je vive heureux. Et vous avez réussi. Je suis actuellement le plus heureux des hommes. Et je sais que, comme vous, je ferais tout pour que ma fille soit heureuse également. J'ai voulu qu'elle est une trace de vous dans son nom, pour vous rendre hommage. Maman, je sais que tu n'aimes pas ton prénom alors je n'ai pas voulu le donner à ma fille, j'ai choisi le prénom de ta propre mère, Papa, j'espère que cela te plait.

Malgré votre absence, je peux dire que je suis heureux et je vous en remercie, parce que c'est grâce à vous. Merci d'avoir fait de Harry mon parrain, c'est une des personnes les plus importantes de ma vie et je ne serais pas la même personne sans lui.

Je suis fier de m'appeler Teddy Remus Lupin, fier d'être votre fils. J'espère que là où vous êtes vous pouvez entendre mes paroles, lire cette lettre. J'espère que vous aussi vous êtes fier de moi, de ce que j'ai accompli au cours de ma vie, du début de ma nouvelle famille. Je n'oublierai pas de parler à Elise de ses grands-parents qui j'en suis sûr, l'aiment très fort.

J'espère que vous aussi vous êtes heureux là haut, que toi Papa tu t'amuses avec James et Sirius, que toi Maman tu es heureuse, tout simplement.

Teddy, votre fils qui vous aime très très fort.