EIGHT

III

Paris
Septembre 2022

-Ç-ça ira je t'assure que-que je vais bien, tenté-je de rassurer Sam qui m'accompagne à la porte de mon dortoir.

Il frissonne avant de me regarder de haut en bas. Un doux s'affiche sur son visage et il pousse une mèche de cheveux qui adhère à mon front avant de reculer d'un pas et de reprendre la parole.

-Prend une douche, d'accord ? Réchauffe-toi et envoie moi un message, quand tu seras bien au chaud.

J'écarquille les yeux face à sa prévenance. Il est bien plus trempé que je le suis et il continue de s'inquiéter pour moi. Mon coeur se réchauffe et je hoche silencieusement la tête. 

-M-merci. Toi aussi...s'il te plaît. Fais attention à toi.

Il hoche la tête et recule d'un pas. Il fait un signe de la main avant de me quitter devant la porte et de courir jusqu'à sa chambre. J'espère qu'il ne va pas tomber malade. La pluie était tombée fort.

***

Je tire sur mes vêtements mouillés, pour tenter de les décoller de mon corps. Je déteste la sensation d'humidité qui s'immisce en moi. Je frissonne et je resserre la veste de Sam autour de mes épaules. Un sentiment de culpabilité m'agrippe la gorge lorsque je repense à son éternuement lorsqu'il m'avait quitté pour rejoindre sa chambre. Et si je l'avais rendu malade ? Il n'aurait pas dû rester avec moi. On se connaît à peine. Pourquoi avait-t-il fait ça ? Pourquoi était-il si gentil ? Je ne comprends pas. J'agrippe mon sac de ma main de libre comme s'il était ma bouée de sauvetage au cœur de ces questions qui tourmentent mon cœur. Il est tellement gentil.

J'ouvre la porte en soupirant silencieusement, avant de jeter mon sac sur le lit en face de moi. Le lit qui est supposé être vide, puisque que je n'ai pas de colocataire. J'entends un petit cri de surprise, qui me tire de ma rêverie et mon cœur s'arrête dans ma poitrine lorsque je croise le regard bleu d'une jeune femme.

-Fais attention avec ça ! rigole-t-elle avec mon sac entre ses mains. Tu as faillis me tuer. J'aimerais autant ne pas mourir, surtout dès mon premier jour.

Oh. J'ai espéré que ne pas avoir de colocataire. Je veux être seule dans ma chambre. Je n'ai pas envie qu'une personne soit témoin de ce que je vis chaque nuit. Je ne veux pas que leur sommeil soit affecté par mes hurlements. J'accroche mon regard au sien, mon souffle se coupe dans ma gorge. Nous avons toutes les deux les yeux bleus, mais ils sont tellement différents des miens. Alors que ses yeux pétillent la joie de vivre, les miens sont éteints. Je n'ai pas la même étincelle que son regard azur.

Elle se lève du bord de son lit, un sourire éclaire son visage. Je suis obligée de lever les yeux pour la regarder. Ses longs cheveux blonds encadrent son visage, et éclairent sa peau pâle. De petites rides se creusent au coin de ses yeux lorsqu'elle sourit. Elle a des tâches de rousseurs sur le haut de ses pommettes, et un grain de beauté près de son œil. Ses traits sont fins, et je ne peux m'empêcher de penser que cette fille n'est pas jolie mais magnifique. Je n'ai jamais vu une femme aussi belle qu'elle, à part maman. Je ne peux m'empêcher d'admirer son visage. Le soleil. Elle est l'incarnation du soleil. J'ai l'impression qu'elle illumine la pièce rien qu'en souriant. Les mauvaises ondes disparaissent à son simple contact. Comme si elle avait le simple pouvoir de faire disparaître les ténèbres d'un simple geste. Elle est magnifique. J'aimerai lui ressembler.

Elle me rend mon sac, son sourire ne quitte pas une seule seconde son visage. Je le récupère, la culpabilité me nouant la gorge. Et si elle me détestait ? Je n'ai jamais voulu lui jeter mon sac à dos dessus. Mon estomac se tord et je suis incapable de détourner mon regard de son visage. S'il te plaît ne me déteste pas, je n'ai pas fait exprès. J'ai peur. J'ai tellement peur. Je ne veux pas qu'elle me déteste. Et si elle pense que je suis bizarre ? Et si notre colocation est un désastre ? Et si elle est comme mon ancienne colocataire ? À cette simple pensée, j'eus une soudaine envie de m'enfuir en courant. Je triture les lanières de mon sac à dos avant de m'asseoir lentement sur le lit. J'esquisse l'ombre d'un sourire en la regardant.