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" À quoi sert-il d'être de glace, si même elle peut se briser en un million de morceaux ?"
POV - SLOAN
Quelque chose se déverrouille. Ou peut-être que quelque chose se brise. Je ne sais pas mais un bruit retentit. Ce bruit hurle dans ma tête, résonne dans mon esprit mais je ne fais pas le moindre mouvement. Je suis paralysée. Paralysée par la douleur, par mon cerveau qui relaie encore des images où du sang, mon sang coule. J'agonise dans cette marée rouge depuis plus d'une décennie maintenant.
Un nouveau bruit retentit. Quelqu'un m'interpelle. Enfin, je crois. Peut-être que ce sont des voix qui commencent à s'élever dans ma tête. Peut-être que je deviens folle ? Peut-être.
Mes yeux sont ouverts, ils fixent quelque chose. Quoi ? Je l'ignore, je crois que je suis trop obnubilée par ma propre torture interne. Pourquoi suis-je dans cet état-là ? Ce n'est pas la première fois, je ne comprends pas. Je n'arrive pas à me relever, j'ai l'impression d'être morte.
Le bruit s'intensifie, mes oreilles habituées au calme du silence sifflent au retour du son dans mon audition. Cet écho ressemble à des pas, ma solitude s'est-elle évaporée ?
"Sloan." Alors, on m'appelle vraiment ? Je ne sais toujours pas, je ne peux toujours pas bouger mes muscles recroquevillés. Pourtant le sol à la surface si dure, écrase tant ma peau que ça fait mal de rester ainsi sans esquisser le moindre mouvement.
Quelqu'un approche, je le sens s'accroupir près de moi. Je crois que j'ai peur. J'aimerais sursauter quand des mains se saisissent de mon corps, mais il reste inerte, dénué de vie. Est-ce que c'est lui ? Est-il revenu ? Va-t-il enfin me tuer comme il en rêve ?
"Sloan". Vais-je me réveiller de cette léthargie ? Je sens mon corps être soulevé pour être déposé sur un autre, des bras entourant mes épaules. Mes yeux restent scotchés à ce point au loin invisible, mais finissent par s'en détacher quand des doigts encerclent délicatement mon visage pour le tourner.
Je mets des instants avant de comprendre de qui il s'agit. Le tourbillon de ses émotions le rend méconnaissable.
Regrets. Désespoir. Remords. Douleur. Tellement de douleur. Comme si c'était lui qui était allongé sur ce sol en béton, si dur et si froid.
Adrian est là, il est là près de moi, me tenant dans ses bras, alors peut-être que tout ira bien. Ces phrases tourbillonnent dans ma tête mais j'ignore ce que je ressens à cet instant. Suis-je heureuse de le retrouver ? Amère de le retrouver après cette journée ? Trop anesthésiée par mes propres sentiments, je n'ai aucune réponse à me donner.
- Lo, murmure Adrian.
Sa voix est maintenant presque inaudible. Criait-il auparavant par peur de retrouver mon corps sans vie ? Sa main délaisse mon menton pour ausculter le dessus de ma tête.
- Je suis là, continue-t-il. Je suis désolée Lo, j'aurais dû être là... Je m'en veux tellement, putain.
Un poids se retire de mon cœur. J'ai envie de lui dire que cela n'aurait rien changé qu'il m'aurait quand même frappée, enfermée, humiliée, parce que ça se passe comme ça depuis que nous sommes enfants. La présence d'Adrian n'a jamais épargné mon sort et lui aussi connaît les coups de son père. Mais je ne lui réponds rien car même si cela n'aurait rien changé, affronter Reagan à deux est toujours préférable que de l'affronter seul.
- Reviens dans la réalité, s'il te plaît. Je - ça devait pas... ses cordes vocales se rompent sous le coup de l'émotion.
Le voir aussi affecté par mon état me brise un peu plus. Voir une des personnes qu'on aime être dans un état aussi lamentable brise un cœur, probablement même une âme. Nos yeux ne peuvent jamais vraiment effacer ce qui nous a traumatisé, au plus profond de nous-même. Je le sais parce que je me souviens de chaque coup que s'est pris Adrian sous mes yeux, je me souviens de tous ses coups et comment les voir m'ont heurté au plus profond de moi-même.
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ASHES OF US
RomansaReine de cœur, cœur brisé. Sloan Hale n'a jamais connu une existence remplie de douceur. Perçue par les autres comme une peste sans cœur, elle cache en réalité une vie teintée de malheur, où seuls le chagrin et la détresse habitent son âme brisée. M...