Chapitre 4: Allez!

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Il était là. Un Homme assis sur sa chaise, affublé de ce qu'il semblait de dos être un ridicule masque de lapin. Il fixait des écrans, immobile. Il n'y avait aucune autre source de lumière, et aucuns sons ne pouvaient être audibles. Thomas et Julien étaient justes derrière lui, il ne les avait pas encore vus. Ils se rapprochaient lentement de l'Homme afin de ne pas être repérés : ils avaient peut-être enfin trouvé le loup ! Julien montrait une barre en fer qui était par terre à Thomas :

« Prend la, et au moment où je l'étrangle par derrière tu l'assomme. Attend mon signal pour agir. » Chuchota-t-il à son compère.

Thomas avait bien compris, il n'était cependant pas sur de lui. Ses jambes et ses bras tremblaient si fort qu'il avait dû se tenir la main en prenant la barre pour ne pas qu'elle fasse trop de bruit. Il regardait les écrans du loup, ils affichaient chaque pièce du bâtiment. Depuis tout ce temps, il était en train de les surveiller pendant leur petite vadrouille.

Thomas devait faire le vide dans sa tête, il savait qu'il n'aurait pas d'autres chances et que cela sera décisif. Ils se tenaient juste derrière la chaise de l'Homme, qui ne les avait toujours pas repérés. Leurs cœurs battaient, leurs visions commençaient à se troubler, leurs front suaient. Le silence avait provoqué un phénomène de sourdine, il était plus que jamais pesant et étouffant.

Julien avait montré son signe à Thomas, c'était maintenant ou jamais !

« Aaaaaaaaaaaah ! ».

Un cri strident était survenu dans la pièce. Thomas et Julien s'étaient retournés : Marie ! A la vue du loup elle avait paniqué. Sophie s'était cachée derrière son amie, trop apeurée pour le regarder.

« Merde ! » Pensa Julien. Il s'était instantanément retourné pour ne pas être pris par surprise par le loup. Thomas tenait de toutes ses forces la barre. Ses sens à leur paroxysme, il était prêt à répondre à n'importe quelle attaque.

L'Homme n'avait pas bougé. Il était resté assis sur sa chaise, toujours affublé de son masque de Lapin. Tous étaient intrigués. Pourquoi n'avait-il pas bougé ? Thomas s'était approché de lui, tenant fermement la barre en fer. Sophie lui avait crié de ne pas y aller, mais c'était leur seul moyen de comprendre et de savoir l'état supposé du Loup. Eloigné, il avait bougé le bras de l'Homme. Aucune réaction. Il le poussa complètement avec plus de force dans le geste. Sous tant de pression, il tomba complètement de sa chaise, face à terre. Il portait toujours son masque.

Julien était venu près du corps. Il posa ses doigts près de son cou pour prendre son pouls. Le verdict était sans crainte : il était mort. Il avait jeté un coup d'œil autour du corps. Une bouteille de morphine se tenait sur le bureau qui était en face de là où il était assis.

« Il s'est sûrement suicidé à la morphine. C'est un narcotique, mais il est pourtant prescrit à faible dose. Il s'est probablement injecté un mauvais dosage. Cela a sûrement dû lui causer une attaque. Je pense que c'est ce qui s'est passé. » Précisa Julien.

De par ses connaissances en médecine, il avait parfaitement cerné le cas de cet homme masqué.

La pression était retombée dans la pièce. Ils étaient tous soulagés de le savoir mort. Ils avaient gagné le jeu et avaient battus le Loup !

Néanmoins, Thomas s'était approché du mort qui gisait à leurs pieds. Il voulait savoir à quoi ressemblait celui qui les avaient traqués et qui avait tué la pauvre Lucie. Il avait ainsi retiré le masque de leur agresseur.

Il s'agissait d'un homme chauve à la fine bouche. Ses paupières étaient fermées, on ne pouvait pas voir ses yeux. Il avait tout le côté gauche de son visage affublé de balafres et de brulures en tout genre. C'était sûrement à cause des effets de la morphine qui l'avait rongé de toutes parts.

« Est-ce que quelqu'un le reconnait ? Demanda Thomas.

- Non. Mais à en voir son état, il devait être gravement malade pour s'injecter autant de morphine, rétorqua Julien.

- Maintenant qu'on y regarde l'endroit, on dirait un ancien asile abandonné, remarqua Sophie.

- Si le loup était ici, c'est qu'il y a forcément la sortie pas loin. Avec le code-barres de Thomas on peut ouvrir encore une pièce. Il y reste deux pièces à gauche, reste à savoir laquelle ouvrir. ».

Thomas avait encore un frisson qui lui avait traversé le dos. Cependant maintenant que le Loup était mort, il pouvait leur dire qu'il n'en avait pas et ainsi ne pas se faire accuser à tort.

« - Ecoutez-moi, en réalité... ».

Ils avaient tournés la tête pour l'écouter. A cet instant, une silhouette menaçante s'approchait lentement de Thomas. Elle lui avait sauté à la gorge et empoignait son cou : elle voulait l'étrangler ! A cet instant, il pouvait voir le visage de son agresseur : l'Homme au masque ! Il n'était pas mort ! Sa poigne était forte. Lorsque Julien s'était approché pour aider son ami, le Loup l'avait repoussé d'un violent coup de coude. Il n'avait pas perdu ses forces, et Thomas commença à suffoquer. Il ne tiendrait pas longtemps comme ça. Allait-il mourir ici ?

« Pas question de mourir ici ! » Pensa Thomas.

D'un violent puissant mouvement de jambe, il repoussa la menace d'un grand coup sur son estomac. Cette fois-ci, c'était le loup qui était mal en point. Il se tordait de douleur, se frappait le torse. Comme dans un excès de folie, il tentait d'arracher ses globes oculaires avec ses mains. Il crachait du sang en abondance, il en coulait également de ses orifices oculaires. Dans un dernier cri, il s'étalait sur le sol. Il ne bougeait plus. Un de ses œil (qu'il avait réussi à arracher) roulait lentement sur le sol. Son sang coulait dans toute la pièce. Marie et Sophie étaient sorties de la pièce vomir. C'était un spectacle sanglant.

Julien s'était approché de son cadavre. Cette fois-ci plus aucun doute : il était bel et bien mort pour de bon. Il s'était excusé de son erreur qui aurait pu coûter la vie à son ami. Il avait ensuite examiné le masque que portait le Loup. Ce qu'il y avait trouvé était surprenant :

« - Regarde Thomas, une punaise à été mise à l'intérieur. Elle a été placée de sorte à ce qu'elle pique en retirant le masque. Rien qu'à l'odeur je reconnais de quoi elle a été enduite, expliqua Julien.

- De quoi s'agit-il ? Continua Thomas.

- Il a été tué par cette punaise. Elle a été enduite avec un poison très rapide. Il a ensuite dû être drogué comme nous l'avons été, juste assez pour le faire dormir. Je pense que la drogue était toujours présente lorsque le poison a agi, c'est pour cela qu'il est devenu fou avant de mourir. ».

Thomas tremblait. Il était encore sous le choc de la mort du type. Il y réfléchissait encore, il l'avait tué en lui retirant le masque de Lapin. Il avait lui aussi envie de vomir et ses yeux étaient au bord des larmes. Il n'y croyait toujours pas, il avait tué un homme. Julien le rassurait en lui disant que c'était pour sa survie et que c'était lui ou sa vie.

Il avait déplacé Thomas à l'extérieur de la salle, où les y attendaient Sophie et Marie.

« - Au moins nous sommes saufs, le Loup est mort, a alors dit Sophie.

- Non. Il était destiné à être tué, de ce fait il ne pouvait pas être le Loup. En d'autres termes, le jeu n'est pas terminé. Le loup est toujours parmi nous ».

Le loup n'était pas mort, et la partie n'était pas terminée.


" Préfère l'indifférence à la haine pour tes ennemis, car la haine est une passion aussi démesurée que l'amour."

Le jeu du LapinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant