Chapitre 2 : Comme une prison de verre

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D'abord, il y a le vent qui caresse son visage

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D'abord, il y a le vent qui caresse son visage. Il fait danser quelques mèches, elle les sent, lancinantes et chatouilleuses sur ses tempes.

Et puis, il y a un souffle chaud sur son cou.

Et il y a le noir, immense.

On chuchote à son oreille, mais elle n'arrive pas à comprendre. Les mots s'envolent et elle ne réussit pas à les capturer. La chaleur sur sa nuque se fait plus forte et se transforme en feu. Comme le brasier d'une corde qui bouge, serre, frotte, et arrache sa peau. Ses poignets, eux aussi, sont en train de brûler par la faute de cette chaîne de chanvre qui l'entrave et coulisse à chaque mouvement.

Elle entend qu'on rit. Un rire d'homme qui virevolte tout autour d'elle. Soudain, il y a un bruit, métallique. Il bat la mesure au rythme de son propre cœur qu'elle sent maintenant tambouriner dans sa poitrine. Le bandeau sur ses yeux est bien trop serré et elle a l'impression que ses orbites s'enfoncent dans son crâne. Ses bras sont tirés vers l'arrière, autour de ce qui lui semble être un arbre, rugueux, douloureux. On dirait qu'il aime planter son écorce ancestrale dans son dos, à chaque fois qu'elle essaie d'amorcer le moindre mouvement, et qu'il joue de concert avec la corde qui l'étrangle dès qu'elle cherche à remuer les mains pour s'en libérer.

Alors, la voilà, cette émotion maintes fois domptée et annihilée. Elle finit par se frayer un chemin à l'intérieur. D'abord là, juste en dessous du nombril, sensation de chaleur douce. Puis le bassin qui se tétanise, elle arrive.

La Peur.

Insoumise.

Incontrôlable.

Rapidement, elle étend ses tentacules pour venir enlacer la poitrine et étreindre le cœur.

Elle sait bien que rien n'est réel, qu'elle n'est là qu'en simple spectatrice dans une scène effrayante, même si elle semble y jouer le rôle principal. Pourtant, la panique s'installe et la submerge alors qu'un cri viscéral tente de sortir de sa gorge serrée.

Un cri de terreur.

À la place, le silence.

***

Les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte dans un hurlement muet, elle se retrouve propulsée chez elle. Elle distingue à peine l'endroit où elle se trouve. La lumière pâle de la lune, lui laisse juste entrevoir la pièce où elle vit, mais, à l'évidence, son véhicule terrestre ne répond plus. Ses bras sont plaqués sur son lit, comme maintenus par des mains puissantes. Son cri silencieux ne veut pas la sortir de sa torpeur.

Dans un dernier élan désespéré, son corps tout entier, tendu et solidaire, essaie de puiser l'énergie et la rage nécessaires pour s'échapper de sa prison de verre. Elle hurle si fort que sa tête lui semble prête à exploser. Seul un râle rauque finit par se faire une infime place dans sa gorge desséchée. Il joue un son insignifiant, mais suffisamment réel pour la libérer de sa paralysie nocturne et cauchemardesque, la laissant tremblante et trempée de sueur.

Funambule: Samsãra - Cycle 1 (autoédité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant