Chapitre 1

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Le jour se levait sur Lorendia. Les premiers rayons de soleil faisaient étinceler les grandes tours d'émeraude et les ponts de diamant de la capitale du royaume d'Éveria. Les innombrables tours, donjons et murailles resplendissaient sous l'éclat de l'astre radieux. Cette cité s'enroulait autour du mont Youme, s'élevait avec la pente, jusqu'aboutir à la citadelle qui culminait à ses sept cents mètres d'altitude. Le bas de la ville était en partie baigné par le lac gigantesque qui s'étendait vers le sud. Cette immense étendue d'eau réfléchissait le soleil levant, éblouissant quiconque y jetait son regard. 

Même un étranger sans connaissances sur Éveria en déduisait tout de suite, en la voyant, que Lorendia était effectivement la ville la plus importante du royaume. Depuis des siècles, le pouvoir s'y était installé, et la même dynastie y régnait depuis ces temps-là. Contrairement à de nombreux autres pays, la population pouvait se réjouir d'avoir eu des rois et reines justes, qui cherchaient le bonheur de leur peuple. Encore aujourd'hui, la reine Camilla Sul'Mirian , suivant l'exemple de ses aïeuls, restait à l'écoute de son peuple, et gouvernait avec justice et sagesse. Sous le règne de son grand-père, Beni Sul'Gavian, et de son père, Mirian Sul'Beni, le pays avait atteint son âge d'or. La paix était établie depuis des années, les relations commerciales et diplomatiques avaient été développées avec les peuples voisins. Son royaume s'étendait bien loin, et prospérait grâce à son économie efficace, basée sur le tissu, les mines et l'agriculture.

La cité était séparée en deux parties. On y entrait par la ville-basse, à la base du mont. Même si cette partie était réservée au peuple, aux artisans, aux marchands, elle était remarquable par sa propreté et son opulence.

Les larges maisons aux façades multicolores formaient des rues espacées, qui convergeaient toutes vers la ville-haute. Déjà à cette heure matinale, une certaine activité régnait dans les longues avenues: les boutiques s'ouvraient, les volets se rabattaient, les artisans commençaient déjà leurs travaux. Des fleurs couvraient les façades partout, et plusieurs parcs ouvraient déjà leurs portes au public. Sur l'herbe fraîche et verte, les oisifs pouvaient s'asseoir, et contempler la vue magnifique que leur offrait l'altitude à laquelle ils se trouvaient.


Les voies pavées montaient vers la ville haute, où elles étaient encadrées par de magnifiques villas, demeures des habitants les plus riches. Plus on montait, plus les propriétés étaient grandes et merveilleuses. Des tours en émeraude s'élevaient de part et d'autre, couronnées par des clochers renfermant une multitude de cloches dorées, dont le son doux porté par une brise légère se répandait au-dessus de la ville. Ici, les avenues perdaient de leur linéarité, et montaient en lacet vers l'école suprême du royaume et la citadelle royale. Pour y accéder, il fallait d'abord traverser un pont en diamant, merveille architecturale, qui surplombait un gouffre naturel, creusé dans la montagne. De ce gouffre, on ne voyait pas le fond, la légende affirmait que des géants l'avaient miné, il y a des siècles, pour y trouver un trésor supposément enfoui. Ce mythe ne racontait cependant rien sur leur succès possible. Peut-être qu'un trésor s'y trouvait encore, mais personne n'était assez fou pour oser descendre dans cette crevasse à la recherche de ce qui n'existait probablement pas.

Après avoir traversé le pont, on traversait une porte en marbre, surveillée par les Gardes Royaux, une troupe de soldats d'élite, formés pour protéger la reine et sa famille, parés à toute éventualité. La population avait le droit de franchir cette porte, car juste après se trouvait le parc royal, un grand espace vert organisé en terrasses, qui s'accrochait à la montagne. Là avaient lieu les spectacles et festivités organisés par la famille royale. Les nuits d'étés, on accrochait des lanternes aux arbres, et la fête se déroulait toute la nuit.

Ensuite, le campus de l'école royale s'étendait vers le haut: des nombreux bâtiments en marbre, aux coupoles en verre, qui abritaient l'institution la plus prestigieuse du royaume. L'école royale offrait les formations les plus hautes et les plus raffinées; on y trouvait des formations en expression musicale, en diplomatie, en art de combat et en magie verbale. Le concours pour y rentrer était très sélectif, seuls les meilleurs élèves pouvaient espérer y être reçus. L'élite du royaume y était formée. On y comptait environ trois cents élèves.


Enfin, après l'école royale, on voyait la citadelle, entourée par des murs de marbre et d'or. Dans son donjon central, décoré de rubis, de saphirs et d'émeraudes, se trouvait la demeure de la reine Camilla et de sa famille. Là aussi, les Gardes Royaux veillaient partout. Personne ne pouvait entrer dans la citadelle sans subir un contrôle d'identité. La sécurité de la famille royale était primordiale. Néanmoins, la reine Camilla faisait souvent des audiences pour tous, où les citoyens pouvaient amener leurs plaintes ou leurs questions devant elle. C'est cela qui faisait sa popularité parmi son peuple. La tour la plus haute de la citadelle, au sommet du mont, dominait la plaine entière, et, la nuit, la flamme éternelle qui la coiffait se voyait à des dizaines de lieues.


C'était en cette journée qui s'annonçait si belle qu'Alba arriva à Lorendia. Fille d'un riche négociant de laine, c'était la première fois qu'elle allait voir la capitale du royaume. Son horizon s'était limité jusque-là à la prospère ville de Kaloga, dans laquelle s'était déroulée sa jeunesse, et aux plateaux qui environnaient la ville, sur lesquels vivaient les troupeaux de son père. Son enfance avait été heureuse, Alba était entourée d'un père et d'une mère qui l'aimaient et qui avaient tout fait pour elle. Fille unique, elle était assez indépendante et autonome. Son éducation s'était déroulée dans l'école professionnelle appliquée de Kaloga, dans laquelle elle suivait depuis des années des études pour devenir sylvine, c'est-à-dire responsable de parcs et forêts. Ce qu'elle aimait par-dessus tout, c'était le contact avec la nature, et elle voulait en prendre soin. Une fois qu'elle aurait obtenu son diplôme, l'année prochaine, elle pourrait partir en quête d'un poste, dans les environs de Kaloga, ou même à Lorendia.

Même si sa formation portait essentiellement sur la nature, les autres disciplines scolaires n'avaient pas été négligées : Alba avait reçu une éducation complète en littérature, en histoire, en communication humaine et en arts. Elle s'était en outre exercée à l'équitation, au tir à l'arc, à la poésie, au théâtre et à la lutte. Ce serait donc avec un bagage complet de connaissances, d'outils et de compétences qu'elle commencerait sa vie d'adulte. Mais ce temps était encore assez loin.

Aujourd'hui, Alba ne songeait qu'à son excitation de découvrir la plus belle ville du pays. Du haut de ses 1m75 et des deux mètres de son équarius (mammifère semblable au cheval, mais plus grand, plus rapide et plus fort), ses cheveux ondulants dans le vent, elle contemplait avec admiration le spectacle qui se dressait devant elle. Vêtue simplement d'un haut rouge et d'un pantalon noir, elle se dressait toute droite, ses yeux se promenant partout, essayant de tout voir à la fois. À la vue du pont en or délicatement ciselé, qui allait les guider vers les portes de la ville, elle laissa échapper un petit cri d'émerveillement. Son père, chevauchant devant elle, se retourna, un sourire aux lèvres.

- C'est aussi la réaction que j'ai eue jadis, en découvrant Lorendia pour la première fois. Même aujourd'hui, cette ville splendide ne cesse de m'émerveiller.


Les Gardiens du trôneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant