— Bien, je vais à présent te conter l'histoire du premier élu étant apparu dans le monde. Ce fut à une époque lointaine. Très lointaine... Trop lointaine. Il s'appelait Keisuke Norizugawa. Depuis petit il a toujours été de nature... Compliquée. Mais ceux qui le connaissaient savaient que c'était une belle personne, dotée d'un cœur pur et toujours à même d'aider son prochain. À l'époque, le Japon était en crise et il y avait pas mal de guerres civiles, raison pour laquelle tous les garçons, une fois qu'ils avaient atteint l'âge de 8 ans, devaient recevoir une formation pour devenir samouraï et partir au combat défendre sa contrée. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours connu Keisuke. Nos mères étaient comme des sœurs alors forcément nous étions obligés de nous fréquenter. Nous sommes donc devenu amis. L'année de nos 8 ans, étant donné que nous avions le même âge, nous devions partir loin de nos familles pour suivre la formation qui allait faire de nous des guerriers. Nous étions équipés et savions où il fallait qu'on aille. Le trajet était périlleux et nous avons été sujets à de nombreux obstacles. C'est là que j'ai compris qu'il était vraiment un être à part. Je l'eût vraiment compris lors du premier obstacle qui s'opposa à nous. Il nous fallait longer une rivière pour atteindre des plaines pour se ressourcer, et nous fûmes tombé sur un tigre qui voulait s'abreuver et lorsqu'il nous vit, il s'avança dans notre direction. J'étais totalement apeuré et je voulus tirer mon ami par le bras pour qu'on tente de s'enfuir, mais lui ne bougea pas. Il resta sur place et continuait de fixer le prédateur qui était maintenant à quelques centimètres de nous. Sous l'effet de la peur je tombai dans les pommes, et lorsque je rouvris les yeux, j'étais couché le ventre contre le dos du prédateur avec mon ami, lui aussi sur le ventre de l'animal, mais en position assise. Il chevauchait un tigre, le plus gros félin au monde et au sommet de la chaîne alimentaire. Je n'en revenais pas. Arrivé au pied d'une falaise, on descendit du dos du tigre et nous continuâmes notre chemin. Je n'osais pas posé la question relative à la présence et au comportement du prédateur nous ayant aidé, cet événement était encore dur à assimiler pour moi.
Le périple s'acheva finalement lorsque nous arrivâmes au lieu de formation. L'on nous reçut avec pour promesse de nous faire commencer le lendemain même. Après une bonne nuit de sommeil, j'étais surpris à mon réveil de constater que Keisuke n'était plus dans la chambre qui nous a été assignée. J'allai vers l'extérieur pour commencer l'entraînement et ce que je vis était tout bonnement prodigieux: Keisuke était en train d'affronter le maître le plus expérimenté du centre de formation. Je savais que c'était lui parce que la veille il nous avait fait une démonstration de son talent au sabre. Sa force était prodigieuse, et on venait de mettre un gamin de 8 ans qui n'avait jamais tenu un sabre de sa vie en combat singulier avec lui. Heureusement, c'était un combat à mains nues. Mais ça n'arrangeait pas les choses vu que mon ami n'avait aucune expérience au karaté alors que son opposant en était un parfait utilisateur étant donné les 15 tuiles de béton qu'il avait pulvérisé la veille de deux coups de poing successifs. Je ne pouvais pensé à autre chose qu'au fait que c'était de la folie. Et devine quoi ? Me demanda le tigre à côté de moi.— Je suppose que Keisuke a gagné. Proposai-je comme réponse.
— Oui. Et à plate couture figure toi. Le chef du centre n'avait eu aucune chance de le vaincre. J'appris à la fin du combat par un de nos aînés du centre de formation que le matin avant le combat, Keisuke s'était rendu à l'endroit où le chef et les sous-chefs du centre discutaient en prenant leur petit déjeuner et il leur a dit que sa place ne se trouvait pas dans cette guerre à laquelle ce centre voulait le former pour qu'il y participe. Le chef du centre a pris cela pour une tentative de désertion et il a voulu l'exécuter, mais étant donné que ce n'était qu'un nouveau au centre, il a plutôt opté pour une correction musclée en faisant passé un marché à mon ami. Si le chef gagnait le combat qui allait les opposer, Keisuke devait continuer la formation pour devenir samouraï. Et si Keisuke l'emportait, il serait libre. Après l'avoir donc battu, Keisuke alla chercher ses affaires, il se tint devant moi et dît de son éternel voix calme : «tu peux venir avec moi si le cœur t'en dit. Je ne te force à rien. La mort se trouve aussi bien en venant avec moi qu'en restant pour cette guerre d'un autre temps» et il s'en alla. Je partis prendre mes affaires et je l'ai suivis. Et ce n'est qu'à ce moment là que je sus que j'étais compris dans son marché avec le chef de formation. C'est après avoir quitté cet endroit que mon ami me confia qu'il ressentait en lui un attachement très fort avec la nature. Les animaux sauvages n'avaient aucune hostilité envers lui, les poisons venant des serpents et de certaines plantes n'avaient pas effets sur lui et il sentait qu'une menace approchait. Il me dît aussi qu'il faisait des rêves où le monde tout entier était dirigé par une seule personne, qui avait un pouvoir des ténèbres et prônait la violence, l'esclavage et divers pratiques inhumaines. Il se disait donc qu'il lui incombait de sauver le monde. Il me révéla également qu'il avait en lui le seul moyen pour quelqu'un de dominer ce monde et cela avait un rapport avec la nature. Il le savait depuis le jour où peu de temps avant notre départ pour le centre, il s'était fait attaqué par un être fantomatique qui avait pris possession du corps de son chien de compagnie. Tout d'un coup, son animal était devenu agressif envers lui et s'était même mis à parler notre langue dont il se servait pour dire à Keisuke que son heure a sonné. C'est depuis ce jour qu'il a pris cela au sérieux. Keisuke n'a pas eu d'autres choix que de tuer son ami canin ce jour là, ce qui l'attrista beaucoup. Mais il comprit que sa voie était de sauver le monde. Je vais te passer les détails, il a réussi à sauver le monde. J'étais avec lui à chaque combat, à chaque difficulté. Il menait une guerre des plus ardues, et ce tout seul. Je le félicitai à chaque victoire mais je savais que je ne lui servais à rien. Chaque fois que nous étions attaqué par un esprit qui prenait le contrôle d'un féroce animal qui n'était même pas de la région c'était lui qui me protégeait. J'étais plus un boulet pour lui qu'autre chose... Même pour se procurer à manger, c'était grâce à lui qu'on arrivait à avoir de la bonne viande le soir. J'en suis même venu à regretter de l'avoir accompagné. Et dis toi qu'il a eu plusieurs occasions de m'abandonner. Un jour, j'étais tombé gravement malade et il a veillé sur moi toute la nuit, renonçant même à son propre sommeil pourtant il s'était battu contre plusieurs ennemis en même temps ce jour là. Un esprit maléfique s'était montré intelligent et avait pris possession du corps d'un homme qui, en voyant mon état, se fit passé dans un premier temps pour un guérisseur qui passait par là. Keisuke ne se douta pas que s'était un stratagème pour l'atteindre lui. Au contraire il voyait ça comme une chance étant donné que nous faisions aussi des rencontres pendant notre voyage, si bien que les guérisseurs ça couraient les rues. L'esprit profita de sa proximité avec Keisuke, alors qu'il faisait semblant de constater mon état, pour lui planter un objet maudit dans l'épaule. C'était la première et la seule fois que Keisuke se fit blesser depuis que je le connaissais. Lui pourtant invincible, à l'abri des attaques de part ses réflexes plus que surhumains et même des maladies de part son invulnérabilité immunitaire, venait pourtant de se faire toucher à cause de moi. Il avait juste relâché sa vigilance parce qu'il avait vu une lueur d'espoir pour qu'un freluquet comme moi vive, et ça lui a coûté de se faire poignarder. Je n'arrive pas à me le pardonner jusqu'à présent alors que cela s'est passé il y a plusieurs dizaines de milliers d'années. Après s'être fait poignarder, Keisuke le tua sur le champ d'un coup de poing d'une brutalité que je ne le connaissais que lorsque la situation l'exigeait. La tête de l'enveloppe charnelle que l'esprit avait revêtu pour commettre son acte explosa tellement le coup avait été donné avec force. Puis il retira l'objet de sa chair et le détruisit. Il me porta en suite et se mit à entamer une course dont je le pensais incapable. Tu te rends compte que pendant plusieurs années, Keisuke vivait à mon rythme pourtant il avait une mission d'une importance planétaire à accomplir ? Et il s'en sortait très bien. Pendant cette course ultra rapide, sa blessure lassait s'échapper un peu de son sang et quelques gouttes se posèrent sur mes lèvres entrouvertes. Dans un réflexe, ma langue passa sur mes lèvres et je tombai dans un profond sommeil. À mon réveil, je me sentais si bien que je n'en revins pas. J'étais pourtant à l'agonie. Je compris que c'était son sang qui m'avait guérit en passant une nouvelle fois ma langue sur mes lèvres et je constatai au goût qu'il s'agissait d'un peu de sang ayant séché. Keisuke n'avait pas l'air surpris de me voir aussi en forme mais il souriait, signe qu'il en était content. Nous avions 18 ans lorsque Keisuke vainquit le commanditaire de tous les esprits diaboliques contre lesquels il s'était battu pendant 10 ans. Ce type... Je n'oublierai jamais son nom : Ranjin. C'est sûrement l'être le plus perfide qui ne m'ait été donné de voir, et après Keisuke, c'était sans nul doute le plus puissant. Il lui donna d'ailleurs extrêmement de difficulté lors de leur combat. Pour la première fois, Keisuke m'avait demandé de partir très loin de la scène. Je voulus refuser, mais je me suis rendu compte que j'allais gêner le combat. Une fois suffisamment loin, cela n'empêcha pas que je puisse voir ce combat d'une violence et puissance sans égale. À un moment, je distinguai les deux adversaires se battre en volant, et je me demandai si mon ami en était capable depuis. Ce fut ainsi après un combat de 15 jours et 15 nuits que Keisuke l'emporta sur Ranjin le maître du négatif. Tu sais Chris, j'étais vraiment content que cette guerre que menait Keisuke se soit enfin achevé. Tout ce sang, cette violence et ce désordre étaient enfin finis. Nous allions pouvoir vivre en paix.