Chapitre 4 : Le couloir

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Après 3h en salle de montage, je décrocha enfin mes yeux de l'écran. Je me rendis compte que j'étais la dernière dans la salle avec Monsieur Piquemal qui lisait un livre.

G : "- Excusez moi Monsieur, je n'ai pas vu le temps passer. Pourquoi vous ne m'avez pas mise dehors à la fin de la deuxième heure ?"
Monsieur Piquemal : "- Parce que tu avais l'air vraiment à fond dans ton montage, comme un peintre en plein chef-d'œuvre, je ne pouvais pas interrompre cela. Et puis au fond j'avais du temps devant moi, ça me sert un peu d'excuse pour me poser et me relaxer avec un bon livre sans qu'il y est du bruit autour."
G : "- Vous lisez quoi ce beau cette fois-ci ?"
P : "- Un recueil de poésie, je pense qu'il y en a un qui te plairait énormément. C'est ''l'espoir en Dieu" de Alfred de Musset. Je te le conseille fortement. Tiens je te prête mon livre, mais tâche de bien me le rendre."
G : "- Vous savez, je ne suis pas très religion, tout ce qui est Dieu etc. Ce sont des sujets que techniquement on ne devrait même pas aborder avec son professeur, non ?" Lui répondis-je en prenant son livre et regardant la 4ème de couverture.
P : "- Alors techniquement, oui je ne devrais pas aborder le sujet de la religion avec une élève, mais déjà nous sommes à la fac, vous avez tous déjà la majorité donc j'imagine que vous avez tous déjà un avis la dessus. Et puis le cours est fini depuis 1h donc je ne suis plus vraiment le professeur. De plus le poème que je te conseil parle de religion mais pas de la façon dont tu le pense. Au contraire. Fais moi confiance. Et maintenant si on pouvait sortir de cette salle, avant que je ne meurs de faim. J'imagine que tu veux emprunter du matériel pour cette après-midi ?"

Avant même d'attendre ma réponse, il sortit le cahier des emprunts et me donna la clé du local de matériel.

G : "- Soit vous lisez dans les pensées, soit vous êtes très observateur Monsieur."
P : "- Je répondrais observateur, telle Sherlock Holmes, tous les mardi, tu empruntes quelque chose, car je sais que tu aime aller filmer l'après-midi vu que tu as très peu de cours ce jour-là. Quel est ton nouveau projet perso ?"
G : "- Pour être honnête, je ne sais pas encore, je filme énormément plusieurs choses du quotidien etc. Mais je ne sais pas encore le but de tout ça. Je crois que pour l'instant juste filmer des choses comme ça sur le vif m'apaise, me permets de peut-être contrôler les choses où mieux les comprendre." Lui répondis-je en étant dans le local et prenant la petite caméra 4K et un stabilisateur.

Nous sortîmes tous les deux de la salle et Monsieur Piquemal la ferma à clé. Je lui souhaita une bonne journée et je partis en direction du grand couloir. La salle de montage se trouvait au dernier étage, ce qui donnait une vue improbable sur le hall. En effet, le bâtiment était comme une sorte de cube où il y avait un énorme centre et toutes les salles étaient construites autour. Donc de n'importe quel étage, on pouvait voir ce centre, avec cette magnifique faïence au sol représentant le logo de l'université en gigantesque. Ca donnait un petit côté américain. Dans 3 min, les élèves allaient tous sortir de leur salle de classe et donnera un plan splendide vu d'ici. Je commença donc à sortir la caméra, la mis sur le stabilisateur et la mis en route pour faire les réglages.

Voilà, les élèves commença tous à s'agglutiner, en piétinant le logo coloré. Cela donnait la sensation d'un ras de marais humain vu du 'ciel'. J'étais vraiment contente de mon plan, mais d'un coup je sentis mon bras trembler. Je commençais à me sentir faible, avoir chaud, et ma respiration accéléra. C'était une crise...
Par réflexe, je pris mon portable de ma poche pour essayer d'appeler ma mère qui était l'une des seuls qui arrivait à m'apaiser à distance, où alors Tristan où Lou pour qu'ils puissent me rejoindre. Mais hier soir je m'étais endormi sur ce foutu canapé, résultat je n'avais pas mis mon portable à charger et je n'avais plus de batterie. Je me sentis prise au piège. Pourtant la maison était à quelques minutes du campus, j'aurai pu rentrer, mais je sentais mes jambes devenir totalement molle et elles tremblaient également.

"Bon Garance, ce n'est pas ta première crise, ça va allait. Elle va finir par passer comme les autres. Faut juste que je trouve un coin tranquille pour réussir à m'apaiser." Me dis-je à voix haute.

Par chance, à cet étage il y avait un couloir plus loin où il n'y avait pratiquement aucun élève qui passait par-là. Personne n'avait jamais cours dans ses salles, je pense même qu'elle ne servait plus du tout. J'essayais donc tout doucement de m'y rendre. Je mis mon dos contre le mur, me laissa glisser, mis mes genoux contre ma poitrine et rentra ma tête dedans.
J'essayais de calmer ma respiration, mais le fait de me concentrer dessus ne faisait qu'empirer les choses, je sentais les larmes monter. Je me détestais d'être comme ça, il n'y avait aucune raison que je fasse une crise à ce moment-là, tout allait très bien. Pourquoi je ne pouvais pas être comme les autres de mon âge ?
J'étais tellement focalisé dans mes pensées, que je n'ai pas entendu une personne s'approchait de moi, mais je sentis la présence s'asseoir à mes côtés. Puis une voix très douce me dire :

"- Tu vas bien ? Qu'est-ce qu'il ce passe ? Tu as mal quelque part ?"

J'avais tellement honte que quelqu'un me voie ainsi que je ne leva pas la tête pour répondre.

G : "- Si si ça va, juste un petit coup de mou, je me reposais les yeux quelques minutes avant de retourner en cours. J'ai pas trop envie de parler désolé." Répondis-je pour que la personne me laisse tranquille.
? : "- Je pense surtout que tu mens très mal et que ce n'est pas un simple coup de fatigue. Je peux peut-être faire quelque chose pour t'aider ? Personne ne passe dans ce couloirs, si je pars, tu vas finir par dormir ici."

Mais qui est cette foutu personne qui ne veut pas me laisser tranquille ? Pourquoi elle veut à tout prix m'aider ? Je ne veux pas qu'on me voit comme ça, c'est si ridicule d'expliquer quelque chose d'inexplicable.
Je décida quand même de lever la tête pour lui parler en face. Mais quand mes yeux ce posa sur elle, je n'ai pu juste dire qu'une seule chose.

G : "- Mathilda ?"


MathildaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant