Chapitre 3 - Astérion

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Comme promis, l'infirmier revint une dizaine de minutes plus tard accompagné des trois autres membres de la famille Leroy, avant de sortir et leur offrir un peu d'intimité. En apercevant son frère qu'il avait toujours adulé, un sourire d'enfant illumina le visage de Peter.

Thomas Leroy, l'aîné de la fratrie. Celui avec qui la génétique avait été si généreuse : des iris bleu foncé, des cheveux clairs coupés courts, une haute silhouette bien proportionnée à la musculature habilement dessinée par les entraînements militaires. Il s'était récemment laissé pousser une barbe de trois jours qui rendait son visage charmeur un peu plus âgé alors qu'il n'avait que vingt-quatre ans. Toute leur scolarité, Peter avait eu l'habitude que l'on doute de leur lien de parenté et cela ne s'était pas amélioré avec les années.

Sa mère, Eve Leroy, portait une jupe et un pull en laine par-dessus un chemisier blanc. Elle s'était faite belle pour le retour de son fils aîné. Ses cheveux foncés étaient retenus en queue de cheval et quelques rides se remarquaient sur son visage doux et pâle. Peter nota son anxiété à son regard écarquillé. Il savait qu'il allait avoir droit à un interrogatoire tatillon très bientôt. Il ne pouvait s'empêcher d'adorer sa maman tout autant qu'il la craignait : elle était attentionnée, mais un brin autoritaire. Dire cela était un doux euphémisme.

Quant à son père, Louis Leroy, Peter lui ressemblait beaucoup : ils avaient le même petit nez, les mêmes yeux et le même front trop grand à son goût. En revanche, c'était Thomas qui avait hérité de sa taille et de sa carrure. Le dos un peu voûté comme s'il portait toutes les misères du monde, il affichait malgré tout un visage serein qui ne laissait rien paraître de ses émotions qu'il soit énervé comme heureux. Pourtant, pour l'une des premières fois de sa vie, Peter perçut une lueur d'inquiétude dans les yeux de son père lorsque le regard de ce dernier se posa sur lui.

— Peter ! s'écria sa mère en le serrant jusqu'à l'étouffement.

— Enfin ! ajouta Thomas. La belle au bois dormant s'est réveillée ! Comment tu te sens, frangin ?

Peter esquissa un sourire et répondit avec humour :

— En pleine forme !

Sa blague ne fut pas au goût de sa mère qui cessa de l'enlacer.

— Arrête de dire des âneries, tu ne vas pas bien du tout ! Que s'est-il passé ? On nous a dit que tu avais chuté dans les escaliers ! Tu as perdu l'équilibre ?

Il aurait aimé lui dire qu'il avait simplement trébuché, mais il ne raffolait pas des mensonges. Pour autant, il ignorait ce qui lui était arrivé et les médecins n'avaient pas su lui apporter une réponse. Cette douleur dans la tête et cette voix semblable à celle du géant de son rêve... Il y avait réfléchi quelques minutes et en était rapidement venu à la conclusion que cet individu n'avait été que le fruit de son esprit souffrant et délirant. Ce n'était même pas le cauchemar le plus bizarre qu'il avait eu, il en avait déjà fait un avec des licornes qui le pourchassaient dans le monde de Narnia pour dévorer sa cervelle avec des pailles. Son imagination était débordante à souhait !

L'épuisement restait l'explication la plus rationnelle et la moins susceptible de paniquer sa mère tout en évitant qu'on le traite de cinglé.

— J'ai eu mal à la tête, raconta-t-il, certainement due à la fatigue. Les médecins ne savent pas pourquoi pour l'instant, mais je n'ai rien de grave. En tout cas, ça m'a fait perdre l'équilibre en haut des escaliers et... bon, vous connaissez la suite.

— Tu te couches trop tard ! maugréa sa mère en levant ses bras au ciel. En plus, tu ne portes pas tes maudites lunettes ! Ce n'est qu'une énième migraine ophtalmique qui s'est produite au pire moment !

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 16 ⏰

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