Chapitre 1

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Comme Londres, d'après les sources de nos services secrets, doit s'attendre dans les prochains jours à de nouveaux raids aériens des escadrilles de l'aérona- vale allemande, nous avons décidé d'appliquer dès maintenant le niveau Un du protocole de sécurité. Le chronographe sera placé pour un temps indéterminé dans la salle de documentation et lady Tilney, mon frère Jonathan et moi-même élapserons ensemble à 20.92 partir de là-bas, pour limiter à trois heures le temps à y consacrer quotidiennement. Dans cette pièce, les voyages au XIXe siècle ne devraient pas représenter de problème; elle était rarement occupée pendant la nuit et les Annales ne mentionnent aucune visite venue du futur, ce qui porte à croire que notre pré- sence est toujours passée inaperçue. Évidemment, lady Tilney s'est refusée à changer quoi que ce soit à ses habitudes et, selon ses propres déclarations, elle n'a trouvé « aucune logique dans notre argu- mentation ». Mais elle a finalement dû se plier à la décision de notre grand-maître. Les temps de guerre appellent des mesures particulières. Cet après-midi, l'élapsage en 1851 s'est passé de façon étonnamment paisible, peut-être parce que ma si prévenante épouse Lynous avait donné à emporter son incomparable cake et que, en souvenir de discussions violentes à d'autres occasions, nous avons évité des sujets comme le droit de vote des femmes. Lady Tilney a certes regretté de ne pouvoir aller voir l'Exposition universelle à Hyde Park, mais comme nous partagions entièrement sa déception à ce sujet, la conversation n'a pas dégénéré. Toutefois, elle s'est montrée encore une fois sous son jour excentrique en proposant de nous passer le temps, à partir de demain, en jouant au poker, Le temps d'aujourd'hui: légère bruine par un prin- tanier 16 degrés Celsius.

Extrait des Annales des Veilleurs
30 mars 1916
Mot de passe du jour : Potius sero quam numquam (Livius)
Rapport: Timothy dragneel , Cercle intérieur

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L'épée était pointée droit sur mon coeur et les yeux de mon meurtrier ressemblaient à des trous noirs, qui menaçaient d'engloutir tout ce qui s'approchait trop près d'eux. Je n'avais aucune chance de m'échapper. Je reculai lourdement en trébuchant.

L'homme me suivit.

- Je rayerai de la face du monde tout ce qui n'est pas voulu par Dieu ! Ton sang abreuvera la terre !

J'avais au moins deux répliques sur le bout de la langue à ces paroles exprimées dans un râle pathétique (abreuver la terre... comment ça ? le sol ici était carrelé !), mais, dans ma panique, je ne réussis pas à sortir un son. De toute façon, ce type ne me donnait pas l'impression d'être du genre à apprécier l'humour!

Je fis un autre pas chancelant en arrière, et me heurtaí le dos au mur. Mon adversaire éclata de rire. Bon, peut-être avait-il tout de même le sens de l'humour, mais d'un autre humour que le mien.

- Maintenant, tu vas mourir, démon! s'écria-t-il.

Puis, sans autre forme de procès, il me planta son épée dans la poitrine.

Je me réveillai en criant, trempée de sueur et le cœur meurtri. Quel sale rêve ! Toutefois, il n'avait rien d'étonnant, à vrai dire.

Les événements de la veille (et des jours passés) n'incitaient past vraiment à se pelotonner sous la couette et à dormir du sommeil du juste. Ma tête était pleine de pensées indésirables qui s'y entor- tillaient comme des plantes carnivores. Natsu m'a joué la comédie. Il ne m'aime pas.

De toute façon, il n'a probablement pas besoin d'en faire beaucoup pour que les filles lui tombent dans les bras », entendais-je dire et redire le comte de Saint-Germain de sa douce voix de basse. Et aussi : << Rien n'est plus facile à prévoir que la réaction d'une femme amoureuse. >>

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