Asher est chanteur et danseur professionnel... sous la douche. À côté de cela, il est employé dans une crèche le jour et semi-petit copain le soir. Il adore son métier, autant que les petits l'adorent. Alors, oui, ses cheveux bleu clair y sont pour...
Cela faisait un moment qu'il était assis sur ce banc. On lui avait demandé d'arriver en avance alors qu'il savait qu'il ne partirait pas assurément à l'heure. Pour passer le temps, il regardait le défilé de gens et de valises. La sienne, il l'avait à ses côtés. Prête depuis la veille au soir, elle regroupait l'essentiel. On avait bien essayé d'y glisser quelques objets en guise de souvenirs, mais le jeune homme se voulait catégorique sur la question : le strict minimum.
— Tu en veux une ?
Il se retrouva face à un homme coiffé d'un chapeau qui lui tendait une barre chocolatée devant le nez.
— Tu peux être fier de toi, j'ai perdu le compte. Mais oui, j'en veux bien.
Il la saisit et l'ouvrit aussitôt. Cela aurait le mérite de l'occuper pendant une petite minute. Pourquoi tant se focaliser sur le temps qui passe ? Impatience ? Peur ? Excitation ? Doute ? Tout en même temps ?
— Pense à respirer, lui dit-on. Ton visage devient bleu.
Après une grande inspiration, il se tourna vers celui qui s'était installé à sa droite. Seulement, aucun mot ne sortait. Toutes les formulations qu'il connaissait mourraient dans sa gorge et disparaissaient avec la barre chocolatée.
— Tu peux toujours renoncer.
En un instant, ses pensées furent plus claires.
— Ça va pas la tête ! Non ! J'y vais. C'est une décision mûrement réfléchie.
— Si tu le dis.
Son ami reprit alors la lecture du journal.
« Inauguration du nouveau lotissement à Draguisier », lut-il. Cette ville ne cesse de s'agrandir. Bon, il n'y a rien de plus... croustillant ? Ah ! Écoute-moi ça ! « La chanteuse Vénus se fait très discrète. Voilà plus d'un mois que la cérémonie de remise de prix à Rosythéa a eu lieu. Cet évènement a été marquant non pas uniquement pour ce qu'il s'est passé pendant, mais surtout pour ce qu'il s'est passé avant. Vénus aurait-elle vraiment perdu les eaux sur le tapis rouge ? En tout cas, il s'agit de l'éventualité la plus probable. Le père ? Cet inconnu aux cheveux bleus reste le principal suspect. »
— « Le principal suspect » ! J'ai une tête de criminel ?
— Chut, Asher. Je te rappelle qu'il faut se faire discret. Surtout toi.
— Qu'est-ce que c'est nul. Je dois aller jusqu'à cacher mon crâne le temps que ça se calme.
— Pour le meilleur et pour le pire. Ce n'est pas ce qu'on dit ?
— Si, mais quand tu es marié.
Son camarade souffla, le sourire en coin.
— C'est comme si. Vous êtes inséparables tous les trois.
« Le train en direction de Bordanlo est en approche. Merci de vous éloigner de la bordure du quai. Je répète, le train en direction de Bordanlo est en approche. Merci de vous éloigner de la bordure du quai. »
En effet, le train passa devant les deux hommes qui se regardèrent.
— Bon, c'est ici que nos chemins se séparent, commença Asher d'une petite voix. Tu vas me manquer.
— Toi aussi.
Ils s'enlaçèrent, seulement, l'ainée se laissa emporter et serra un peu trop fort son ami.
— Mal... J'ai mal...
— Pardon !
Il passa sa main sur ses yeux et poursuivit :
— Allez, file.
— À bientôt.
— À la prochaine. Et amuse-toi bien !
— Oui, compte sur moi.
— Et tu m'écriras régulièrement, hein ?
— Sans faute.
— Et tu reviendras ?
— Je te le promets.
— Et pense à toujours avoir de quoi te couvrir. Parfois, ça souffle fort en bord de mer.
— Asher... Sérieusement ?
— Ne t'en fais pas, je n'ai plus rien pour te retenir.
Leur échange se conclut par un contact visuel qui disait bien plus que des mots.
Sulo présenta son billet avant de monter dans le wagon. Il avait une place à côté d'une fenêtre alors il fit un signe de la main à son compagnon d'aventures parfois farfelues, parfois très farfelues.
Les portes se fermèrent, le dernier signal sonore retentit et le train démarra.
En route pour des aventures très, très farfelues.
Mais tout seul cette fois-ci.
Enfin pas vraiment.
Non, je vous arrête là. Asher ne s'est pas faufilé dans la valise de Sulo par je ne sais quel miracle.
***
705 mots.
Publié le 26/12/2022
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