Quoi de moins suspect que trois vieilles dames assises sur un banc ? Parfait pour une embuscade.
— Pendant combien d'heures pensez-vous que nous devons encore attendre ? demanda Bernadette.
— Autant qu'il le faut, répondit Gladys, sèchement. Il faut savoir faire preuve d'abnégation pour atteindre son but.
Pamela soupira.
— J'abandonne. Si ça se trouve, il n'en vaut pas la peine.
— Le fessier, Pamela. Le fessier ! insista Gladys.
— Peu importe. Je vais chez Pénélope. Nous nous retrouverons peut-être là-bas.
Elle se leva et disparut au coin de la rue.
— Pff ! C'est tant mieux qu'elle soit partie. Ça fait une concurrente en moins, conclut la plus investie des trois. Toi aussi tu veux t'en aller, Bernadette ?
Celle aux multiples colliers de perles fit non de la tête.
— J'ai pris de quoi m'occuper au cas où je m'ennuierais.
Elle sortit de son sac à main un cahier de mots-croisés et un crayon.
— Hmm. Plus fidèle compagnon de l'homme en cinq lettres.
Alors qu'elle remplissait les cases unes à unes, son amie guettait les environs, balayant son regard de gauche à droite.
— Sapristi !
L'exclamation de Gladys surprit Bernadette, si bien que cette dernière traça un long trait sur la page.
— Qu'il y a-t-il ?
— Regarde !
À l'angle de la rue, le voisin de leur amie flânait aux côtés d'une personne qui leur était familière. Ils avaient entamé la discussion.
— La connasse !
Gladys quitta le banc et rejoignit le duo d'un pas énervé.
— Pamela ! Quelle surprise de te voir là. Je pensais que tu allais chez Pénélope.
Le ton de sa voix et l'expression de son visage étaient bien trop enjoués pour être naturels, mais cela importait peu à la tigresse.
— C'est vrai, mais cet adorable jeune homme a ramassé le paquet de mouchoires que j'avais malencontreusement fait tomber. Et de fil en aiguille, nous en sommes venus à converser à propos des cheveux. Ne trouves-tu pas que sa teinture est impeccable ? C'est un très beau bleu.
— Je l'avais vu la première, voleuse, murmura son amie en temps de paix.
La troisième chasseuse plongea à son tour dans la mêlée.
— Pamela ? Qui aurait cru que tu savais calmer tes ardeurs ?
— Pardon ?
— Je dis ça parce que d'après ce que tu nous a assuré il y a deux minutes, tu étais prête à lui sauter dessus.
Les perles qui s'entrechoquaient rendirent sa réplique encore plus cinglante.
— Pardon ? s'offusqua la vieille dame.
La tigresse dévoila un sourire carnassier. Quant au jeune homme, il fit un pas en arrière.
— Je... Je crois que je vais vous laisser entre vous. Bonne journée.
Il contourna le petit groupe et se précipita pour rejoindre la porte de son immeuble.
— Tu as tout gâché ! se plaignit Pamela.
— Au moins, tu n'auras plus aucune chance avec lui, nargua Gladys.
— Elle est belle l'amitié !
— Dit celle qui nous a devancé ! rétorqua Bernadette.
Le ton montait entre elles, mais le point culminant de leur dispute fut quand une quatrième femme avec une poussette s'interposa.
— Excusez-moi, mesdames, je vous ai vu au loin papoter avec un homme aux cheveux bleus.
Les trois se retournèrent et firent tout de suite moins les fières.
— C'est elle...
— Écoutez-moi bien. Maintenant, vous le laissez tranquille. D'abord le voyeurisme depuis l'appartement d'en face et là, plus de scrupule, vous y allez directement ? Trouvez-vous des passe-temps normaux comme tout le monde. Que je ne vous revois pas tourner autour de mon copain !
Les vieilles dames ne pipèrent mot. La blonde opta ensuite pour une voix plus douce.
— Je préfère ça. Passez une bonne journée.
Elle se fraya un chemin au sein du petit groupe avec la poussette pour entrer dans l'immeuble.
— Pour qui se prend-elle ? pesta Pamela.
— Si elle croit que c'est comme ça qu'elle nous arrêtera, elle se met le doigt dans l'œil.
Les deux étaient remontées comme des coucous, contrairement à leur compère qui s'éloigna.
— Où vas-tu, Gladys ?
— Je me suis rappelée que j'avais un rendez-vous avec Jean.
— Lequel ? Jean-Jacques ? Jean-Marc ?
— Jean-Eudes ? Jean-Baptiste ? Jean-Paul ?
— Jean-Raymond ? Jean-Noël ?
— Jean-Rémi ? Jean-Yves ?
— Jean-Didier ?
— Jean-Charles ? Jean-Bernard ?
Gladys fit la grimace.
— Ça, je ne m'en rappelle pas.
Elle marqua une pause.
— Je sais juste qu'il a un sacré fessier.
***
720 mots.
Publié le 11/12/2022
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Gel douche coco-fraise
UmorismoAsher est chanteur et danseur professionnel... sous la douche. À côté de cela, il est employé dans une crèche le jour et semi-petit copain le soir. Il adore son métier, autant que les petits l'adorent. Alors, oui, ses cheveux bleu clair y sont pour...
