Chapitre 18

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Chapitre 18

Baisé volé

Shoto s'enfonçait dans ses draps. Le tic-tac de l'horloge résonnait dans sa chambre. Les rideaux fermés laissaient passer une lumière filtrée, orangée. Il faisait beau dehors et pourtant Shoto restait confiné dans son lit. Ses yeux semblaient attachés au plafond et ne regardait rien d'autre. A vrai dire il ne faisait que voir le plafonnier au-dessus de son lit. Ce qu'il regardait vraiment c'était une image imprimée sur ses pupilles.

Il voyait les yeux turquoise comme l'océan des iles haïtiennes. Il s'imaginait le visage à la peau laiteuse et douce devant son regard bicolore. Il revoyait toute la journée d'hier défiler comme un générique de fin. Il croyait ne plus exister, n'être qu'un Playmobil dans une ville de lego construite par un bambin idiot.

Alors on toqua à la porte, Shoto ne prit pas la peine de détourner ses yeux du point qu'il fixait depuis plus d'une heure. Fuyumi poussa doucement la porte qui ne fit pas le moindre bruit car elle était bien huilée. Ses lunettes reflétaient la lumière de la lampe de chevet. Le réveil affichait 10h42 en chiffre bâtons.

-Shoto, tu viens petit-déjeuner ?

Il ne répondit pas, ne bougea absolument pas, il semblait oublier qu'elle lui parlait à cet instant.

-Tu es comme ça depuis 9h... Qu'est-ce-qu 'il t'arrives ?!

-Ça ne te regarde aucunement.

-Bien sûr que ça me regarde ! Je suis ta grande sœur ! C'est la fille ?!

-...

-Elle t'a trompé ?

-NON !!!

-Ah ! Donc elle est encore dans ton petit cœur d'idiot.

Elle vint s'asseoir sur le rebord du lit et le fixa dans les yeux.

-Qu'est-ce-que t'as foutu alors ?

-J'ai été indigne de... d'elle...

-Bah voyons !

-Pourquoi tu m'embêtes alors que ça ne t'intéresse pas ?

-...

-Je sors faire un tour...

Shoto attrapa une sacoche et pris un ou deux billets. Il agrippa à le volée son manteau et quitta son habitation en fermant la porte derrière d'un claquement sec. Il partit d'un pas rapide dans les rues du matin encore fraiches de la soirée d'hier. Il marchait rapidement et semblait s'alléger à chaque pas. Mais ce n'était qu'un infime échantillon de tous les remords qu'il portait sur ses épaules. Il s'engagea dans une grande rue qui descendait légèrement. Derrière les petits murets de pierres qui l'entouraient, des cerisiers poussaient dans la terre humide et teinté d'un peu de givre.

Il regardait ses pieds, il ne pensait qu'à la journée passée qui semblait lui lacérer l'estomac. Lui qui voulait surpasser son père n'avait fait que s'abaisser encore plus bas que ce tas de fumier. Quelle idiotie. Il venait de comprendre que (t/p) le dépassait de loin, de très loin au niveau mental. C'était une fille qu'il avait beaucoup trop sous-estimée, elle avait raison depuis le début, peut-être que tout cela aurait été mieux s'ils ne s'étaient jamais rencontrés. Elle avait peut-être tout compris et c'est pour cela qu'elle était restée à l'écart de lui depuis le début d'année. N'était-il donc destiné qu'à se marier avec une idiote dans le genre de Momo ?!

Alors soudain, il s'arrêta, une odeur, un souffle, une chaleur douce qui venait d'apparaitre sous son regard. Une ombre s'aplatissait sur le trottoir. Ses pupilles rétrécirent et sa bouche s'entrouvrit, il leva les yeux. Elle était là. Toujours peinte de son expression neutre voir blasée. Elle ne bougea pas d'un pouce et continua de le fixer sans aucune gêne dans les yeux. Ses cheveux retombaient sur ses épaules et elle le regardait encore. Il la fixa à son tour en faisant tout son possible pour paraitre tout à fait normal. Un petit rire moqueur mais qui semblait sincère échappa de ses lèvres colorées par le froid.

-Pourquoi tu es gêné ? Demanda-t-elle.

Il la regarda de haut en bas sans rien dire et cherchant ses mots dans son esprit. Il ne savait absolument pas quoi dire.

-Tu transpire beaucoup trop pour quelqu'un en hiver... Je te dérange peut-être.

C'était étrange, elle souriait dans ses paroles acérées comme un poignard.

-Je suis étonné de te croiser ici.

-Tu penses que je suis énervée contre toi ?

-Non...

-Tu mens.

-Oui...

Alors, après une seconde et demie, elle lui sauta soudainement au cou, entoura sa nuque avec ses mains et déposa très délicatement ses lèvres sur les siennes. Shoto recula de quelques pas par la surprise avant de l'enlacer, d'entourer sa taille avec ses bras pour qu'elle ne tombe pas. Ils restèrent un instant comme ça en silence...

(T/p) se retira, resta droite, les jambes serrées et le regarda.

-Tu ne connais pas le proverbe : « qui aime bien châtie bien » ?


Bandeau immaculé  (Shoto x reader) (lemon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant