Chapitre 15

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Chapitre 15

Plan B (partie 2)

Shoto arrivait devant Yuei. Il voyait les hauts-bâtiments reflétant le soleil du soir. Les grilles fermées donnaient un air particulier à cet instant. Il l'aperçu alors, adossée à un mur, elle. T/p était là, son ruban sur les yeux, un sourire très léger aux lèvres. Elle s'était vêtue d'un sweatshirt long à l'effigie d'un groupe de musique que, sûrement, elle aimait bien, et avait mis un jean délavé slim.

Elle n'avait pas sorti le grand jeu. Elle n'avait mis que ce qu'il lui avait semblé correct et adapté. Elle n'avait pas choisi une robe rouge pétant et des talons aiguilles qui auraient cédés après quelques minutes de marches. Pas de maquillage, juste un peu de labelo sur les lèvres. Un accord singulier qui semblait idéal et qui lui allait tellement bien...

-Tu es déjà là ? Demanda Shoto en passant sa main dans ses cheveux, l'air gêné. Tu n'as pas trop attendu ?

Elle se mis debout et s'approche de lui.

-Non, je viens d'arriver.

Ils se fixèrent un instant. Pas de bise, de poignée de main, de câlin... Juste un silence agréable dans lequel on entendait faiblement le chant d'un oiseau caché. Juste deux battements de cœur qui jouaient en rythme leur pulsation. Des visages qui se teintaient à peine de quelques coloris chauds. Une émotion sucrée et douce qui s'emparait de leur tête et qui leur picorait le dos, les faisait frissonner sous un ciel très beau, sous le chant des oiseaux qui s'endorment.

-On y va ?

Les deux lycéens marchaient dans les rues en discutant de sujets qu'ils semblaient avoir trouvé au hasard. Aucun n'était vraiment attentif, mais ils ne cachaient pas leur aspect vrai. Seul le naturel se reflétait dans leurs paroles et leurs moues. Pas de faux, de mensonge de parure. Juste la simplicité du vrai et du « soi-même ».

Shoto guettait les nuages et songeait aux teintes sombres qu'ils avaient pris. Ils parvenaient au cinéma. T/p avait arboré un sourire en comprenant où il l'emmenait.

-Au cinéma ?

-Tu n'aimes pas le cinéma ?

-Ça fait longtemps que je n'y suis pas allé... Mais c'est le classique du rencard.

-Est-ce une mauvaise chose ?

-Peut-être pas...

Ils rigolaient à se parler de cette façon. Il y avait peu de monde dehors. Ils arrivèrent devant les portes en rigolant. Mais le visage de Shoto se creusa d'une autre émotion lorsqu'il se rendit compte que celles-ci étaient fermées. Un petit panneau avait été accroché à la va-vite depuis l'intérieur.

Chers clients, en raison d'une grève de nos employés, notre cinéma sera fermé aujourd'hui. Merci de votre compréhension.

-Merde... Marmonna Shoto, toujours penché.

-C'est fermé ?

-Ouais, il y a une grève.

-Dommage...

Shoto se retourna vers (t/p). Le ciel tonna en laissant apparaitre une lumière au travers des nuages, un éclair. Quelques gouttes tombèrent timidement avant qu'une pluie légère ne vienne arroser les trottoirs, les lampadaires éteints, les bâtiments, les vitres... C'était une bruine douce qui commençait à mouiller les pulls des deux... amoureux ?

Shoto, l'air déçu regarda le ciel en plissant les yeux il baissa la tête vers (t/p). Mais elle ne semblait ni triste, ni déçue, ni énervée. Elle avait aussi levé la tête vers le ciel. Elle souriait encore et se mit même à rire, tandis que la pluie s'intensifiât légèrement. Shoto la fixait, étonné. Elle rigolait ? Elle avait tiré la langue et avalait les gouttes qui tombaient dessus.

Shoto l'observa silencieusement, fixement. Les passants pressés marchaient rapidement autour d'eux, en quête d'un abri. Ils semblaient être invisibles, tous les deux, ici, immobiles, devant les portes en verre, fermées, du cinéma. Il ne riait pas, il ne faisait que la regarder tirer sa langue rose sous la pluie. Elle riait comme une enfant. Elle fermait ses yeux et souriait, la langue dehors.

Il songeait, il pensait que... qu'est-ce-qu 'elle était mignonne comme ça !

Après un long moment, (t/p) se rendit compte qu'il la fixait intensément. Elle cessa de rire ainsi sous la pluie, elle le regardait au travers de ce ruban et avait rentré sa langue, la bouche entrouverte, ses lèvres rougies par le froid, luisantes sous la pluie.

Il ne s'en était pas rendu compte, mais Shoto était devenu rouge pivoine, comme Uraraka quand elle voit Izuku. Il ne cessa toujours pas de la regarder. Et alors, dans un souffle court, une phrase, une combinaison de mots choisis automatiquement et robotiquement, émergea de sa bouche. Il ne l'avait pas décidé, mais il l'avait dit. C'était venu seul, sans qu'il ne réagisse. Il avait coupé le silence froid de l'hiver en Février. Il avait dit ces simples paroles avec un ton indescriptible et avait parlé rouge comme une tomate, les yeux pétillants.

-Je t'aime (t/p).

Elle le regarda silencieusement. Elle sembla sourire encore, mais différemment de d'habitude, comme un sourire de sécurité. Elle s'avança d'un pas vers lui et avec l'élan et sur la pointe des pieds elle lui embrassa la joue d'un smack très rapide, se retirant aussitôt. Cela n'avait pas empêché les joues de Todoroki de se colorer.

Il faisait nuit déjà, ils ne s'en étaient pas aperçu à cause des gros nuages qui voilaient les étoiles. Ils n'avaient pas remarqué que les lampadaires s'étaient allumés. La pluie était devenue forte et les avait complètement trempés. L'eau passait dans leurs chaussettes, leurs habits avaient brunis... Elle le regarda encore, proche, très proche de lui.

-Rentrons... On va attraper froid.

Elle avait murmuré par-dessus la pluie ces mots. Ils rentrèrent à pied jusqu'à son appartement, les transports semblaient eux-aussi en grève. Shoto serrait les points sur le trajet. Il était profondément déçu. Son rencard idéal n'était qu'un rêve oublié. Il faisait froid, il pleuvait, les éclairs flambaient une seconde derrière les gros nuages gris. Plus personne dehors, hormis ces deux-là, qui semblaient tirés d'un autre monde où le malheur n'existe pas. D'une dimension où la tristesse ne veut rien dire et où la force de l'amour est indomptable...


Bandeau immaculé  (Shoto x reader) (lemon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant