Rose de Sang

Chapitre 9 - Face à face

Cooler Than Me, Mike Posner

Tyra

De nos jours, Livigno, Alpes, Italie

Je descends les escaliers avec un air sûr de moi. Prise en flagrant délit. Certes, j'écoutais leur conversation mais je ne pensais pas que Narciso m'avait remarqué. Mais puisqu'ils avaient l'air de parler de moi, je devrais avoir le droit d'assister à leur discussion.

Je resserre les pans du plaid autour de moi. Je l'ai dérobé dans la chambre de Narciso quand je suis remontée tout à l'heure. L'air s'était rafraîchi, mais vu la neige qui s'est remise à tomber en gros flocons, cela n'a rien d'étonnant.

Trois paires d'yeux me fixent durant ma descente alors que je me concentre pour ne pas paraître ridicule. La tâche s'avère relativement compliquée, je suis pieds nus, enroulée dans un plaid, et sauvagement décoiffée. Un léger tiraillement se fait ressentir dans mon dos quand les souvenirs affluent dans mon esprit. Je me rappelle parfaitement de ma chute sur le bureau en verre de Narciso. Et je pense désormais avoir deviné qui en était à l'origine. Je braque un regard meurtrier sur Alessio qui me sourit avec suffisance. Maintenant que je vois les deux frères côte à côte et en pleine lumière, je me rends bien compte qu'ils n'ont rien à voir. Alessio est de ces vipères qui vous gardent en vue avant d'attaquer, sans cacher leurs intentions. Alors que Narciso ressemble à... Et bien il ressemble actuellement à un bloc de glace, son visage est indéchiffrable, ne laissant paraître aucune émotion sur ses traits.

D'un geste, Narciso ordonne à son frère de se lever avant de m'indiquer de prendre sa place. Super. Maintenant Alessio va aussi vouloir me tuer pour le simple fait que je lui ai volé son fauteuil.

Malgré le geste de Narciso, je reste tout de même sur mes gardes, je n'ai pas oublié qu'il n'a eu aucun scrupule à me livrer à ce chien fou d'Alessio. J'en porte encore les séquelles sur mon corps, bien que je récupère relativement rapidement.

Le second fauteuil est occupé par un autre homme. Son visage me rappelle quelques souvenirs, je le revois se tenir dans l'ombre de Narciso lors de notre mariage. Puis me surveiller, lorsque je me suis réveillée le premier matin. Je plisse les yeux pour l'analyser, tentant de percer sa carapace à jour. Quelques mèches brunes lui tombant sur le front assombrissent son regard mais le large sourire qu'il m'adresse illumine la pièce de sa chaleur. J'esquisse un mouvement de recul, pas assez préparée à faire face à tant de gentillesse de sa part.

- Enchanté de faire officiellement ta connaissance Tyra, débute-il avec entrain en tendant sa main vers moi. Je m'appelle Prince et je suis charmant. Quelqu'un m'a dit que tu me cherchais.

Il joue des sourcils avec un regard malicieux. J'étouffe un hoquet de surprise dans ma gorge et écarquille les yeux. Est-ce qu'il vient de me.. draguer ? Et avec une disquette pourrie en plus de ça. Je lève mon regard vers Narciso, en quête d'une réaction de sa part, et je m'en veux aussitôt. Je ne devrais pas chercher son approbation alors même qu'il est celui qui m'a privé de mes libertés.

Son bras droit éclate de rire, ce qui ramène mon attention sur lui. Il essuie le coin de ses yeux de la paume de sa main, hilare.

- Je rigole Principessa, je m'appelle Luciano.

Il se penche vers moi et me souffle à l'oreille, me faisant rougir de gêne :

- Je sais bien que je finirais une balle entre les yeux si j'osais t'approcher d'un peu trop près.

Il désigne vaguement Narciso de la main avec un air de conspirateur dans le regard. Au secours. Où est-ce que je suis tombée ? Il y a encore une semaine, je pensais que je suivrais le chemin emprunté par tous mes prédécesseurs et que je les rejoindrais bien vite dans l'au-delà. Mais désormais, rien n'est moins sûr et cette imprévisibilité me déstabilise.