Epilogue

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« Et quiconque place sa confiance en Allah, Il [Allah] lui suffit. », S.65 V.3

Un matin de printemps, le lendemain d'une averse inattendue à la fraîcheur matinale, l'odeur des herbes coupées et des diverses fleurs en pleines éclosions viennent se glisser dans les poumons d'une jeune femme à la longue robe d'un doux bleu, et au grand voile d'une blancheur poudrée.
Le froid de l'hiver se fait loin, tandis que la délicate chaleur du soleil refait surface, accompagnée des gazouillis des oiseaux faisant leur grand retour. Celle-ci était accompagnée d'une autre jeune femme à la peau mate et aux yeux d'un vert cristallin, également voilée.
Ahlam et Esma, chacune âgée de 24 ans.
Esma ne pouvait s'empêcher de sautiller d'excitation, heureuse de ne plus devoir se parer de lourds et épais vêtements, le rayonnement de la grande étoile les réchauffant suffisamment d'elle-même. Elle esquissa quelques pas de danse, souriante de l'intérieur comme de l'extérieur. La jeune femme était semblable au joli colibri, resplendissant et ne cessant de voltiger avec vivacité, face au calme et la lenteur symbolique de Ahlam. Et pourtant, toutes les deux étaient caractérisées par leur optimisme constant.
— Je suis tellement heureuse ! Qui dit printemps, dit chaleur. Et qui dit chaleur, dit sorties entre amies !, hurle presque celle-ci, provoquant le ricanement de Ahlam suite à son tempérament enjouée. Notre jeune femme était également exaspérée bien qu'amusée, son amie ne lui accordant pas un seul moment de répit.
Certaines personnes se diront que ces êtres pleins de vie, de lumière à débordement, qui s'expriment librement et sans crainte, avec espoir voient le bonheur d'une existence partout autour d'eux, même dans les plus misérables détails sont des êtres insouciants, immatures, ignorants ou futiles. Pour Ahlam, il s'agit à ses yeux cependant, ceux des rares personnes de ce monde ayant compris la valeur de la paix et du bonheur, car bien qu'insouciants pour quelques-uns, il s'agit là de personnes qui possèdent un vécu plus profond que l'on ne pourrait imaginer.
Notre temps est limité. Pourquoi la gâcher en cherchant à mener une existence qui ne nous correspond pas, à courir après les ténèbres, à se laisser ronger par l'angoisse ? Nous n'avons de contrôle sur le futur, et ce qui doit arriver arrivera sans que nous puissions y faire quelque chose.
Et tout nous vient pour une raison bien précise.
Mais alors que les deux jeunes femmes discutaient gaiement, leur voix s'entremêlant dans les nombreux sons extérieurs et résonnant à travers la brise légère, emportant avec les insectes aux motifs complexes voltigeants, Esma se cogne violemment contre un homme en cherchant à s'avancer rapidement vers l'avant.
— Non mais vous ne pouvez pas faire attention ?, s'exclame t-il avec colère d'une voix rauque. Lorsque les deux jeunes femmes se rendent compte qu'elles ont versées le contenu du goblet qu'il tenait à la main sur son costume trois pièces, elles se hâtent à s'excuser.
— Pardon, je suis vraiment désolée ! Je n'ai pas regardé où j'allais, je m'excuse, vraiment., se presse à dire son amie.
— Qu'est-ce que j'en ai à faire de tes excuses ? Cet ensemble m'a coûté une blinde !
— Je peux vous en prendre un nouveau si cela vous convient ?
— Espèce de...Retournez dans votre pays. Les parasites comme vous n'ont pas leur place ici !
Ahlam s'interpose se mettant devant la jeune femme pour faire office de barrière, légèrement agacée de ses dires, mais aussi craignant qu'il agisse violemment envers Esma dû fait de son hostilité. Celle-ci s'accroche aux vêtements de Ahlam par derrière, légèrement apeurée.
— Excusez-nous monsieur, nous ne faisions que marcher sans faire attention. Comme mon amie vous l'a proposé, nous pourrions vous en racheter un nouveau si la tâche de votre boisson ne part pas au nettoyage, et également vous rembourser votre café. Les hostilités ne sont pas nécessaires, surtout sur un lieu public, puisque nous reconnaissons notre faute.
Ses iris marrons fixent avec intensité et autorité ceux de l'homme aux cheveux d'un brun sec et clair, qui semblait à peine plus âgé qu'elles.
Mais cette sensation d'être sondé et pris de mépris irrita celui-ci qui afficha un léger rictus amer.
Des passants s'arrêtèrent au loin afin d'observer la scène, interloqués par le bruit partagé, tandis que d'autres passaient simplement leur chemin, indifférents à cela. Mais personne ne vint s'interposer.
— Et vous pensez avoir suffisamment pour pouvoir faire tous ça ?
— Nous nous débrouillerons.
— Comment ?
— Nous verrons bien.
— Pauvre idiote..., jura t-il dans un grognement, avant d'attraper violemment le bras de Ahlam et de l'attirer vers lui. Un petit cri échappa des lèvres de Esma, surprise et paralysée. Puis, continua dans un murmure, Viens jouer à la catin avec moi, après peut-être que je vous accorderai un peu de pitié.
Le sang de Ahlam ne fit qu'un tour. Son visage était assez proche pour sentir son haleine et son eau de cologne, seul un ridicule écart les séparant. Une alarme sonnait dans son esprit, sa voix s'étrangla dans sa gorge, tandis que sa bouche devint sèche. Une sensation de froid lui parcouru le corps, tandis que son teint devint pâle. Sa prise était forte, presque douloureuse. Ses souvenirs datant d'il y a 5 ans revinrent en surface. Son cœur s'accélérât, d'une manière à battre jusqu'à lui faire mal, tandis que le dégoût et la colère s'afficha sur son visage, sa peur se cachant dans les vitres de ses yeux. Alors d'un ton dur et froid qui ne lui ressemble pas, elle lui annonça ;
— Reprenez-vous si vous ne souhaitez passer l'éternité en enfer.
Il resserre sa poigne, faisant grimacer la jeune femme. Puis, navigua son regard sur le corps couvert de la large robe de Ahlam, tel une boîte cachant un trésor. Tel un objet.
— Je pense que ton Seigneur te pardonnera bien pour un petit égarement...
Elle le gifle.
Sa main libre le frappa d'un geste tranchant et brute, son corps tremblant de fureur et d'effroi. Un silence lourd, oppressant flotta longuement. Personne dans le public n'agissait, mais tous les observaient telles que des bêtes sauvages, effrayants, vulgaires, amusants.
Mais alors que l'homme l'attrapa encore plus agressivement, la secouant, déchaîné, il élança sa main en l'air pour lui rendre son coup. Ahlam ferma rapidement les yeux, en attente du choc. Cependant, rien n'arriva, s'apercevant même que la prise de l'enragé s'était détachée de son bras. Elle ouvra de nouveau ses paupières, confuse de l'absence d'action, avant de comprendre ce qu'il se passait.
Deux autres hommes empêchaient le premier de bouger, l'un lui retenant sa main, et l'autre se mettant face à lui, le dépassant de quelques têtes tel un mur protecteur.
Le premier était un jeune aux cheveux noirs et bouclés, une expression renfrognée collée au visage, tandis que le second avait une carrure familière à Ahlam, et des cheveux d'un brun intense ébouriffé. Des cheveux semblables à ceux qu'elle a déjà connu il y a bien longtemps.
— Le saviez-vous, monsieur ? L'islam autorise la peine de mort à un homme qui touche de force une femme qui n'a pas donné son accord., l'informe t-il d'une voix grave résonnant dans les oreilles de la jeune voilée, d'un son hautain, narquois et autoritaire. Une voix qu'elle reconnaît.
Le premier inconnu fait signe aux deux jeunes femmes d'un léger sourire amical, et lorsque le grand brun se retourne enfin vers Ahlam, elle ne peut s'empêcher de le scruter avec surprise et étonnement.
Yeux dans les yeux, leur âmes viennent à vibrer comme en cette nuit inoubliable pour chacun. Cette fois-ci prêtes à s'unir pour l'éternité, en mémoire à la nuit qui avait élevé songes et secrets.
— Halim ?
— Cela faisait longtemps, mon astre.



Fin

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J'espère que vous n'êtes pas trop déçus et que l'histoire vous a plu !
Merci à mon amie K4dy-ls qui m'a poussée à continuer et finir cette petite histoire, et qui j'espère a prit davantage plaisir à la lire

La Nuit Des Songes - Un instant éphémèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant