Chapitre 3

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J'arrive rapidement devant le bar où John m'attend déjà. Je prends une grande inspiration avant de me diriger vers lui. Il m'embrasse sur la joue en me complimentant.

- T'es magnifique, cette robe te va merveilleusement bien.

Je le remercie en rougissant et entre dans le bar, suivie de près par mon manager. Nous commandons chacun une bière, que je récupère pendant qu'il règle la note. Nous nous installons au fond du bar, là où la musique est un peu moins forte, pour discuter.

Nous commençons par parler du travail en enchaînant les verres. Je lui explique que j'aime beaucoup travailler dans ce fast-food, même si je suis souvent épuisée à la fin de mon service. Nous discutons ensuite de nos collègues, et la conversation finit par tourner autour de Mégane. Je grimace lorsqu'il prononce son nom, ce qui lui arrache un éclat de rire.

- Tu la détestes à ce point ?

J'avale une énième gorgée de bière avant de lui répondre.

- Ce n'est pas que je la déteste, dis-je en cherchant mes mots. C'est juste que cette fille est...

- Insupportable ? me coupe-t-il.

J'écarquille les yeux avant de rire.

- Oui, je crois qu'il n'y a pas de meilleur mot pour la décrire, mais... ce n'est pas ton amie ?

Il soupire avant de répondre.

- Si tu veux tout savoir, je flirtais avec elle il y a quelques semaines, mais elle n'arrêtait pas de me prendre la tête pour un oui ou pour un non. Ça m'a vite saoulé.

Je souris avant de lui répondre.

- Ça, je veux bien te croire, dis-je en finissant mon verre de bière. On en commande un autre ?

- Tu tiens bien l'alcool, toi, constate-t-il en regardant mon verre vide. C'est ton sixième verre.

- Oui, c'est mon talent caché, plaisanté-je. Tu m'excuses deux minutes ? Il faut que j'aille aux toilettes.

Il hoche la tête, et je me lève avant de me diriger vers les toilettes, situées à l'avant du bar. Je rentre dans la première cabine, fais ce que j'ai à faire, puis me lave les mains. Je m'observe dans le miroir pour me recoiffer et constate que l'alcool me monte légèrement aux joues, rougies.

Ou peut-être est-ce lui qui me fait cet effet.

Je prends une grande inspiration et quitte les toilettes pour le retrouver. Je lui souris et remarque que mon nouveau verre de bière est déjà là.

- Et si on parlait du message que tu m'as envoyé ?

Prise au dépourvu, je le regarde sans savoir quoi dire et décide de boire mon verre d'un trait, sous le regard de John. Je grimace en reposant le verre.

- Tu m'as pris la même bière que tout à l'heure ?

Il hausse un sourcil interrogatif avant de répondre.

- Oui, pourquoi ?

- Je ne sais pas, elle avait un arrière-goût bizarre.

Il détourne le regard avant de répondre.

- Peut-être que le barman s'est trompé.

Je hausse les épaules.

- Ce n'est pas très grave. Tu voulais qu'on discute du message que je t'ai envoyé hier ?

Il repose ses yeux sur moi et me sourit.

- Et si on en discutait ailleurs ? Je commence à en avoir un peu marre de ce bar !

- Oui, tu veux qu'on aille où ?

- Chez moi, ça te dit ?

J'écarquille les yeux, surprise.

- Euh, o-oui, si tu veux.

Il me sourit et me prend la main pour m'emmener à l'extérieur. L'air frais me fouette le visage, et je prends une grande inspiration pour me donner du courage pour la suite. Nous marchons quelques minutes quand ma tête commence à tourner. Je n'y prête pas attention, me disant que ça doit être toutes ces bières que j'ai bues. Mais plus les minutes passent, plus je me sens mal. Mes jambes flageolent, je commence à somnoler.

John se tourne vers moi et fronce les sourcils.

- Ça va ? T'es toute blanche.

Je secoue la tête.

- Je ne me sens pas très bien, je crois que je vais rentrer chez moi. Désolée.

Il sourit bizarrement avant de m'attraper par le bras.

- On est bientôt chez moi. Tu pourras te reposer, si tu veux.

- Non, c'est bon, je préfère rentrer.

- Mais si, insiste-t-il. T'inquiète pas, tout ira bien.

Je secoue de nouveau la tête et tente de dégager mon bras. Il se renfrogne soudainement et presse mon bras un peu plus fort.

- Fais pas chier, Alice, crache-t-il méchamment. Tu te reposeras chez moi, fais pas ta sainte nitouche.

Je le dévisage et me rappelle alors le goût amer de ma bière et l'expression de John quand je lui en ai parlé.

Pitié, dites-moi qu'il n'a pas fait ça.

- T-Tu m'as droguée, John ?

Il ne répond rien et continue de marcher en me tirant avec lui. À cet instant, j'avoue que je suis morte de peur, mais il faut que je fasse quelque chose pour m'en tirer. Je dégage mon bras avec le peu de force qu'il me reste et me mets à courir dans la direction opposée, jusqu'à arriver dans une petite ruelle.

Je m'arrête, les mains sur les genoux, pour reprendre mon souffle. Je sens la drogue faire de plus en plus effet et pose une main sur le mur pour tenter de garder l'équilibre. J'avance un peu plus dans cette ruelle sombre, somnolant de plus en plus, quand un bruit sourd me fait sursauter. Je tourne la tête : à ma gauche, une autre ruelle encore plus sombre, où un vieil homme est au sol, se tenant la mâchoire, tandis qu'un homme plus jeune serre les poings devant lui.

- Espèce de fils de pute, insulte le plus jeune. T'as vraiment cru que j'allais pas me rendre compte que tu m'as volé ce fric ?

- J-Je suis désolé, Eros, supplie le vieil homme, on m'a forcé !

Le dénommé Eros éclate d'un rire sombre qui me fait frissonner, puis sort une arme et la pointe vers l'homme au sol. Je retiens un hoquet d'effroi et recule doucement pour éviter d'être vue. Je ne veux pas mourir ce soir.

Eros ne laisse pas le vieil homme répliquer et lui tire dans la tête. Je sursaute violemment, et en reculant, je trébuche contre une poubelle qui tombe dans un bruit sourd. Je relève vivement la tête : le dénommé Eros me fixe maintenant, son regard sombre me glace de terreur et semble effacer instantanément les effets de la drogue.

- S-S'il vous plaît, tentai-je de supplier, je ne dirai rien, je vous le promets.

Il s'avance rapidement vers moi et ne me laisse pas le temps de dire autre chose avant d'abattre la crosse de son arme sur ma tempe.

C'est le trou noir.

SAVE MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant