Prologue

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Le deuil n'existe pas. On se souvient.
On se souviendra toujours de tout.
Dans les moindres détails.
Bertrand Betsch

Anaïa

Nous étions le vendredi 13 octobre 2017, il faisait froid. Pire, il faisait un temps glacial.

L'impression que mes membres se momifièrent au contact violent de ce vent était omniprésente. Pourtant je restais plantée là, au milieu du passage piéton à une rue de ma maison, incapable de faire un autre pas. Parce qu'une fois de plus, je savais ce qui m'attendrai lorsque je franchirai le seuil de la porte d'entrée. Je savais qu'une fois de plus tout finirai en pleure et souffrance.

Je voulais fuir.

Je le veux toujours...

Seulement, c'est au-dessus de mes forces. Je suis beaucoup trop peureuse et lâche pour le faire.

Un klaxon de voiture me ramena sur Terre. Je ne pris pas la peine de regarder la personne au volant et continua mon chemin tant bien que mal n'ayant qu'un unique désir : retourner au lycée et ne plus jamais en ressortir de toute mon existence.

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Nous étions tous les 4 autour de notre habituelle table à manger, qui depuis longtemps maintenant gardait une place vide à mes côté. Je regardais une fois de plus cette chaise qui avait son prénom gravé sur le dossier, Noa... je détournais les yeux vers le contenu de mon assiette ne pouvant me laisser subir cette vision plus longtemps.

Le silence régnait une fois de plus. Ma petite sœur et moi mangions n'osant pas ouvrir la bouche alors que ma mère gardait son allure craintive en direction de mon père qui lui, restait avec son regard plus froid que l'air qui avait percuté ma peau plus tôt dans la soirée.

"Alors Anaïa comment était ta journée ?"

Je le regardais surprise alors que chacun de mes muscles se tendirent et que d'innombrables frissons prirent possession de ma peau. Je jouais avec mes pieds sous la table, nerveuse. Qu'allait-il une fois de plus faire ?

"Euh... bien... oui bien... tout s'est bien passé papa. Répondis-je tête baissée

- Tiens ! Tout s'est bien passé ? Il commença à rire amèrement, Vue ce qu'il est arrivé je m'attendais à un peu plus qu'un simple « tout s'est bien passé ». "

Mes yeux s'embuèrent à sa réflexion.

Je m'efforçais à me persuader que rien de tout ça me concernait... mais c'est faux. Je suis même le personnage principal de cette tragédie.

Avant nous étions tous si heureux, j'avais deux parents aimants, deux sœurs qui respiraient la joie de vivre et je n'avais aucune raison d'avoir ne serait-ce une angoisse.

Aujourd'hui, rien ne va... et plus rien n'ira jamais.

"Laisse la tranquille Philippe. Intervient ma mère d'une voix peu assurée"

Il lui jeta un regard noir alors que Rose et moi sortions de table sachant que c'est ce dont notre mère attendait de nous.

Je l'emmenais à sa chambre et lui fis un bisous sur le front pour qu'elle puisse s'endormir, en lui promettant qu'un jour tout redeviendra comme avant. Mais ça s'entendait au son de ma voix, que même moi, je manquais d'espoir... que j'avais perdu tout espoir.

Je me dirigeais à mon tour vers le seul lieu de la maison qui n'a pas été souillé par la violence et l'amertume lorsqu'un cris me glaça le sang.

TOI D'ABORDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant