Je serai poète et toi poésie.
François CoppéeAnaïa
Mackay, 23h30
Les hommes de mon âge ne m'effrayaient pas, les plus vieux en revanches me renvoyaient toujours l'image d'un possible père. Un possible père prêt à assouvir son autorité sur moi, sur nous. Un possible père qui attendait uniquement que je fasse le moindre faux pas afin d'avoir une excuse pour me punir. C'est pour cela que lorsque je me trouvais face à Riley aucune angoisse ne me venait, il faut dire qu'il était même plus jeune que moi d'une année alors je n'avais strictement aucune raison de m'inquiéter.
Seulement, je sentais ce poids lourd dans ma poitrine en le regardant. Me remémorant notre première année ici, ensemble. Il m'estimait beaucoup à ce temps-là, et je lui vouais un immense respect pour sa force d'esprit que je trouvais impressionnante. Cette force d'esprit qui a fini détruite, encore par ma faute.
Il faut croire que détruite tout ce que tu touches est dans ta nature Naïa.
Tout l'été j'avais fait en sorte d'extraire de ma mémoire l'image de son visage peignant la trahison qu'il ressentait envers moi.
« Je te pensais différente, mais tu es pire. »
Ouais, bien pire.
Je n'avais rien trouvé à lui dire, c'était la première fois depuis longtemps que je n'avais pas eu à refaire surgir cette histoire. Toute mon argumentation, ma défense, s'était échappée. Il n'y avait aucune raison assez valable pour qu'il accepte mes excuses.
J'en avais réussi à oublier qu'il travaillait à cette petite supérette de nuit, j'avais oublié à quel point j'avais influencé son état physique et psychologique. J'en avais oublié que j'avais joué un rôle important dans son deuil, qu'il s'était trouvé une dépendance à ma présence.
« Je comprends pourquoi il arrivait aux gars de la fac de dire que tu étais comparable à une sirène. Je pensais qu'il disait seulement ça pour ton physique, avoir la chance de tirer leur coup. Mais il faut croire qu'il faisait également référence à ta personnalité. »
Grâce à moi il avait réussi à canaliser sa peine, sa colère au fitness, il y allait régulièrement et me demander parfois de l'accompagner. Souhaitant une présence réconfortante à ses côtés. Il s'était musclé et avait trouvé une chose pour laquelle il devait rester en vie. Une chose pour laquelle il se devait de se battre. Je pensais que c'était le sport qui maintenait sa tête hors de l'eau, jusqu'au jour où il m'avouait que c'était moi cette chose. Que c'était pour moi qu'il se battait. C'est seulement maintenant, en le voyant que je vois à quel point ce qu'il disait était vrai.
En face de moi, il n'a plus rien de ce jeune-homme souriant à l'aura rassurante. Il semble être l'ombre de lui-même. Ses joues sont creusées, le poches sous ses yeux sont si profondes qu'on pourrait y ranger des outils. Il semble même avoir maigris d'une dizaine de kilos. Ses cheveux anciennement bruns, se trouvaient décolorés en blond. Son état me rend malade. Savoir que j'y ai joué un rôle important me donnerai presque envie de vomir, et en sentant mon estomac se retournait je me dis que c'est bel et bien ce qui va se passer.
Il ne m'avait pas encore vu, cachée entres les rayons.
Au diable l'estomac de Rose, allons-nous coucher.
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TOI D'ABORD
Teen FictionAnaïa Jones possédant une loyauté incontestable ferait tout ce qui est en son pouvoir afin d'aider les gens à qui elle tient, même les choses les plus inhumaines qui soit. Malheureusement pour elle, elle apprendra bien assez tôt qu'il vaut mieux pa...