TOI D'ABORD

2. Bye

Regardez le ciel ce soir,
Toutes les étoiles ont une raison.
Lil Peep

Anaïa

Mirror, 01h30

Enfermée d'une robe noire en satin j'avançais sous les néons bleus du club. La couleur reflétée sur ma peau et mes yeux peinaient à s'adapter à la luminosité. Je me sentais si oppressée dans ce tissu, je ne me sentais pas libre de respirer correctement...

Comment tous ces gens font ?

Simple, ils sont bourrés.

Les corps chauds et transpirants dansaient autour de moi, m'empêchaient de trouver le chemin menant au sous-sol. Je sentais arriver les premières bouffées de chaleur me submerger. J'avais l'impression d'être enfermée dans une bulle qui devenait de plus en plus petite chaque seconde, comme si son unique but était de broyer mon cœur et mon âme avec.

Dieu que je détestais les clubs.

J'étais terrifiée à l'idée de croiser ma mère. Je n'imagine même pas la tête qu'elle ferait, nous nous sommes à de nombreuses reprises disputées à ce sujet à ses débuts. Je sais d'avance qu'elle jubilerait en me voyant quémander l'argent de pauvres gros porcs comme elle peut le faire. 

Je croyais que nous ne la jugions pas...

C'est vrai. C'est une femme libre. Une femme libre qui oublie bien trop souvent qu'elle a des enfants à s'occuper. 

Je discernais enfin au loin le sous-sol m'affichant un sourire aux lèvres. Le sous-sol était consacré à la prostitution, peu de monde connaissait ce service dans cette boîte de nuit. Il y avait même un vigile si vous vouliez y entrer, s'assurant que le réseau n'était pas en danger.

Qu'est-ce que je ne ferais pas pour Maila putain.

Je me rassurais, m'imaginant que ma mère était déjà en chemin pour rentrer à la maison mais je savais que ce n'était qu'une illusion. Il était seulement une heure du matin. À moins qu'on apprenne qu'elle soit impliquée dans ce meurtre, elle est toujours de service.

Nous ne savons pas encore si c'est un meurtre.

Je suis persuadée que c'est un meurtre.

« Eh toi ! »

Je me retournais et remarquais rapidement que ce n'était qu'un homme saoul, environ la quarantaine.

Il pourrait être ton père.

Une panique m'envahit et je ne l'écoutais pas plus arrivant enfin face à la porte qui menait à toutes ces femmes à l'âme déchirée.

Je toquais ressentant chaque allées et venues du flux de sang dans mon cœur contre ma cage thoracique.

Boum boum

Boum boum

Boum bou-

Il cessa de battre alors qu'un homme, grand, très grand, m'ouvrait la porte.

Il me jaugeait du regard quelques secondes évaluant sûrement les raisons de ma venue.

« Tu attends un client ? »

Je me figeais au son de sa voix grave.

Un Homme.

Il pourrait te tuer à main nue, te retirer la vie sans avoir besoin ne serait-ce d'une seule arme.