Il existe un état dans lequel on n'est ni vivant, ni mort. On erre, le regard vide, l'estomac vide, l'esprit rempli d'idées noires.
Les journées sont longues, ponctuées de soupirs et de pleurs.
Plus rien n'a de sens. Plus rien n'a de goût.
Dans ces moments-là, je vois le monde en gris. Comme si la douleur m'avait privée des couleurs et de la beauté du monde. Nos photos, celles que je n'ai pas encore brûlées, apparaissent en noir et blanc. J'en avais presque oublié ton sourire. Tes yeux semblent briller. Ce jour-ci, on était heureux.
Comment réussir à t'oublier ?
J'ai dans la poitrine une intense sensation de lourdeur. Constamment, ce poids m'écrase et m'empêche de respirer. Mes yeux, à force de pleurer, me brûlent. La solitude me ronge. Je retrouve un peu de toi et de nous dans mon quotidien. Je n'arrive pas à lâcher prise, à te laisser partir. Tu ne t'es pourtant pas gêné pour reprendre tes affaires. Sans un mot, sans un regard. Tu étais glacé, impassible, étranger.
Est-ce mal d'espérer encore ?
Je ne crois plus en rien. J'attends, face à l'horloge, que les heures passent. Le tic-tac incessant me berce, m'hypnotise presque. Les souvenirs remontent à la surface, me torturent, et avec eux une vague de désespoir me saisit. Une main noire et glacée s'empare de moi, remonte le long de ma gorge et m'étrangle. Alors je prie, j'implore presque cette main de serrer aussi fort qu'elle le peut. Jusqu'à ce que l'air se bloque dans ma gorge. Jusqu'à ce que mon visage blanchisse. Jusqu'à ce que, dans un râle, je m'effondre et ne me relève plus jamais.
Depuis quand n'ai-je pas souri ?
Je voudrais hurler, faire connaître cette souffrance au monde entier, mais je n'ai même plus la force de te haïr. La colère, la haine, le dégoût me feraient tellement de bien. Au lieu de me noyer dans une eau calme, je serais emportée par une tempête. Je périrais par la violence, et non par l'inaction.
La nuit, je me réveille en sueur. Je me tourne et tends mon bras, mais je ne rencontre qu'un vide glacé. Je me sens immobile, presque morte. En partant, tu m'as laissé le silence, la solitude et l'insomnie. Ils m'accompagnent à chaque pas. Et que dire des regrets? Des souvenirs ? C'est comme un milliard d'aiguilles qu'on me plante dans le cœur. Les images défilent sous mes paupières et me font tourner la tête. Je ne supporte plus la lumière ni le bruit, tout me fait sombrer.
J'ai décidé de retourner voir mon psy. Sortir, affronter les regards d'inconnus, marcher sans aucune carapace pour me protéger est effrayant. Je suis effrayante. J'ai le regard fixe et la peau craquelée. Je n'entends même plus mon cœur battre. Face aux miroirs je tremble. J'aimerais retourner le couteau contre ma peau, agrandir un peu plus la plaie et saigner réellement. Je veux que soit marquée sur ma peau la douleur. Je veux avoir quelque chose à quoi me raccrocher quand je tombe. Mais une fois si bas, pourquoi essaierais-je de me relever ?
Je me sens si seule. Qu'importe ce que je fais, je suis incapable de te chasser de mon esprit. Tu es imprégné en moi, accroché à ma peau. Il ne me reste plus qu'à attendre.
Attendre la nuit, et la journée d'après. Attendre que le brouillard se dissipe. Attendre un nouveau jour, et un suivant, et puis un autre. Attendre qu'une main me relève. Et, petit à petit, vouloir de nouveau. Aimer, rire, croire. Espérer.
Et surtout, chanter.
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Billie Eilish - A song, a story (2)
FanficAprès plusieurs années... D'autres histoires jaillies de mon imagination. A song, a story, partie 2. J'ai grandi, j'ai muri. J'ai souffert et j'ai été heureuse. Et tout le long, Billie était là. En fond d'écran, en fond sonore dans la voiture, pour...