Chanson : The 30th - Partie 2

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Finalement, je suis très inspirée pour cette chanson, il n'y aura donc pas 2 mais 3 parties !

Bonne lecture et merci :)

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Il fallu au moins 30 minutes pour qu'une autre voiture passe par là et encore 15 minutes pour que les secours rejoignent les lieux.

Le rouge et le bleu des gyrophares dansaient dans l'obscurité de la forêt. Etant donné l'étroitesse de la route et l'importance des dégâts, les professionnels avaient balisé le secteur. Le SMUR et les pompiers s'affairaient à désincarcérer la victime de la carcasse fumante. Les gendarmes effectuaient les relevés habituels dans l'espoir de comprendre ce qu'il s'était passé, mais aussi pour tenter de trouver l'identité de la jeune femme. Encore inconsciente, les pompiers l'avaient allongée sur une civière. Ses cheveux, maculés de sang, collaient au côté gauche de son crâne. Une coulée rouge foncée s'échappait de son oreille et de sa tempe.

Par miracle, le téléphone était quasiment intact. Un des gendarmes tenta une première fois de le déverrouiller, sans succès, avant de remarquer la possibilité d'utiliser la reconnaissance faciale.
"Pourvu qu'elle ne soit pas trop en mauvais état", pensa-t-il.
Il s'approcha délicatement de la jeune femme, présenta l'écran face à son visage et parvint à déverrouiller le téléphone. Il se rendit dans le journal d'appel et sélectionna le dernier contact. Dernier appel il y a 57 minutes. Par chance, une voix féminine répondit après la troisième sonnerie. Il se chargea de l'informer de la situation et de lui indiquer l'hôpital dans lequel sa petite amie serait transférée d'ici peu. Trois pompiers s'emparèrent du brancard et le placèrent dans le véhicule. Ils montèrent à leur tour, fermèrent les portes, et le véhicule fila à vive allure, sirène hurlantes.

Elle ouvrit les yeux et mit quelques secondes avant de réaliser. Une douleur sourde lui broyait le crâne et le visage. Elle portait un masque à oxygène. Au-dessus d'elle, il n'y avait qu'un plafond blanc et bien trop lumineux. Soudain, un visage soucieux se plaça au-dessus du sien.

« Mademoiselle. N'ayez pas peur, vous êtes avec les pompiers. On vous emmène à l'hôpital, vous avez eu un accident de voiture. Essayez de ne pas bouger, d'accord ? »

Une larme s'échappa de son œil gauche et roula le long de sa tempe ensanglantée. Elle n'avait aucune idée de ce qui venait de se passer.

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A peine avait-elle raccroché qu'elle explosa en sanglots. Elle sentit une angoisse vive monter en elle et lui serrer la gorge. Sans réfléchir, elle attrapa les clefs de sa voiture, son manteau, claqua la porte et dévala les marches de l'appartement de sa mère. Alors qu'elle ouvrait sa portière, elle vit sa mère arriver complètement paniquée et encore en chaussons.

« Où est-ce que tu vas si précipitamment ? » lui demanda-t-elle.
Nouvelle crise de larmes. Elle lui expliqua entre 2 sanglots que sa copine avait eu un accident de voiture et qu'elle devait la rejoindre au plus vite à l'hôpital. Elle avait tellement peur de la perdre.

« Attends, ma chérie, tu ne peux pas partir comme ça. Tu sais qu'aux urgences tu en as pour plusieurs heures. Viens, monte, on va prendre des gâteaux, un livre et un bon thermos de café. Et je viens avec toi. »

Elle suivit sa mère et prépara un sac avec quelques affaires essentielles, de la nourriture, une batterie externe, un thermos de café et un bon polar. Sa mère prit le volant, par prudence. Elle ne voulait pas laisser sa fille conduire après une telle nouvelle. Elle avait sans doute raison.

Le visage contre la vitre passager, elle ne cessait de ruminer. Elle n'avait aucune idée de l'état dans lequel elle allait retrouver celle qu'elle aime. Serait-elle dans le coma ? Paralysée ? Défigurée ? Elle regrettait tellement d'être partie en lui criant toutes ces choses horribles. Elle savait qu'au moins, elle était vivante, et elle remerciait le ciel pour ça, mais elle savait aussi que ses insultes auraient pu être les derniers mots prononcés à son égard. Et si ça n'était pas un accident ? Si elle avait été tellement blessée qu'elle avait essayé de se... se faire du mal ? Si tout était de sa faute ?
Non, pas « si ». Tout était de sa faute. Elle n'aurait pas dû réagir ainsi, elle n'aurait pas dû partir. Elle aurait dû s'asseoir, prendre une grande inspiration, et discuter. Elles auraient réglé leurs problèmes ensembles et non séparément. Elles auraient été distances et boudeuses pendant quelques heures, avant de se réconcilier avec des ramens et un épisode d'Orange is the New Black. Si, pour une fois, elle avait pu contrôler ses émotions, rien de tout ça ne serait arrivé.

Malgré tout, elle s'en était sortie. Elle ne savait pas encore comment, ni dans quel état, mais sa moitié était vivante. VIVANTE. Ce mot lui semblait si fragile à présent.

Billie Eilish - A song, a story (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant