La dernière rencontre (DF2020-E3)

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Ce texte a été écrit pour la troisième épreuve du concours de la Dernière Flamme organisée en octobre 2020.

Il existait 6 équipes de 5/6 joueurs basés sur une île imaginaire. Chaque équipe possédait une identité autour d'un élément naturel : plage, forêt, caverne, montagne, volcan, lac... J'étais dans l'équipe plage.

Epreuve 3

Contrainte d'écriture : le personnage principal devait être un animal (il me semble).

AVERTISSEMENT

Texte élaboré pour choquer et faire réagir lae lecteurice qui ne convient pas aux âmes sensibles.

Texte élaboré pour choquer et faire réagir lae lecteurice qui ne convient pas aux âmes sensibles

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Le disque rouge du soleil rase le haut des broussailles. Un troupeau d'Addax lève le museau des brins d'herbe sèche qui constitue son repas du matin. En ombre chinoise, la marche paisible d'une famille d'éléphant suivie par quelques girafes rythme ce début de journée.

Des effluves de sang, captés par quelques babouins sur leur rocher, viennent briser le calme des lieux. L'aboiement d'alerte des singes appelle à la fuite, et, avec eux, les cris de toutes les autres espèces, tel l'écho funeste du drame qui se joue.

Penser qu'il le reverrait ici... Son ennemi des premiers jours.

Leur première rencontre datait de sa jeunesse, alors qu'il parcourait les plaines arides aux côtés de sa mère. Sa mémoire perdait le fil de ses souvenirs, mais, dans sa conscience, surnageait encore la crainte profondément ancrée de sa génitrice à son égard. Le mot d'ordre avait toujours été de le distancer, le plus vite et le plus loin possible.

Ses sabots commencent alors à reculer, bien malgré lui. Ses oreilles dirigées dans la direction de son adversaire, il galope à travers la verdure jaunâtre de la période sèche. Sa ruade provoque un nuage de poussière qui dissimule son départ précipité. Peine perdue.

Son assaillant possède bien plus de moyens pour le traquer qu'il n'en détient pour le fuir. Et ils le savent tous les deux. Ce qui ne l'empêchera pas d'essayer de semer ce faiseur de mort. Son endurance et sa ténacité restent ses meilleurs atouts.

Durant cette retraite désespérée, quelques souvenirs plus récents ressurgissent. Ceux-là, il parvient à s'en remémorer les contours avec plus d'exactitude. Des images de sa femelle et de leur premier enfant, en train de mâchonner un brin de paille. Leur odeur caractéristique, ainsi que les frôlements de leur peau contre la sienne, renaissent des méandres du passé. Leur absence, juste après avoir croisé cet ennemi, ne laisse aucun doute quant à leur trépas.

Un bruit assourdissant au-dessus de lui vient tout briser. Incapable de lever la tête vers le ciel, il ne peut qu'en supposer l'origine, sans doute peu amicale. Encore une fois, son premier réflexe le sauve peut-être, puisque tout son corps pile net avant de foncer dans une direction opposée.

Ses pas croisent la route de quelques gazelles qui s'échappent tout aussi vite que lui. Dans sa débandade, il escompte sur le changement de cible de son adversaire, de quoi le laisser enfin tranquille. Son vœu ne se réalise pas.

Deux autres bruits désagréables complètent celui qui provient du ciel. Un seul chemin face à lui demeure sans danger, il accélère par désespoir. Son esprit refuse la défaite, malgré le surnombre derrière à le harceler. Il envisage même de se battre, s'il le faut !

Les cris de ses poursuivants retentissent encore plus près. Depuis quand son souffle est-il aussi court ? Ses membres tremblent un peu, ses sensations faiblissent. Il lui faut trouver une solution. Tout son corps lui hurle au danger et au repos de concert, son instinct doit faire un choix.

Le persécuté bifurque au dernier moment pour mieux surprendre ses assaillants et il fonce vers le point d'eau le plus proche. Le chemin qui y mène, une descente assez douce, l'aide à se galvaniser et reprendre un peu de distance.

Sans compter sur lui.

Une explosion assourdissante siffle à ses oreilles, avènement d'une douleur insupportable au flanc, une sorte de tiraillement et de perte d'énergie trop soudain. L'une de ses pattes arrière vacille de plus belle, il sent son corps le lâcher peu à peu.

L'angoisse mortelle s'accroît dans sa tête et la peur se transforme bien vite en colère lorsque ses yeux remarquent une forme maigrichonne non loin.

Lui.

Son barrissement de rage semble répondre à la cacophonie de ses poursuivants, mais disparaît dans le néant. Il recommence. Sans succès. Le vrombissement dans le ciel se rapproche et le surclasse, ceux au sol ronronnent au loin. Les échappatoires s'amenuisent encore.

Sa fureur ne connaît plus de limite. Il décide donc d'encorner la tâche floue face à lui, prêt à l'écraser de toute sa puissance...

Une dernière détonation enflamme l'air, cascade sur le sable de la plaine et vient s'enfoncer directement dans le crâne du rhinocéros. L'animal s'effondre sur place dans un râle d'agonie.

Le braconnier s'avance alors jusqu'à la bête, un sourire ravi sur le visage.

« Heureuses retrouvailles, Dume*. »

Leurs regards se croisent une dernière fois.

Les deux jeeps s'arrêtent alors à sa hauteur, tandis que l'hélicoptère se pose non loin. La traque de celui-là aura fait brûler pas mal d'essence, il lui aura coûté cher !

« Coupez sa corne et dépecez ça en vitesse, ces idiots de rangers peuvent nous avoir entendus. »

D'un geste habitué, l'homme rengaine son fusil de chasse et se détourne ensuite de la carcasse encore chaude d'un des derniers représentants de son espèce.

D'un geste habitué, l'homme rengaine son fusil de chasse et se détourne ensuite de la carcasse encore chaude d'un des derniers représentants de son espèce

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*Dume : "patriarche" en swahili

Bien que le commerce international de corne de rhinocéros soit interdit par la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction) depuis 1977, la demande reste forte, en particulier au Vietnam, ce qui alimente le de rhinocéros, tant en Afrique qu'en Asie.

Les cornes, réduites en poudre, sont utilisées dans la médecine traditionnelle asiatique qui leur attribue des vertus curatives supposées pour toute une palette de maux allant du mal de tête à la fièvre, et plus récemment le cancer.

On assiste depuis 2008 à un braconnage important, en là où les animaux sont les plus nombreux : 1215 rhinocéros tués en 2014, 1175 en 2015, 1054 en 2016, 1028 en 2017, 769 en 2018 et 594 en 2019. En 2001, le dernier rhinocéros survivant de la sous-espèce des rhinocéros de Java (R. sondaicus annamiticus) a disparu au Vietnam du fait du braconnage.

La crise actuelle est principalement déterminée par la demande en cornes émanant de la classe moyenne à supérieure au Vietnam. Outre son utilisation à des fins médicinales, la corne de rhino est également achetée et consommée en tant que signe extérieur de richesse.

Les trafiquants ont recours à des méthodes de plus en plus sophistiquées pour échapper aux autorités, y compris l'usage d'hélicoptères et d'un matériel de vision nocturne, pour traquer les rhinocéros, et l'administration de produits vétérinaires pour les assommer. Cela signifie que les gouvernements et les défenseurs de l'environnement doivent atteindre ce même niveau de technologie pour pouvoir remédier au problème.

Source : wwf.fr

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