Chapitre 3 partie 2

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Elle m'agrippe le poignet et me tire vers un immeuble douteux. Je la laisse m'entrainer dans le sas d'escaliers. La bâtisse est sale et abîmée. Des fissures ornent les murs défraichis. Les rampes en métal sont marrons mais il subsiste quelques taches de rouge, surement sa couleur d'origine. Des ordures sont entassées dans un coin, près d'une pelle rouillée. Nous grimpons deux étages. Enisse s'arrête devant une porte et l'ouvre avec une petite clé accroché è une chainette au tour de son cou. Elle me pousse vite à l'intérieur et referme à clé.

L'appartement est petit. Dans la pièce principale se tient un four noir et un canapé d'une couleur douteuse ainsi qu'un tapis limé. Deux portes closes sur un mur laisse penser qu'il y a des chambres à côté. Près de la fenêtre, dans une chaise en bois du siècle passé est assis une petite mamie avec des bigoudis dans ses cheveux blancs. Elle tricote une longue écharpe marronasse qui traine sur le sol tout autour d'elle. Son regard n'est pas fixé sur son travail mais sur moi et ses petits yeux me scrutent comme un rapace. Avec une agilité déconcertante, elle se lève de son fauteuil de fortune et se dirige vers moi. Elle doit faire aux alentours d'un mètre cinquante mais elle me toise de haut avec une méchante lueur dans le regard.

-Qui-est ce, Enisse ? Tu as ramené le repas de ce soir ?

Elle me sourit, ses dents sont si blanches et pointues qu'elle me fait penser à un requin.

-Non. Elle m'a vu pratiquer la magie.

Quoi ? Pratiquer la magie ? Mais quand ?

-Tu n'as pas été assez prudente, Enisse. Je te le répète sans cesse, il faut être prudente.

-Je sais mamie, mais j'étais dans une situation urgente.

La petite vieille lève les yeux au ciel et me fixe.

-Qu'est ce qu'on va faire d'elle ?

Enisse tire ma queue de cheval vers elle et inspecte ma nuque. Elle ne doit pas voir ma marque ! J'essaie de me débattre mais trop tard, elle appelle l'autre.

-Regarde, mamie. Elle a la marque de Noix.

-Elle ? Une pauvre fille perdue ? Ce n'est pas possible. La grande Nix ne choisit ses enfants qu'avec précaution.

Je ne comprends plus rien et cela doit se voir sur mon visage. Enisse me propose d'aller m'asseoir sur la canapé. Je pose mes fesses sur le bord et cherche un échappatoire à cette situation. Une fenêtre sur ma gauche et la porte d'entrée sont les seuls moyens de fuir d'ici.

-Que sais-tu de la Grande Guerre, Charlotte ?

Je pose mon regard sur la jeune fille. Pourquoi passe-t-elle toujours du coq à l'âne ?

-Si tu m'expliquais plutôt ce que je fais là ?

J'ai suivi des cours d'histoire à l'école, je n'ai pas besoin de mise à jour.

-As-tu entendu parlé des Enfants astraux ?

-C'est un conte pour enfants qui ne sert qu'à...

-C'est là que tu te trompes, Charlotte. Ils existent réellement ; Les Enfants Lunaires et Solaires existent réellement. Ils masquent leur existence pour se protéger, ou du moins les Enfants Lunaires.

-Qu'est-ce-que cela à avoir avec moi ?

-Si tu me laissais terminer, tu le saurais. Les Enfants sont choisis par les déesses en personne et ils ont une caractéristique qui permet de les reconnaître : une marque sur la nuque. Les Solaires portent un petit soleil, les Lunaires une lune, comme toi, moi et mamie.

Je la dévisage, incrédule. Où-a-t-elle péché ces salades ?

-Et ? Si tout ça, je dis bien si, était vrai, qu'est ce que cela aurait avoir avec moi ?

-Mais tu ne m'écoutes pas ? Je te dis que tu es une Enfant Lunaire ! Tu es en danger. Ils vont te chercher, te trouver et te tuer !

Par les dieux. La folle qui m'a kidnappée est parano. Je décide de me lever pour partir. Je courre vers la porte mais elle ne s'ouvre pas : les clés sont dans la poche de Enisse. Trop stupide Charlotte. Je me tape la tête avec ma main.

-Tu ne me crois pas ?

Je la regarde, choquée.

-Bien sur que je te crois. A près tout, je me fais embarquer par une inconnue qui me déclare que je suis en danger de mort parce que quelqu'un veut me tuer et que je suis-je ne sais pas trop quoi, c'est totalement normal ! C'est une journée tout à fait habituelle !

-Enisse, je crois qu'elle se moque de nous.

Je me tourne vers la mamie, assise de nouveau dans son fauteuil, tricotant une nouvelle écharpe.

-Bon, vous savez quoi, laissez-moi partir. Je ne dirais rien sur ton cambriolage à qui que ce soit.

-Charlotte... Tu dois me croire. Tu es en danger. S'ils te retrouvent, tu subiras un sort pire que la mort.

-Mais qui ? Qui veut absolument me retrouver ?

-Les Enfants Solaires, Charlotte. Nos pires ennemis. 

Les chroniques de JordenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant