Chapitre 6 partie 1

2 0 0
                                    

        Suis-je morte ? J'ouvre les yeux mais je ne distingue rien car il fait totalement noir. Je n'imaginais pas le paradis comme ça. Je ne sais pas, je pensais que ce serait coloré, un endroit où je me sentirais enfin à l'aise. Mais en ce moment précis, je ressens une douleur au ventre. Je tâte autour de moi, il me semble être allongée sur un sol froid. D'un coup, la lumière se fait. Au plafond, des barres LED se sont allumées sans que je fasse quoi que ce soit. Enfin, j'arrive à distinguer l'environnement qui m'entoure. Je suis dans une gare, entièrement vide mais étrangement moderne. Des bancs vert brillant s'étendent jusqu'à perte de vue. Sur ma gauche, des rails s'enfoncent dans l'obscurité.

Je tente de me lever et dépoussière mes vêtements. En me relevant, je vois ce qui me causait ma douleur dans le ventre. Ma lampe torche est fracassée sur le sol, en mille morceaux. La lentille en verre est en miettes et les piles réduites en disques plats et irréguliers. Tout autour d'elle se dresse une trace noire. Je me rends compte que cette trace sculpte ma silhouette. Comment se fait-il que je sois parfaitement intacte alors que ma lampe est détruite ? C'est extrêmement bizarre. Je lève la tête dans l'espoir que j'aperçoive le trou d'où je suis tombée. Sauf qu'il n'y a rien. Pas de trou, ni d'escaliers à partir desquels j'aurais pu arriver ici. Je suis stupéfaite. Peut être que j'étais morte à près tout. Sur les murs carrelés sont accrochés des panneaux publicitaires dont je ne connais pas les produits : l'Oréal, Coca Cola ou encore Netflix. Qu'est-ce que ç'est ? Et surtout où suis-je. D'un coup d'œil, je cherche une issue. La seule semble être le tunnel qui part dans les profondeurs. Et il est hors de question que j'aille à l'intérieur. J'ai vu des films d'horreur et les plus grands monstres se cachent dans l'obscurité. Je n'ai aucune façon de m'en aller. Alors, je m'allonge sur un banc et je tache de réfléchir.

J'attends longtemps. Enfin, je ne sais pas. Peut-être qu'il est passé quelques secondes. Ou bien des heures. Peut être même qu'une semaine s'est écoulée. Mais je n'y pense plus dès que j'entends un bruit fort. Prolongé. Avant même que je ne comprenne, un métro entre en gare. Je me lève d'un bond, bien décidé à trouver le chauffeur. Le véhicule est vieux, les parois défraichies semblent peu solides. Les vitres sont très sales, par conséquent je ne peux pas voir l'intérieur. Les portes s'ouvrent en grinçant, je me faufile à l'intérieur. Je ne savais pas ce que je pensais trouver dans le wagon mais pas ça. Le métro est semblable de l'extérieur et de l'intérieur. Les sièges sont en bois cirés et les petites lumières en forme de cloches au plafond illumine la scène d'une lumière jaunâtre qui fait ressortir le côté vieillot de l'habitacle. Les portes se ferment derrière moi comme si le métro n'attendait que moi. Tandis qu'il se met péniblement à rouler, je le visite, à la recherche d'une bonne âme qui voudrait m'aider. Comment j'arrivais à me mettre dans des situations pareilles ? Dans les livres, les héroïnes réussissent à trouver leur chemin en une minute, moi je me retrouve dans un train glauque qui se dirige je ne sais où. Je fais vite le tour, il n'y a personne. Je souffle, c'est bien ma veine. Je décide d'aller voir le chauffeur, il doit bien savoir où il conduit le train, sinon je perds foi en l'humanité. Je remonte les allées et enfin, j'arrive à une porte. Derrière semble se trouver la « locomotive ». J'ouvre brusquement la porte et rentre dans la pièce. Personne ne conduit le train. Le fauteuil devant les manettes est vide. Je soupire.

-« Je peux vous aider ? »

Je me retourne et sursaute. Un homme, que je n'avais pas vu, est assis sur une banquette et lit un journal. Je ne l'avais pas vu. Tout de suite, je me rends compte qu'il tient son journal à l'envers, cela ne doit pas être confortable à lire. Il porte un chapeau melon bleu marine qui est très enfoncé sur son crâne. Il lève vers moi ses yeux. Je suis prise par surprise : ses iris sont bleu nuit. Est-ce que ce serait possible de vivre quelque chose de normal pour une fois ? il me fait un petit sourire sans dévoiler ses dents et caresse sa moustache d'un air songeur en me fixant.

-« Vous êtes le conducteur ?

-Voyant mon petit, j'ai bientôt de classe pour être chauffeur. »

Je ne relève pas.

-« Savez-vous où l'on va ?

-Je sais où je vais mais sais-tu où tu vas ? »

Je suis tombée sur un poète. Je me frotte les yeux, j'en ai assez de cette aventure. Je me pose sur le fauteuil du conducteur pour réfléchir. Je pensais réellement trouver Enisse et la mamie du premier coup, derrière un arbre ou quelque chose de ce style. Je n'avais pas prévu de me retrouver complètement perdue.

-« Pouvez-vous me dire au moins quels sont les arrêts ?

-Celui où tu veux sortir est le prochain. »

Pardon ? Comment peut-il savoir où je veux sortir ou même ce que je veux faire.

-« Mais il faut te hâter. Tes amies sont en danger. »

Les chroniques de JordenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant