Les chroniques de Jorden

Chapitre 4 partie 1

-Pourquoi seraient-ils mes pires ennemis ? Des Enfants Solaires, ça n'existe que dans les livres !

-Mais non ! Je te dis qu'ils existent réellement ! Ils surveillent et dirigent la population afin que personne n'apprenne la réalité !

-Quelle réalité ?

-La réalité sur la déesse Héméré et la déesse Noix.

-Quelle est-t-elle ?

-Je ne peux pas te le révéler.

Je souffle, c'est du n'importe quoi.

-Je comprends que tu ne me crois pas, Charlotte. C'est compliqué et beaucoup d'un coup mais je ne te dis que la simple vérité. Alors, quand tu sauras prête à reparler de tout ça, viens ici.

-Mais je ne connais pas ton adresse !

-Suis ton cœur.

Olala, cette fille a vraiment un pète au casque. Elle claque des doigts, et, toute seule, la porte d'entrée s'ouvre en grand.

-Comment tu as fait ça ?

-On en reparlera. Pars maintenant, avant que mamie ne décide de te manger.

Je file sans demander mon reste.

Dans la rue, je repense à ce qui vient de se passer. Les sectes existent et beaucoup de gens sont intégrés à cause d'événements comme ça. Ces personnes doivent faire parties d'un groupe de ce genre, complotiste et schizophrène. Mieux vaut ne jamais les recroiser. Je frotte ma nuque, qui me lance. Deux grands coups sonnent à mes oreilles, il est bientôt midi, il faut que je rentre. Je me dépêche pour pouvoir aller me servir en cuisine avant que le petit personnel y arrive. Je ne prends plus mes repas avec mes parents depuis la fameuse nuit où j'ai rencontré Noix car Père en a décidé ainsi. Il a dit, je cite « que manger avec cette sauvage est si désagréable qu'il préférait jeuné jusqu'à sa mort ». Charmant. Je dîne depuis seule, parfois accompagnée d'Henry quand Mère est trop fatiguée de croiser son regard. Heureusement, je ne croise personne et je monte vite dans ma chambre dévorer mes trouvailles. D'en haut, je peux entendre ma famille savourer leur déjeuner et discuter comme si tout était pour le mieux. Le reste de la journée se déroule lentement et j'attends impatiemment la tombée du jour pour courir chez Camille et lui répéter ce qui s'est passé. Je m'habille plus chaudement, les nuits sont fraiches en Gradoli et il n'est pas rare qu'il neige, même en printemps. Je descends à pas de loup et passe devant le bureau de Père. Des éclats de voix masculines se font entendre.

-On ne peut pas les attaquer comme ça...

-Combien y en a-t-il ?

-Deux, selon nos sources.

-Nous devons faire disparaître ces Enfants Lunaires avant qu'il ne soit trop tard !

Pardon ? Enfants Lunaires ? Alors Père fait aussi partie de la secte ? Mais pourquoi les éliminer s'ils sont camarades ?

-Nous irons cette nuit, pour les mettre hors d'état de nuire.

Y-a-t-il une chance que Père et ces hommes parlent de Enisse et de la mégère ?

-Le quartier où ils séjournent est au nord. Il est très vétuste. Il sera dur d'y manœuvré sans se faire remarquer.

Il est presque certain qu'ils parlent d'elles. Faut-il que je les prévienne ? Mon instinct me dit que oui. Alors, je le fais.

Je galope dans la rue, jamais je n'ai couru aussi vite. Je me suis rapidement rappelée que je n'ai aucune idée d'où elles vivent mais je fonce vers le nord. Bientôt, je m'enfonce dans un dédale d'immeubles gris qui sont tous semblables. Je crois reconnaître un bâtiment, je tourne à droite et me retrouve dans un cul de sac. Je rebrousse chemin et m'élance de l'autre côté. Cet endroit est un véritable labyrinthe dont la sortie est introuvable. Mon instinct me guide, je le suis sans rechigner. Enfin, je retrouve la cage d'escalier crasseuse. Je monte l'escalier quatre à quatre et tambourine à la porte d'Enisse. Elle s'ouvre rapidement, la mamie sur le seuil. Leur appartement est complètement vide, le canapé a disparu, le fauteuil et les rideaux se sont volatilisés. La grand-mère tient un petit sac à la main et me fixe d'un regard noir.

-Pas trop tôt, fillette. Je commençais à croire que tu ne viendrais pas. Enfin, j'espérais.

Je ne relève pas l'ironie et parle à toute vitesse.

-Je crois que vous êtes en danger, vous et votre petite-fille. Des gens vont venir pour vous faire du mal, il faut que vous partiez, que vous vous cachiez...

-On le sait bien. Tu arrives après la bataille. Ca ne m'étonne pas. De nos jours, la jeunesse ce n'est plus ce que c'était. Moi, à ton âge...

Elle maugrée et me laisse rentrer. Enisse est assise sur une valise qu'elle essaie de fermer.

-Ah ! Charlotte ! Ca me fait plaisir que tu viennes, tu vas pouvoir partir avec nous.

-Hein ? Non, tu ne comprends pas. Des raisons me poussent à croire que vous êtes en danger, je ne suis pas sure mais...

-Nous sommes au courant. Des personnes vont venir nous chasser mais nous serons parties quand ils arriveront. Elle regarde sa montre. Dans sept minutes et trente trois secondes précisément. Il faut que tu viennes avec nous, sinon tu vas aussi être en danger.