LE FILS DE MON MARI

Chapitre 5 : Le cadeau d'anniversaire

Aissatou

Depuis notre dernière dispute avec Tamsir, il est encore plus doux et plus attentionné qu'avant. Il a accepté de suivre le traitement avec moi et de m'aider à ce que notre famille puisse s'agrandir. Je l'aime tellement que je ne sais pas ce que je serai devenue sans lui.
Depuis plus d'un mois on se rend régulièrement en consultation et en ce moment on attend le résultat de nos analyses respectives et ce qui y siéra. Avec lui, c'est comme si j'étais prête à braver tous les dangers de la terre pour être avec lui.
Même s'il pense que je deviens accro à force de vouloir avoir cet enfant, mais c'est que je me rends compte que je ne serai complète sans ce petit être qui grandira au fond de moi.
Et cela devient vraiment embêtant quand tout mon entourage s'y met. J'ai complètement changé d'après eux, ne pensant plus qu'à comment tomber enceinte. Cela m'avait tellement fait mal notre dispute avec Tamsir, insinuant que ce « problème » devait venir de moi.
A vrai dire, j'ai peur que cela ne soit la vérité, et je me garde de le lui dire pour ne pas qu'il se sente encore coupable. Si ce n'était de moi dont il s'agit, j'aurais dit que cela arrive parfois de voir des femmes incapables d'enfanter et que la vie devait continuer. Mais s'agissant de moi, je ne peux m'y résoudre. Cet enfant je l'aurai coûte que coûte, par la grâce de Dieu.
C'est aujourd'hui l'anniversaire de nos deux ans de mariage. J'aurai bien voulu pour cette occasion lui faire le plus beau cadeau qu'une femme puisse donner à son mari mais je ne désespère pas. Au contraire, depuis que je sais qu'il est à cent pour cent avec moi sur ce coup, je me sens monter des ails. Et je crois bien que personne au monde ne pourra altérer notre amour et notre bonheur.
Je suis descendue plus tôt aujourd'hui pour pouvoir m'occuper du diner et de notre petite soirée romantique que j'ai mise au point. Eh oui, une des aventages d'avoir sa propre entreprise ! On n'a pas besoin d'être toujours là, encore moins de compte à rendre à un supérieur. Mais qui me connait sait que je suis une folle du boulot et que je ne m'absente jamais. Disons que j'aime tenir les rênes de mon royaume à moi.
Je suis passée au supermarché pour prendre tout ce dont j'aurai besoin pour la réussite de cet évènement. Je ne lui ai pas rappelé que c'était notre anniversaire de mariage mais je crois bien qu'il joue le même jeu que moi. Et je me demande ce qu'il pourra bien m'acheter cette fois-ci.
Le lendemain de nos noces, il m'avait offert un beau et gros diamant qui, quand j'y repense encore me fait des étoiles dans les yeux. Je le porte pas toujours car je ne veux pas passer pour une exhibitionniste, et le mets que pour les grandes occasions. Et de toute façon quand on a une mère qui adore les choses simples et sans artifices comme la mienne, on ne se met pas trop en spectacle.
L'année dernière c'était la voiture que je conduis maintenant qu'il m'avait donné. Ce qui fait que je l'aime tout particulièrement cette bagnole. Et je lui avais offert à mon tour un voyage en amoureux, rien que nous deux. En ce moment-là sa cousine était encore avec nous et il faut dire que cela nous avait fait un bien fou de nous éloigner de l'espace de quelques jours du train-train quotidien.
Mais que peut-il bien m'offrir cette fois-ci hein ? Il faut dire que je meurs d'envie de le savoir. J'ai toujours été très curieuse de tout.
Arrivée à la maison, il fallait que je me mette au travail.
J'ai déjà donné le menu à la domestique qui est chargée de faire le repas. Quant à moi, direction la chambre.
S'il est vrai que je ne cuisine presque jamais chez moi et qu'on à des domestiques à ne plus en redemander, personne ne s'occupe de notre chambre à part moi, pas même cette espiègle de Penda. D'un, c'est trop intime pour laisser les autres s'en approcher. De deux, je suis d'une extrême jalousie et je le sais, ce qui fait que j'aime pas qu'on s'approche de mon mari. Et de trois, j'aime vraiment pas, surtout qu'on touche ou lorgne mes affaires.
Je ferme les volets des fenêtres pour que l'endroit soit plus sombre que d'habitude. Je mets les draps que j'avais achetés pour l'occasion. Un drap pas des plus anodins et qui m'a tout de suite fait de l'œil quand je l'ai vu pour la première fois dans cette boutique. Il est de couleur noir avec des roses et des cœurs rouges.
Les chandelles allumées, l'encens gisant petit à petit, je disperse les pétales de roses sur le lit et dans toute la chambre. Une nuit qui s'annonce déjà... mouvementée je dois dire. Je souris à cette remarque en me rappelant notre première nuit ensemble. C'était si magique et je me réjouis que la flamme soit toujours aussi vive entre nous. Une vraie idylle que je ne veux pas voir prendre fin, et qui ne s'estompera pour rien au monde.
Tout est fin prêt ! Le diner, la chambre,... Enfin presque. Je cours presque pour prendre mon bain et me changer, mon homme ne va pas tarder. Je mets ma robe moulante noire et le collier qu'il m'avait offert le mois dernier en signe de « réconciliation ». Il est très beau je l'avoue, et l'aime beaucoup, beaucoup.
Je souris en entendant la sonnerie. Il est là, mon homme est rentré. Je cours presque, comme une gamine en ouvrant la porte. Mais mon enthousiasme, mon ardeur, toute ma joie se dissout quand je vois planté devant moi, un jeune homme d'une vingtaine d'années. Un teint noir, il n'est pas si grand ni vraiment costaud, juste un jeune homme dans la moyenne. Il a des bagages avec lui et semble un peu perdu.
Je le détaille en me demandant qui est cet homme, et surtout ce qu'il fait là. Une erreur ? Oui, il a surement dû se tromper d'adresse, vu que je ne le reconnais pas.
Cela, c'est ce que je pensais avant, avant qu'il ne parle.
- Bonsoir, puis-je vous aider ?
- Oui bonsoir madame. En fait je suis venu... venu pour voir mon père. Est-ce qu'il est là ?
Son « père » ? Ai-je bien entendu ? Son père ?
- Votre père ?
- Oui, Tamsir Amar. N'est-ce pas qu'il habite là ?