Chapitre 3

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Aïssatou

J'arrive à l'agence un peu en avance. Chose normale quand on a toute une équipe à diriger, et surtout à surveiller.
Et puis, il faut leur donner l'exemple à suivre.

On bosse une nouvelle campagne publicitaire. Un gros contrat.
Un autre gros contrat pour être exacte. Je dois dire que celle de l'entreprise de Tamsir nous a beaucoup apporté. En plus de la promotion et de la réputation grandissante, je me complets dans ce boulot.

Je suis débordée ces temps-ci, mais si heureuse. C'est mon aspiration en tant qu'être humain.

Toutes ces années de travail et de sacrifices ont fini par payer. Des années à travailler comme une folle, à me priver de distractions et de tout divertissement. Mais quand j'y pense maintenant, je me dis que cela en valait bien la peine.

Résultat, je n'envie aucune personne dans ce monde.
Je sais que c'est trop dire mais j'aime me réconforter en pensant cela.

Parce que oui, il me manque quelque chose. Il nous manque quelque chose, à mon mari et à moi. Il me manque le symbole de notre union, le fruit de notre amour. Il nous manque un enfant.

Je ne me suis jamais posée cette question à savoir si un jour je pourrais enfanter, car à ce moment-là je n'étais pas encore mariée.
Mais les premiers mois de notre union passés, la pression venait de tous les côtés.
Ma famille, ma belle-famille, mais ma mère et ma soeur Soda surtout.

En quelque temps, ma vie est passée de celle de rêve à une vie cauchemardesque.
C'est comme si je devais tomber enceinte dans la première année de mon mariage sinon, les ragots allaient commencer.

Et depuis deux mois, je fais des vas-et-vients incessants chez la gynécoloque.
Franchement, je ne suis pas du tout inquiète concernant cela. D'autant plus que mon mari me soutient, comme toujours. Je suis ravie de constater qu'il ne me met pas la pression concernant cette histoire.
En gros, il est parfait !

Je suis dans mon bureau en train de vérifier les clauses d'un contrat avec un de nos partenaires quand j'entends mon téléphone sonner.

Je décroche presque automatiquement.

- Allo !

Personne ne répond pas, ce qui m'inquiète. J'insiste à nouveau et entend la voix de Tamsir à l'autre bout de la ligne. Il a dû m'appeler depuis sa société. Mais quelque chose dans sa voix me laisse penser qu'il ne va pas bien.

- Mais qu'est-ce que t'as chéri ?

- Rien... Rien de grave. Je dois juste te parler de quelque chose. Je sais que j'aurai dû le faire depuis longtemps... Oui, depuis le début... Et... Et je sais que c'est pas quelque chose qu'on doit dire au téléphone mais tu vois, je n'en peux plus.

Je me lève et marche dans la pièce.
Je suis vraiment inquiète.
De quoi veut-il bien me parler ? J'ai soudain peur de ce qu'il aura à me dire.

Mais avant tout, c'est à moi de l'aider et lui donner le courage de me confier ce qu'il y'a.

- Ne t'inquiète pas surtout. Je suis là pour t'écouter, je suis là pour toi.

- Une partie de ma v...

Je me retourne et vois Rokhaya qui vient de me prendre le téléphone des mains. Je suis encore sous le choc, et j'ouvre grand les yeux devant ce qu'elle vient de faire.

- Kya ! Mais... Qu'est-ce qui te prends ? Rends-moi mon portable sur le champ !

- Non !, dit-elle, en coupant la communication.

Je suis hébétée, ne sachant quoi dire.
Kya est ma meilleure amie, ma confidente. Je m'entends plus avec elle qu'avec mes propres soeurs.

Elle est grande de taille, un peu plus grande que moi, et d'une forte corpulence mais sans être grosse. Elle a une noirceur d'ébène, bref, une vraie femme sénégalaise. Elle a ouvert depuis quelque temps un cabinet de pédiatrie.

LE FILS DE MON MARIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant