Versus

Chapitre 1 - Neargy

J'étais à bout de souffle.

Mes gadgets, hors-services. Mes équipements, presques inutiles. Mon énergie, bientôt à sec. Ma vie, presque finie.

Dans la douleur, blessé, fatigué, je grimpe les cinq marches restantes pour atteindre mon ultime but : la sortie de secours. Elle me ménera sur le toit du gratte-ciel, à près de 1500 mètres d'altitude. Le toit du Near Sky, où je sais qu'il ne pourront plus me rattraper.

"Grouillez-vous ! Il ne doit pas s'échapper d'ici !"

La voix de mes poursuivants se fait de plus en plus distincte. Le sang coule sur mon épaule, cette balle ne m'a pas ratée. J'ouvre la porte de secours, avant de me prendre une rafale de vent et de pluie sur le corps. Il fait froid, et mon syndrôme ne supporte pas ce genre de température. Le peu de force qu'il me reste me permet d'aller jusqu'au bord du haut du gratte-ciel.

Je désobéis délibérément à la loi de tout les films de science-fiction et d'aventure où ils disent tous : "Ne regarde pas en bas". De la brume de partout, des voitures anémo-électrique qui roule au pas malgré leur capacité à dépasser la vitesse sonore, une ville multicolore, presque semblable au RGB que j'aime tant. Near City, la ville où j'ai vécu, la ville où je me suis fait des amis, et la ville portant le plus haut gratte-ciel au monde, duquel je vais sauter pour le bien de ce dernier.

Mes poursuivants m'avaient déjà rattrapés. Un groupe de 5 hommes armurés pourpre pointèrent leurs armes vers moi : des fusils à viseur infrarouge.

"Ne bouge plus ! Fait un seul mouvement et nous tirons !"

Je ne bouge plus.

"Il veut te parler une dernière fois.
- Le résultat est là, dis-je frigorifié et à bout de forces. Je ne changerai pas d'avis pour un monstre comme lui !"

L'un des hommes sorti une espèce de luminaire bleu et le jetta à mi-distance. Une silouhette en sorta, c'était un hologramme. L'hologramme de cette ordure qui voulait sauter le monde.

"Dally, tu n'es pas en état de continuer à résister. Je te conseille d'accepter ma proposition. Tu me rends cette clé, et je te libère de ton casier judiciaire. Je t'offre logement et tout ce qu'il faut pour mener à bien ta vie. Mais si tu saute, personne ne sera gagnant."

Le dos toujours tourné. Les yeux vers le destin. Prêt à bondir à n'importe quel moment, tout comme ces hommes. En position de tir, les yeux vers moi, prêts à tirer au premier ordre. Rassemblant toute ma rage et mon courage, je dis ces derniers mots.

"Parce que vous pensez que c'est un jeu ? Non monsieur. La guerre se finit ici même. Et si vous pensez pouvoir lire un jour les données de cette clé, vous n'avez qu'à venir par vous-même au lieu de vous servir d'holographs pour me communiquer et l'insérer dans l'immonde lecteur qu'est votre cul démoniaque !"

Offensé, l'hologramme leader de l'opération ordonna l'ouverture du feu.

Ma dernière figure. Mon dernier saut. Avec en main la clé qui sauvera ce monde, si je ne rate pas ce suicide sauveteur, ce sacrifice. Ma jambe gauche dans les airs, mon pied droit me propulse, je fais un tour sur moi-même, un 180° évitant la rafale finale.

Et puis je me laisse tomber, le poing vers l'avant, le poing qui renferme la clé.

-- Un quelques semaines plus tôt --

J'ai reçu la note de mon examen sur le test de réactions des arbres faces aux catastrophes naturelles. Les résultats sont plutôt convaincants : 68 sur les 100 points requis. Si j'avais répondu juste à la question sur les inébranlables racines des accacias, j'aurais pu avoir dans les 75. J'ai encore du boulot, ma foi. Mme Ryoko, professeur spécialisée dans les réactions végétales, m'a rendue ma copie avec le sourire.