Chapitre 1 : Le Compte-Rendu

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1996

Le jour commençait à décliner lorsque Hermione se réveilla d'un sommeil sans rêve.

La tête lourde et bourdonnante, elle mit du temps à ouvrir les yeux et à s'habituer à la lueur orangée que les épais carreaux de l'infirmerie filtraient. Allongée dans les draps blancs, elle se sentait étrangement en sécurité. L'envie irrépressible de fermer les yeux à nouveau et de se laisser sombrer la saisit.

Cela était inutile. La potion que lui avait préparée Mrs Pomfresh était limitée en durée d'efficacité. A présent réveillée, la Gryffondor n'avait plus qu'à attendre en silence, dans l'espoir qu'un moment de répit supplémentaire lui serait accordé.

« Oh, Miss Granger ! » s'exclama Mrs Pomfresh, bien qu'avec discrétion. « Vous êtes réveillée ! »

Tant pis pour la tranquillité... Hermione s'efforça de sourire par politesse, reconnaissante envers l'infirmière qui était toujours au petit soin des élèves. Cette dernière l'observa quelques instants, compatissante.

« Le directeur m'a dit souhaiter vous voir à votre réveil, Miss... » finit-elle par poursuivre. « Mais si vous voulez encore vous reposer, vous n'avez pas à partir tout de suite. »

Hermione hocha la tête. Si elle avait pu choisir une quelconque option, alors elle aurait aimé traîner des jours – des semaines, même – sans que quiconque ne la voie ou ne la dérange. Pas même ses deux amis qui l'attendraient probablement dans la Grande Salle à l'heure du repas.

« Je devrais y aller, alors. » répondit-elle simplement en se levant.

Elle épousseta sa jupe d'écolière qu'elle n'avait pas quitté, enfila le pull sans manches qui complétait son uniforme par-dessus son chemisier blanc, et enfila ses souliers avant d'attraper sa cape de sorcière et de se diriger vers la sortie. Remerciant l'infirmière, elle quitta les lieux pour s'élancer dans le corridor, désirant en finir au plus vite avec l'entrevue qui l'attendait.

Sur la route, ses yeux s'attardèrent sur les moindres parcelles des couloirs. Rien n'avait changé. Il était perturbant de se dire que le décor de Poudlard était probablement figé depuis des décennies – si ce n'étaient des siècles. Hermione avait déjà réfléchi à la question à plusieurs reprises, plus jeune, tandis qu'elle découvrait le monde magique et la beauté de cette école aux multiples secrets. Des milliers d'élèves, de sorciers, avaient foulé les pierres que revêtait le sol avant elle. N'importe lequel d'entre eux aurait probablement eu l'impression que le temps s'était arrêté, s'il avait été catapulté à son époque.

C'était exactement ce qu'elle avait éprouvé en arpentant pour la première fois les couloirs du Poudlard de l'an 1977. Le ressentir à nouveau n'était pas plus étonnant...

Rapidement, elle se retrouva devant la gargouille qui gardait l'entrée du bureau du directeur. Son ventre se tordit d'appréhension maintenant qu'elle se trouvait au pied du mur, prête à faire face à celui qui avait orchestré toute cette machination sordide.

« Crèmes canari » déclara-t-elle d'une voix sourde, répétant le mot de passe que lui avait fourni l'infirmière avant son départ.

La gargouille se mit à trembler, puis à pivoter avec lenteur. Le bord de ses ailes frôlèrent les parois supérieures dans un léger crissement, avant que l'habituel escalier en pierre qui menait au bureau ne sorte entièrement du sol.

Hermione gravit les quelques marches ; elle se retrouva immédiatement nez à nez avec Albus Dumbledore, qui tenait encore une friandise entre les doigts. Ses yeux bleus, qui luisaient de malice par-dessus ses lunettes en demi-lune, la transpercèrent de toutes parts.

Résilience [R.Black, H.Granger]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant