Entrée 4

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Sectidi 6 Nivior, 17 EC

Deux voyageurs sont arrivés à Fork ce matin, très tôt, par la route du sud. Dana était de garde et a alerté tout le monde. La femme s'est présentée comme guérisseuse, l'homme comme magicien. Ils n'ont pas été autorisés à entrer dans le village, mais on leur a amené Desmond afin de voir s'ils pouvaient le soigner. Je ne sais pas vraiment ce qu'ils lui ont fait, mais il a arrêté de saigner et semblait mieux aller. L'échevin a supposé qu'ils étaient les renforts envoyés par le comte, mais il avait promis une escouade de soldats, et non deux mages mystérieux.

Je n'avais jamais vu de mage de ma vie. Ce sont des personnes très étranges, et les regarder suffit à comprendre qu'ils sont différents de nous. L'homme est très grand, avec des cheveux rasés, des tatouages, et des yeux très noirs. Son sourire est un peu effrayant. La femme est plus petite, a de longs cheveux noirs parfaitement raides, des yeux en amandes très fins et une peau de couleur miel. Il règne autour d'eux une atmosphère étrange, comme s'il était plus difficile de respirer. Je ne pense pas qu'on puisse leur faire confiance.

L'échevin Dwarf les a envoyés à la recherche des survivants à l'orée. La femme a accepté à la seule condition que le village leur offre gite et couvert une fois revenus, ce qui semblait indiquer qu'elle était sûre d'en revenir en vie. Tout le monde a accepté. Laisser manger et dormir des magiciens sur notre paille ou laisser nos pères et frères mourir, le choix est vite fait. Et les magiciens ont tenu leur promesse ! Ils sont revenus très tard, mais accompagné de la moitié des hommes partis à l'orée – et, parmi eux, Père ! Je suis si heureuse et rassurée... il a l'air cependant très secoué, et n'a cessé de répéter la même phrase au sujet du crépuscule, sans que nous ne parvenions à comprendre pourquoi. Nous l'avons couché, et sommes ensuite retournées sur la place du village, où la magicienne observait les blessures des survivants.

Octidi 8 Nivior, 17 EC

Il n'y a pas d'espoir pour les autres disparus, ont déclaré les magiciens. Ils ont ramené autant de corps qu'ils ont pu, mais certains ont disparu au cœur de la forêt ou ont déjà été dévorés. Le père de Janet, Miles, fait partie des morts. Elle est abattue. Miles était un homme bon et fidèle, il adorait sa fille et il m'aimait beaucoup également. Je n'arrive pas encore à réellement croire qu'il soit mort. Tout est si soudain. Il y a peu nous nous souciions seulement de savoir comment serait la lune le soir du solstice, et maintenant nous devons compter nos morts...

Les deux magiciens n'étaient pas envoyés par le comte. Ce sont de simples mages itinérants qui font payer leurs services, l'échevin leur a donc promis que le comte les récompenserait grassement. Ils résident dans sa maison en attendant, mais la femme sort souvent pour aller observer les blessés. Beaucoup sont très mal en point, et il parait que sa magie ne suffira pas à en sauver certains.

Père ne va pas bien. Il n'est que légèrement blessé, mais il délire à longueur de journée. Il reste assis, immobile sur sa chaise, à murmurer des paroles qui n'ont pas le moindre sens, en fixant un point dans le vide. Je suis très inquiète, mais Mère est tellement rassurée qu'il soit en vie qu'elle ne semble pas en prendre compte. Jacob, lui, va bien, mais Edward est particulièrement mal en point. La magicienne l'a emmené à l'écart, elle dit qu'il est malade et qu'il ne faut surtout pas que son infection soit transmise. Ce serait la dernière chose dont nous avons besoin maintenant.

La nuit dernière, deux porcs ont disparu de la grange des Brian, alors que tout le monde était sur la place. Pourtant, leur ferme est à l'opposé de Brocéliande. La chose qui a emporté les bêtes à disparu dans les marais. Nous sommes encerclés, et la présence des deux magiciens ne suffira pas à tous nous sauver. Que les dieux nous viennent en aide.

Decadi 10 Nivior, 17 EC

Je les ai vus ! Les cadavres qui marchent ! Alors que je faisais un tour de notre champ pour vérifier qu'aucun colonie d'arachnées ne s'y était installée, puisque c'est la saison, j'ai vu quelque chose bouger dans un buisson d'aubépine. J'ai supposé que c'était un loup, voir peut être un glob. Mais lorsque j'ai jeté une pierre dans le massif, deux créatures immondes se sont enfuies vers le sud, dans la tourbe. C'était une vision de cauchemar ! Elles ressemblaient à des cadavres en décomposition, le dos recourbés, avec de grands yeux blancs et vides. J'ai crié plus fort que je n'avais jamais crié, mais, le temps que tout le monde vienne, ils avaient disparu dans la brume.

C'est probablement un monstre de la forêt ! Il en est sorti, et maintenant il va venir nous dévorer dans nos maisons durant la nuit ! Tout le monde se barricade ce soir, et les rondes ont été annulées pour que tout le monde soit à l'abri à l'intérieur. La peur règne, et on les renforts du comte tardent à arriver.

Duidi 12 Nivior, 17 EC

Deux soldats du comte sont arrivés ce matin au village. Le détachement qui devait nous être envoyé a été redirigé vers Hempton, le premier village au sud, à une journée de marche. Le village aurait subi une attaque de créatures inconnues. Mais notre village est privé de la plupart de ses hommes, et nous n'avons que quatre soldats, l'échevin ainsi que les deux magiciens pour nous protéger contre ces bêtes. Hempton est peut-être un plus gros village, mais nous sommes démunis. Le comte ne peut-il pas le réaliser ?

La fièvre d'Edward s'est répandue à d'autres, dont Belle et son père. Ils sont froids comme s'ils étaient déjà morts, et peuvent à peine se déplacer. La magicienne tente de circoncire l'épidémie en réunissant tous les malades dans la même grange. Elle pense que c'est une maladie inconnue ramenée de Brocéliande, et qu'il est impératif de la soigner au plus vite.

Dana a vu un autre cadavre marchant, au nord, cette fois-ci. Une poule a disparu, et plusieurs tombes du cimetière ont été retournées. Le révérend Lewrie refuse de continuer à se barricader. Il a promis d'embrocher les morts-vivants au bout de sa vieille épée de mercenaire. J'ai peur pour sa sécurité, mais il ne veut rien entendre.

Journal du CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant