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Eden

Les flocons de la neige fraîche craquelle sous mes pas lourds. Je traîne les pieds, profitant de la fraîcheur du crépuscule. J'aime les couchers de soleil, les couleurs oranges qui habillent le ciel et l'air paisible du soir quand tout le monde est au chaud chez sois. Je déambule dans le rue, sans but, sans destination précise. Je fais passer le temps, noyé dans mes pensées, ne voulant pas mettre fin au calme actuel de mon esprit. Je n'avais pas eu de pensées obscures depuis maintenant deux heures et rien que de penser à l'idée qu'elles risquent de revenir une fois que j'aurais franchit le seuil de la porte de la maison familial m'angoisse. Ma respiration s'accélère, je me stoppe dans ma marche, admire le ciel qui s'assombrit petit à petit et inspire a grande bouffés.

Les crises d'angoisses, pour un grand stresser de la vie comme moi, c'est une épreuve que de ne pas avoir une crise à chaque seconde. Je commence, malheureusement, à m'habituer à cette sensation d'étouffement. Je m'habitue à cette douleur dans ma poitrine, à ma respiration coupé et à chacun de mes muscles qui tremblent.

Le vent souffle de plus en plus fort et le froid glacial fait claqués mes dents. J'aperçois au loin, le palier de ma maison. Mes pas se font plus lents, malgré mon envie de me blottir sous ma couette, je traîne des pieds. Je profite encore quelques secondes du silence si plaisant avant de franchir le pas de la porte, les cris résonnant déjà avant même que je sois totalement rentré.

- Tu as tu l'heure putain ? J'ai la dalle et ta mère voulait pas me faire à bouffer avant que tu soot rentrer. Me hurle mon abruti de géniteur. Il tente de se lever, une fois, mais titube avant de retomber dans le sofa marron du salon. Il tente de se lever quatre fois au moins, mais il retombe toujours. Au bout de la cinquième, il finit par tenir debout, mais se balance de gauche à droite. Des miettes de pain datant de trois jours ont fait un nid dans sa barbe grise, ses cheveux sont gras et il empeste la sueur. Quel tableau charmant ! Comme a son habitude, il est saoul, à vingt heure du soir, une bouteille de whisky à la main.

Cette fameuse bouteille qui ne le quitte jamais et qu'il aime plus que ma propre mère.

En parlant du loup, celle-ci déboule dans le salon, un tablier gris autour de son corps. Ses cheveux sont gras à force de travail acharné tandis que mon abruti de père passe le plus clair de son temps, devant le canapé avec sa vieille amie.

- Laisse-le tranquille. Ma mère est d'ordinaire douce comme un agneau, mais lorsqu'elle fait les gros yeux a son mari il ronchonne et va se rasseoir dans le canapé, sirotant sa bouteille comme un bébé siroterait un biberon.

Elle se tourne vers moi, un léger sourire aux lèvres, je vois dans son regard un mélange de fatigue et de déception. Sa bouche s'ouvre, puis se referme. Je vois dans ses yeux qu'elles aimerait me dire une tonne de choses mais elle se retient toujours. Je reste pendu a ses lèvres, attendant patiemment qu'elle nous tire enfin de cette vie de merde mais comme toujours, elle ne dit rien et encaisse. Elle dépose un baiser sur ma joue, ses lèvres sont brûlantes sur ma peau si froide, puis repart à la cuisine. Un lourd silence s'installe et je sens la pression me dévorer de l'intérieur.

Je vais, comme toujours, me réfugier dans ma chambre.

La porte de ma chambre s'ouvre en trombe, je somnole. Je ne sais pas quel heure il est. Un objet lourd entre en contact avec mes jambes, le poids de ma couette amorti la douleur mais je me redresse en position assise sans le vouloir. Mes oreilles sifflent, ma respiration commence à s'accélérer. J'entends des cris, des insultes, des objets balancer au sol. Je suis perdu, je me dégage les jambes en poussant l'objet toujours inconnu et m'extirpe de mon petit lit. Le contact de mes pieds chauds contre le carrelage froid me fait frissonner. Je titube jusqu'à la porte de ma chambre, jusqu'à la seule source de lumière que mes yeux encore endormis peuvent distinguer. Ma porte à été frappé à plusieurs reprises, des trous béants, mais qui n'ont pas traverser, dans le bois en sont la preuve. Les voix s'intensifient, encore et encore, je sens que mon cœur se serre et que ma respiration devient bancale. Je tente de prendre conscience de la situation mais mon cerveau est toujours endormis. Je me frotte les yeux et me frappe le front avec la paume de ma main pour tenter de démarrer mon foutu cerveau. Au fur et à mesure que mon cortex cérébral semble enfin se réveiller, je distingues enfin les voix. Ma mère et mon gros lard de père. Il hurle sur elle, bafouille des bouts de mots qui sont incompréhensibles. Il est encore plus saoul que tout à l'heure. Puis, j'entends la voix de ma mère qui tente de le raisonner, comme à chaque fois. Mais cette fois-ci, ce n'est pas une voix douce et calme que j'entends mais une voix au timbre brisée et colérique. Rare sont les moments où j'ai vu ma mère en colère. En vingt trois ans d'existence, je dois compter ses moments sur une seule main. Je n'arrive pas à entendre les paroles que prononce ma mère. Je veux aller l'aider, elle ne dois pas vivre cela seule, pas comme la dernière fois.

For all the lost soulWhere stories live. Discover now