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Mr Petherson, mon père d'accueil, est un professeur de philosophie. Il voit la vie a travers les yeux de grands philosophes. Après deux heures de trajet, le taxi me dépose devant une petite maison recouverte de lierres. Le jardin devant la maison est bien entretenu, la pelouse est d'un vert quasi synthétique. J'aperçois dans ce jardin digne d'une photo publicitaire, une petite marre aux poissons, avec une simple carpe qui tourne en rond dans son bassin. La devanture de la maison est poussiéreuse. La porte d'entrée est délavé, le bois semble avoir vécu là première guerre mondiale. Je sens une odeur de fumée se dégager de la cheminée, je n'ai jamais connu de foyer à passer des soirées au coin du feu. Nous avions un seul radiateur pour toute la maison, qui ne fonctionnait même pas étant donné que mon père ne payait jamais les factures d'électricité et dépensait toute les économies en boisson.Je m'apprête à frapper la porte mais Mr Petherson me devance, il ouvre la porte et je découvre un grand homme au cheveux noir et au sourire timide. Sa barde est taillé et il sens l'eau de Cologne à cent mètres. 

- Tu dois être Éden.

Il lève la main pour me tapoter l'épaule mais je recule brusquement. Il baisse la main et je sens dans son regard de la peine pour moi. 

- Désolé, monsieur. Dis-je.

Il sourit et m'invite à entrer. 

- Je t'en prie, appel moi Will.

Sa maison sens divinement bon, un mélange de feu de bois et de bougie à la lavande. Il règne une atmosphère paisible, cosy. Je ne vois aucune tâche sur les murs, aucune bouteille sur le sol, aucun cris à m'en briser les tympans.

Le silence, ce silence que je désirais tant quand j'étais jeune. J'avais beau  rester dans heures dehors, a chercher ce silence mais lorsque je l'avais enfin trouvé. Quand j'avais enfin trouvé cette paix intérieur, ce calme, je rentrais chez moi et tout cela disparaissait d'un claquement de doigts. A la première engueulade, je sentais mon cœur se serrer au point de m'empêcher de respirer car je savais, je savais que ces cris mènerait comme toujours aux larmes, aux coups et aux bleues sur le corps. Des tonnes de souvenir passe devant mes yeux, je revis ces moments de ma vie, ses moments où j'avais constamment peur de mourir, mourir de la main de l'homme qui m'a élevé. 

- Ta chambre est au premier étage.

Mr Petherson, enfin Will affiche un sourire timide puis disparaît dans le salon sûrement aussi mal à l'aise que moi de la situation. 

J'attrape ma petite valise verte et gravit les marches deux par deux jusqu'à l'étage. Je découvre une lumineuse mezzanine, un grand lit au fond de la pièce. Des posters de paysages et des plantes un peu partout. Derrière le lit se trouve une grande fenêtre donnant sur un lac. Les rayons du soleil le tinte de couleur orange et jaune. Je dépose ma valise sur le lit et inspecte ma nouvelle chambre. Je n'avais jamais eu un endroit aussi grand rien que pour moi, cette chambre doit faire la taille de notre petite maison à ma mère et moi. 

Le lit semble moelleux, la salle de bain est propre et une bonne odeur de lavande s'en dégage. 

Je crois que Mr Petherson à une passion pour la lavande.

Sur le bureau se trouve des livres de cours. Il y a aussi un ordinateur tout neuf avec mon nom sur l'écran d'accueil, je prends place sur la chaise et ouvre la session à mon nom. Sur l'écran s'affiche un emploi du temps. 

- Je ne savais pas quel option tu aimerais prendre donc je t'ai laissé le choix.

Will apparaît en haut des marches, je lui sourit et il semble automatiquement plus détendu. 

- Les cours reprennent demain, je t'ai mis dans ma classe pour les premières heures que tu ne soit pas trop perdu. 

- C'est gentil, merci.

Personne n'avait jamais fait attention à moi de cette façon, il a l'air de véritablement faire des efforts pour que je m'intègre le mieux possible. Je trouve cela, touchant ? Je ne saurais dire les émotions qui me traverse à ce moment là. Un blanc s'installe, nous sommes tout deux gênés, il soupire et prends place sur le lit. 

- Je sais que les choses ne doivent pas être simple pour toi, je ne peut pas comprendre les émotions que tu doit éprouver mais je vais faire de mon mieux pour que tu te sente comme chez toi. Je ne dit pas que tu doive me considérer comme ton père mais plutôt comme un mentor, enfin comme une personne sur qui tu peux compter.

Je ne réponds rien, les marques d'affection ne sont vraiment pas mon fort. Je vois qu'il fait de son mieux. 

- Bon et bien je vais te laisser te reposer. On se verra demain matin.

J'acquiesce et il repart. 

Le silence s'installe, un silence si plaisant. Le silence que je rêvais de connaître depuis longtemps. Fallait-t-il que tout cela arrive pour que je me sente enfin en paix ?. Je suis un mélange de colère, de plénitude et de chagrin. Les émotions se bousculent dans ma tête. 

Demain sera un autre jour. 

Demain tout ira mieux.

For all the lost soulWhere stories live. Discover now