Il est 6 heures du matin, cela doit bien faire une heure que je suis allongée dans mon lit à fixer le plafond. Seule dans une chambre quasi vide, où ne restent qu'un matelas, deux cartons remplis de livres – qui me servent de table de chevet – et une lampe posée dessus.
Le réveil de mon téléphone doit sonner dans une trentaine de minutes, le signal pour que je me prépare.
Quand il sonne, je me lève avec difficulté, le cœur lourd, les yeux embués de larmes. Malgré les rumeurs abominables qui couraient à mon sujet, je ne voulais pas partir. Tous mes souvenirs étaient ici : ces beaux moments passés avec mon papa, assis dans le salon à regarder l'équipe de New York triompher pour la vingt-troisième fois. Tout était là, sauf ma mère, happée par son travail.
Après m'être préparée, je range mes dernières affaires dans ma valise avant de la fermer. Il me reste dix minutes avant que Stephen, un ami de mon père, ne vienne me chercher pour m'emmener à l'aéroport. J'entends un klaxon retentir en bas. Par réflexe, je jette un œil par la fenêtre, même si je sais que c'est pour moi. Je fais deux allers-retours pour transporter mes affaires dans l'entrée.
Lorsque je sors, Stephen, l'ami d'enfance de mon père, m'attend, adossé à sa Ford Focus grise, un large sourire aux lèvres. Il s'avance vers moi d'un pas assuré et m'enlace chaleureusement.
— Salut, jolie princesse, prête pour le grand voyage ?
J'aime bien Stephen. Il a toujours été là pour mon père et moi. Mais aujourd'hui, je n'ai pas la force de lui répondre comme je le devrais. Mon visage, de toute façon, trahit mon manque d'enthousiasme.
— Salut Stephen, merci de m'amener à l'aéroport.
— Oh, mais ce n'est rien, me dit-il tout sourire en relâchant son étreinte. Allez, donne-moi ça, c'est bien trop lourd pour une petite crevette comme toi.
Stephen prend deux cartons bien remplis et les dépose dans le coffre de la voiture. Je le suis, lui tendant ma valise qu'il pose sur les cartons. Il se tourne vers moi et reprend la parole :
— Il reste encore des choses dans la maison ?
— Euh... oui, il reste mon matelas, une table et deux chaises. Sinon, je n'ai plus rien.
— Ok, je m'occuperai de ça après t'avoir déposée à l'aéroport.
Il me tend la main pour récupérer mes clés. Je les lui donne et m'installe sur le siège passager. Par la vitre, je l'observe fermer la porte de ce qui fut ma maison. Puis, il se dirige vers la voiture. Je jette un dernier regard à la maison de mon enfance.
Maintenant, direction l'aéroport.
***
Après avoir fait cinq heures d'avion, tout ce dont je rêve maintenant, c'est d'un bon lit. Mais apparemment, ce n'est pas ce qui m'attend. Avant que l'avion ne décolle, ma mère m'avait envoyé un message, m'informant qu'elle m'attendrait à l'aéroport. Visiblement, ce n'est pas le cas.
Une heure passe, toujours aucune trace de ma mère. Je décide alors de lui envoyer un message pour savoir s'il y a un problème et à quelle heure elle compte arriver. Quelques minutes plus tard, elle m'informe qu'elle a eu un empêchement de dernière minute et que son ami, un collègue, devrait arriver bientôt pour me ramener à la maison.
Un moment plus tard, une main se pose sur mon épaule, me faisant me retourner. Il est grand, je dirais 1m90, fin mais musclé, avec la peau mate et une barbe de trois jours. D'une voix grave, il me dit :
VOUS LISEZ
S'il te plaît, aide-moi
Storie d'amoreJe pensais que ce déménagement serait l'opportunité pour moi de tourner la page sur tout ce qu'ils m'ont fait subir. Mais apparemment, non. Je m'appelle Emma, j'ai 17 ans, et je viens d'emménager chez ma mère, à Los Angeles, suite au décès de mon pè...