Le Bleu Des Yeux

Chapitre 8 - Bernadette

Sous la chaleur de la couverture, elle pouvait presque oublier la froideur de l'extérieur qu'elle avait subi pendant si longtemps. Elle se retourna vers son ami qui, lui non plus, ne dormait pas. Leur réunion les empêchait de trouver le sommeil. Elle réfléchit un moment, et commença à parler :

"Tu sais ... quand tu n'es plus revenu nous rendre visite, j'ai cru que tu allais revenir l'été d'après, mais tu n'es pas venu, ni l'été d'après d'ailleurs. J'attendais de tes nouvelles, mais elles ne sont jamais venues, elles non plus... Je pensais qu'il t'était arrivé quelque chose, que ton père t'avais forcé à suivre les études de droit qu'il voulait; ou que la ville t'avais changé, que tu ne voulais plus revenir à la ferme.

elle fit une petite pause pour chercher ses mots : alors on essayait de passer le temps comme on pouvait, au début elle s'occupait des cultures et moi de quelques affaires, mais au fil des mois je devais prendre le relais sur beaucoup de choses. Et dès l'arrivée d'Octobre, elle était clouée au lit. J'avais appelé le physicien, mais il n'est jamais venu. Il n'y avait pas que lui qui ne venait plus, il nous manquait des employés, des clients, et au bout d'un mois, il n'y avait plus personne."

Des larmes lui étaient montées aux yeux, elle les essuya de l'arrière de sa manche et reprit son souffle. Georges s'était assis, ses genoux supportant son menton.

"C'était la fièvre bleue." sortit-elle avant que les larmes reprennent le dessus.

Elle essaya de formuler une nouvelle phrase mais tous ce qui sortirent furent des sanglots et des voyelles qui n'exprimèrent pas toute la douleur qui la traversait. Georges, voulant calmer son amie la prit dans ses bras, les deux s'y réfugièrent comme un rappel du passé. Une larme glissa sur sa joue et tomba sur l'épaule de son amie. Il n'y eut pas longtemps avant que les deux tombèrent dans les bras de Morphée.