8. "Le prince charmant"

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Bakugo réduit l'espace entre lui et moi.

À présent, à peine quelques centimètres me séparent de lui. Cette proximité m'empêche de déglutir correctement, mais c'est probablement ce qu'il cherche à faire : m'intimider en me surplombant de toute sa hauteur.

Avec ma taille, il me dépasse facilement d'une tête. Mais je n'ose même pas le regarder. Il lui suffit juste d'être près de moi pour que mes jambes se chargent en plomb et que mon ventre se contacte dans tous les sens.

Mes joues prennent feu, comme à chaque fois qu'il s'adresse à moi. Et toutes ces réactions en chaîne me gênent, parce qu'elles me rappellent à quel point je ne contrôle pas mon corps en sa présence.

Avec toute la volonté du monde cependant, je recule de quelques pas pour retrouver ma zone de confort, mais une fois encore, il la réduit d'un simple mouvement en avant.

Je... je ne te suis pas, finis-je par répondre en baissant la tête, trop mal à l'aise pour le regarder droit dans les yeux. Mais je travaille dans les parages.

Ah bon ? s'étonne-t-il, toujours de mauvaise humeur.

Sa réponse me sidère malgré moi. En fin de compte, il ne se souvient pas du tout de moi.

Comment ai-je pu croire le contraire, aussi...

Pourtant... on s'est déjà croisés, tu sais, osé-je lui avouer en lâchant un petit rire nerveux.

Oh non, t'as pas osé...

Je regrette instantanément les mots sortis de ma bouche. Il n'avait pas besoin de se rappeler la honte monumentale que je me suis prise devant les clients ce jour-là.

Ça me dit rien, se contente-t-il de répondre avant de tourner les talons.

Je relève la tête, puis serre mon sac en le regardant partir pour m'aider à reprendre contenance. Je lui laisse quelques secondes pour me devancer avant de prendre le même chemin que lui, en tâchant de ne pas l'approcher de trop près.

Il ne fait déjà plus attention à moi.

Après quelques minutes, il passe devant le magasin où je travaille, mais s'éloigne jusqu'à l'angle de la rue. Je m'efforce de ne pas regarder dans sa direction et pénètre dans l'épicerie.

Ah, c'est pas trop tôt ! s'exclame Kido-san en posant les mains sur les hanches. T'as vu l'heure ? Je te demande pas grand-chose, moi, juste d'être ponctuelle, me rabâche-t-il.

Je jette un coup d'œil à l'horloge. Il est 16h34.

Excuse-moi Kido-san, ça ne se reproduira plus, lâché-je poliment en me courbant devant lui.

Je me sens lassée et épuisée. Cet échange, aussi ridicule soit-il, avec Bakugo m'a vidé de toute mon énergie, notamment à cause des émotions fortes que j'ai ressenties.

Je me rends compte que je ne marque pas les esprits. En même temps, comment pourrais-je, je bégaye à la moindre question et me liquéfie sur place lorsqu'on s'approche trop près de moi.

J'entame alors mon service en faisant abstraction de ma déception. Mais j'ai seulement hâte de me morfondre dans mon lit.

* * *

𝐑𝐄𝐃𝐁𝐋𝐀𝐙𝐄  ᵇᵃᵏᵘᵍᵒ ˣ ᵒᶜOù les histoires vivent. Découvrez maintenant