Une fille dans un bar - [EN PAUSE]

Chapitre 3 - Juste une semaine

Emma s'était montrée honnête, parfaitement transparente. Elle attendait à présent une réponse, une réaction de la part de cette femme qui la surplombait du haut des escaliers, mais rien ne vint.

Après être restée immobile un instant, et sans même se retourner, Regina continua à gravir les marches, comme si de rien n'était, comme si elle n'avait rien entendu, comme si elle n'avait rien ressenti, comme si les mots d'Emma n'avaient rien provoqué en elle.

Alors la blonde soupira, plus que déçue et pourtant infiniment soulagée de voir la brune repousser ses timides avances. Elle ne devait pas espérer prolonger la nuit dernière, c'était trop dangereux, elle avait trop à perdre. Cependant, malgré la raison et ses barrières, l'envie était bien là, aussi dévorante que la veille, lorsque ses prunelles avaient eu le malheureux bonheur de se poser sur cette fille, dans ce bar. Ce maudit bar, qui en plus de l'avoir fait trop boire, avait surtout abrité un désir débordant mais défendu.

— Qu'est-ce que tu as fait au Rabbit Hole, toute seule, pendant toute la soirée ?, demanda Rolland, assis au bord du lit.

La manière dont il l'accueillit dans la chambre la fit frémir.

— À part boire comme un trou et danser comme une idiote, pas grand-chose, raconta-t-elle d'une voix qu'elle voulait pleine d'assurance.

— Je n'aime pas quand tu te mets dans un état pareil, rappela-t-il d'un ton las, Quand tu bois trop, tu fais vite allumeuse.

Elle leva les yeux au ciel, elle n'était que trop habituée à ce genre de remarques.

— Et moi je n'aime pas quand tu me parles comme ça, répliqua-t-elle.

— Je n'aurais pas à te parler comme ça si tu te comportais mieux, articula-t-il calmement, Je suis quelqu'un de juste Emma. Je te traite de la manière dont tu mérites d'être traitée. Mais ça tu le sais déjà, n'est-ce pas ?

Il la regardait dans les yeux et elle n'eut pas la force de le contredire. Elle ne pensait pas posséder le pouvoir nécessaire pour s'opposer à lui, alors elle abdiqua, comme à chaque fois.

— Bien sûr que je le sais.

Elle s'avança pour le rejoindre, mais il lui tourna le dos et s'allongea sur l'autre côté du lit. Prudemment et silencieusement, elle se coucha à son tour, sans trop s'approcher, de peur qu'il se mette en colère comme il le faisait souvent.

— Vous êtes sublime.

Elle avait dit ces mots tout haut. Ils lui avaient échappé à la seconde où Regina les avait rejoints au salon. Parée d'une somptueuse robe de soirée en satin noir, la brune était absolument divine, pour le plus grand bonheur des beaux yeux de la blonde.

— Bien sûr qu'elle est sublime, c'est ma femme, appuya Robin, un grand sourire aux lèvres, en enlaçant la taille de sa bien-aimée dont les joues s'étaient empourprées au compliment d'Emma.

— Elle est peut-être sublime, mais elle nous a mis en retard, râla Rolland.

Le regard braqué sur sa montre, le jeune homme se leva, visiblement pressé et contrarié.
Mais pas aussi contrariée que Regina qui le poignarda du regard.

— Oh ne commence pas à faire ton rabat-joie, s'il te plaît, le prévint son père.

— Excuse-moi de prendre ce rendez-vous au sérieux, se justifia-t-il.