Chapitre 2 - Je voulais juste ressentir quelque chose

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La blonde devint livide et la brune stoppa net sa descente des marches. Elles avaient peut-être bu la veille, mais pas assez pour oublier le beau visage qui avait égayé leur nuit.

Regina pouvait encore sentir le poids des yeux verts sur sa peau, la pression des doigts sur son épiderme, le souffle chaud venu s'échouer contre ses lèvres. Les évènements de la nuit dernière défilaient dans sa tête dans de lubriques images qui lui firent monter le rouge aux joues. Comme un brusque déferlement de passion dans cette vie vide de sens, la soirée de la veille avait ébranlé bien des certitudes, bousillé le lassant quotidien au profit d'une saisissante tempête de sensations, aussi bouleversantes soient-elles.

Les yeux fauves avaient perdu en confiance depuis la veille, ce qui n'enleva rien à l'emprise qu'ils exerçaient sur les orbes verts, aussi apeurés qu'ils étaient séduits en cet instant.

Emma sentit le même ravissement au creux du ventre, la même appréhension, la même déflagration qu'en croisant le regard chocolat pour la première fois. En la quittant quelques heures auparavant, elle avait fait le deuil de retrouver un jour cette mystérieuse inconnue qui l'avait possédée au premier coup d'œil. Alors en la voyant à nouveau, en haut de ces escaliers, elle jura que le destin s'acharnait à la placer sur son chemin, coûte que coûte, pour qu'elle ne puisse l'oublier. Comme pour faire perdurer une parenthèse enchantée dans cette vie d'infortune, le souvenir de la nuit dernière ne pourrait la quitter, la femme hanterait sa mémoire à jamais.

Après un temps d'arrêt qui leur parut durer une éternité, Regina détourna finalement le regard et reprit sa marche comme si de rien n'était. Emma, quant à elle, eut beaucoup de mal à dévisser ses yeux de la femme qu'elle trouvait encore plus belle, plus ensorcelante que dans ses souvenirs. Ce fut seulement lorsque la brune atteignit le rez-de-chaussée que la blonde se résigna finalement à baisser les yeux.

— Bonjour Rolland, salua poliment la maîtresse de maison.

— Bonjour Regina, répondit sobrement le jeune homme.

Ils se firent la bise puis la brune fut bien contrainte de reporter son attention sur la blonde.
Aussi gênées l'une que l'autre, elles furent incapables de se regarder dans les yeux et, face au malaise palpable qu'elles instauraient, Robin se sentit obligé d'intervenir.

— Emma, je vous présente ma femme, Regina, encouragea-t-il.

— Enchantée, Madame Hood, s'avança la blonde.

— Madame Mills, corrigea la brune en se reculant d'un pas.

— Excusez-moi, je croyais que vous étiez mariés, se justifia-t-elle.

— Oh mais nous le sommes ! Ça fait 10 ans maintenant, renseigna Robin dans un grand sourire destiné à son épouse, Seulement Regina a toujours tenu à garder son nom. Et je ne m'en plains pas, loin de là ! Ça sonne bien, Madame Mills, vous ne trouvez pas ?

— Euh, oui, je suppose, balbutia la blonde, peu intéressée par les dires de l'homme, mais démesurément déstabilisée par les yeux noirs qui la fixaient.

— Vous allez vous installer en haut ? Tu fais visiter les lieux à Emma ?, demanda Robin en s'adressant à son fils.

— Non, non, je m'en occupe, intervint aussitôt Regina, Je vais aider Emma à s'installer. Je suis sûre qu'après trois ans sans vous voir, vous avez une tonne de choses à vous raconter !

Et c'est ainsi que les deux amantes de la veille purent tranquillement s'éclipser à l'étage.
Arrivée en haut, la brune se précipita jusqu'à la chambre de Rolland dont elle claqua violemment la porte une fois la blonde entrée.

Une fille dans un bar - [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant