Une fille dans un bar - [EN PAUSE]

Chapitre 6 - J'en veux encore.

— Tu m'as quoi ?, se décomposa-t-il.

— Je t'ai trompé, réitéra-t-elle, toujours aussi ferme, toujours aussi coupable.

— Avec qui ?!, interrogea-t-il, n'en croyant pas ses oreilles.

Elle eut un bref moment d'arrêt en songeant au fait qu'elle ne pouvait décemment répondre : « Avec la magnifique blonde qui dort dans la chambre voisine. »

— Tu ne le connais pas, inventa-t-elle à la place.

— Je ne le connais pas ?, s'esclaffa douloureusement Robin, Je peux au moins connaître son nom, tu ne penses pas ?

— Je n'y vois aucun intérêt, défendit-elle.

— Ah oui ? Tu n'y vois vraiment aucun intérêt ?, ironisa-t-il, plein de rancœur.

— Je n'ai pas envie de te faire plus de mal...

— C'est un peu tard pour ça, Regina.

Il avait dans les yeux cette douleur brute et honnête qui vous serrez l'estomac rien qu'à la regarder.

— Robin, je suis vraiment désolée, s'excusa-t-elle sincèrement, Te blesser était la dernière chose que je voulais, s'avança-t-elle en voulant déposer sur sa joue une caresse consolatrice.

— Depuis combien de temps ça dure ?, demanda-t-il en se reculant pour esquiver son toucher, Depuis combien de temps est-ce que tu te tapes quelqu'un d'autre ?

Il était en colère, en colère et malheureux, profondément malheureux.

— C'est récent, mais ça n'était que pour un soir, précisa-t-elle, comme si cela atténuait sa faute.

— Un coup d'un soir ?, grimaça-t-il, Tu as foutu en l'air dix ans de relation pour un coup d'un soir ?!

— Je n'ai rien foutu en l'air, rétorqua-t-elle calmement, Tout est déjà terminé depuis longtemps...

Il abattit violemment son poing sur le bureau, comme pour ponctuer cette dernière phrase qui lui causait trop de peine.

— Tais-toi, ordonna-t-il.

— Mais...

— Je t'ai dit de la fermer, grogna-t-il.

Elle leva les yeux au ciel, peu impressionnée par son agressivité, n'éprouvant à son égard nulle autre crainte que celle de l'avoir trop blessé.

— De toute façon, il est impossible de discuter avec toi, reprocha-t-elle, mal à l'aise dans sa culpabilité.

— Comment il s'appelle ?, questionna-t-il en ignorant sa remarque, Où est-ce que tu l'as rencontré ?

— Ça ne t'avancera à rien de le savoir.

— Ne me dis pas que c'est Graham !

— Graham ?, ne put-elle s'empêcher de rire en songeant à son jeune assistant, N'importe quoi !

— Alors qui c'est ?! Dis-moi !, cria-t-il, à la fois dévasté et fou de rage.

— Je ne te dirai rien, déclara Regina.

— Et pourquoi ça ?, s'agaça-t-il.

— Parce que je n'en ai pas envie.

Elle l'irritait au plus au point.

— Est-ce qu'il compte pour toi ?, finit-il par lâcher après avoir marmonné quelques grossières injures.

À en juger par la pâleur que prit son teint, il venait de lui poser une colle.